NATURE DES TENDANCES AFFECTIVES
Publié le 17/03/2011
Extrait du document
A) Conception mécaniste de Ribot Derrière le mot de mécanisme, on trouve le simple mouvement : Ribot essaie de ramener la notion de force à celle de mouvement. La force est une réalité invisible ; le mouvement est provoqué par la force. Ribot supprime la notion de force parce qu'invisible. Il essaie de justifier sa méthode : Ribot nous dit que les notions d'agréable et de désagréable ne sont que superficielles : la cause de l'impression d'agréable ou de désagréable, ce sont les tendances — besoins et désirs — exemple : a) un carnassier vient de saisir sa proie; pour ce faire, il a déployé une grande activité mécanique; b) le carnassier est prêt à bondir sur sa proie; c) il rôde pour trouver sa proie; d) il rêve vaguement à une proie dans sa caverne.
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tendance à boire est orientée vers un certain type de liquide qui n'est pas de la tisane; la gourmandise est orientéevers un certain type d'aliments et non vers des mets grossiers; elle recherche la qualité de la cuisine.
c - Notion d'effort.
La tendance rencontre parfois des obstacles; l'objet qu'elle cherche à se procurer n'est pastoujours immédiatement accessible; il va falloir fournir un effort pour l'atteindre.
Tous les caractères que nousvenons de citer nous font concevoir la tendance comme analogue à une force en physique.
Les forces ne nous sontconnues que par leurs effets : les mouvements.
Au contraire, lorsqu'il s'agit de forces psychiques, nous en avonsl'expérience vécue, nous les vivons du dedans; nous savons intimement ce que c'est que d'avoir une tendance.
Donc ce n'est pas la force physique qui explique la tendance; c'est parce que nous avons des tendances que nousavons imaginé des forces qui préparent les mouvements physiques, parce que nous connaissons les forces de latendance qui préparent nos mouvements.
La tendance n'est donc réductible ni au mouvement ni à la forcephysique, dont l'idée ne nous serait pas venue si nous n'avions eu l'expérience de la tendance (cf.
Leibniz).
C'est laforce physique qui est conçue par analogie avec la tendance, et non le contraire.
La force psychique ou tendanceest vécue : nous devons appuyer une description de la tendance sur l'expérience psychologique.
2° L'expérience psychologique de la tendance.
a - En règle générale, nous nous rendons compte que si nous éprouvons un certain plaisir, c'est que vient d'êtresatisfait un certain désir, et inversement, si nous éprouvons un désagrément où une déception, c'est qu'un certaindésir a échoué.
Les phénomènes affectifs dans ce cas ont été précédés d'un désir conscient.
Mais la tendance n'est pas exactement un désir : c'est un désir inconscient.
Objection : Au nom de quoi parlons-nous de désir inconscient? Comment peut-on légitimement parler d'inconscient?C'est invérifiable, et immédiatement suspect.
Réponse : Des plaisirs et des désagréments peuvent n'avoir été précédés d'aucun désir explicite : ils nousatteignent comme par surprise.
Exemple : je n'ai pas cherché un compliment; cependant, si on m'en fait un, je suiscontent; il y avait donc un désir latent qui était peut-être conscient il y a peu de temps et qui est à l'origine demon plaisir.
Les plaisirs non précédés d'un désir explicite ont à leur origine un désir inconscient, une tendance.
Latendance a un rythme d'actualité et de latence, d'éveil et de sommeil : le désir est tantôt conscient, tantôt latent.La tendance est continue, le désir est discontinu.
Exemple : nous n'avons pas faim vingt-quatre heures sur vingt-quatre; le désir de manger ne reparaît qu'épisodiquement, selon un certain rythme; le désir est donc tantôt actif,explicite, tantôt latent; ces moments de désir explicite sont les points d'émergence d'un désir inconscient, toujoursle même : une tendance.
La tendance continue, le désir conscient n'est qu'un moment fort qui rythme la tendance.
Cette description rendcompte des faits puisqu'elle nous montre la tendance comme un trame continue dont le désir conscient est unmoment d'intensité assez rare et rythmé.
b - Comment parler avec pertinence de la tendance? Seul le désir, effet, moment fort de la tendance est accessibleà la conscience, ainsi que les effets de la tendance (plaisir, etc...).
Pour isoler la tendance, il faut analyser l'actelui-même complexe qui résulte de l'interférence d'un grand nombre de tendances, de leur convergence et de leurconflit.
Il y a en effet, semble-t-il, une pluralité de tendances.
Exemple : la tendance alimentaire entre en interférence avec les tendances sociales; on mange selon lesconvenances.
Donc au niveau de l'homme, même la tendance « animale » la plus simple, la tendance alimentaire ne joue pas àl'état pur.
Même chez l'animal, une telle complication existe déjà : il y a des conflits de tendances et les expériencespsychologiques essaient d'en tirer parti pour mesurer la force des différentes tendances en les opposant l'une àl'autre.
Dans la méthode d'obstruction, l'animal, pour atteindre l'objet d'une tendance (alimentaire, sexuelle,maternelle) doit franchir une grille électrisée; on compte le nombre de passages de cette grille dans diversessituations : les différentes tendances (ou les degrés d'activation de chacune d'elles) trouvent ainsi une communemesure dans la fréquence avec laquelle elles arrivent à faire surmonter la crainte d'une même sensation pénible.
Chez l'homme : les tendances sont plus nombreuses et on usera pour interpréter ses actes de différentes méthodes: un acte d'aumône par exemple met en jeu plusieurs tendances : la générosité — l'ostentation — la honte dedifférence sociale — le désir de ménager l'avenir dans l'au-delà, etc...
L'acte de faire face à un danger met en jeu lecourage, mais peut-être aussi la bêtise qui fait qu'on ne se rend pas compte du danger — l'ostentation —l'impulsivité, l'agressivité qui fait oublier la sécurité — enfin le désir d'en finir au plus tôt.
Il y a donc plusieurs interprétations possibles d'un même acte : quelle tendance a été dominante? Comme dans cecas nous ne pouvons expérimenter, nous allons comparer divers actes entre eux.
On ne peut faire d'épreuveinstantanée : l'analyse du caractère implique la durée; dans cette sorte d'exploration on ne peut aller vite; lapsychanalyse doit prendre du temps..
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