MOUNIER Emmanuel : sa vie et son oeuvre
Publié le 25/11/2018
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MOUNIER Emmanuel (1905-1950). Issu d’une famille modeste, Emmanuel Mounier fit des études de philosophie, qui le conduisirent à l’agrégation en 1928. Il fut dès sa jeunesse lié aux grandes figures du catholicisme moderne : Jacques Chevalier, dont il avait été l’élève à Grenoble, le père Pouget, Jean Guitton, et il fut un ardent lecteur de Charles Péguy, de Bergson, de Jacques Mari-tain... En 1932, il abandonna l’université et se consacra à la revue Esprit, dont il voulait faire de nouveaux Cahiers de la Quinzaine. Il devint le héraut d’un christianisme social opposé à l’Action française et, à partir de septembre 1938, à l’esprit de Munich. Cela le mena à la Résistance contre l’occupant. Emprisonné en 1942, il fut libéré à la suite d’une grève de la faim. Son influence s’accrut après la guerre, quand Esprit reparut, et sa mort prématurée ne devait nullement altérer le rayonnement de sa vie et de ses travaux.
Constatant l’échec de la démocratie libérale, du capitalisme, de la mentalité bourgeoise, Emmanuel Mounier propose à l’Église un rôle révolutionnaire. Il est ainsi conduit, dans un dialogue parfois délicat avec les existentialistes et les communistes,
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Né en 1905, Emmanuel Mounier est mort en 1950.
Il fonda en 1932 le mouvement « Esprit » puis le Personnalisme.
Il écrivit, entre autres: «Manifeste au service du personnalisme» (1936), «Révolution personnaliste et communautaire» (1936), « Liberté sous conditions » (1946), « Traité du caractère » (1946), « Le Personnalisme » (1949), « Feu lachrétienté » (1950), et en 1953 paraît, posthume, « L'Espoir des désespérés ».
Le personnalisme n'est pas un système, dit Mounier, c'est une attitude et une philosophie de l'existence ; c'est un humanisme, nouveau qui croit en une activité vécue et inépuisable d'autocréation, de communication et deréalisation en l'homme.
Ces possibilités ont pour centre de diffusion ce qu'on appellera « La Personne » (« rien de cequi l'exprime ne l'épuise, rien de ce qui la conditionne ne l'asservit »).
Le personnalisme porte en lui-même nonseulement la négation de l'individualisme (qui se complaît dans ce qu'il y a d'actuel en chaque homme), le refus dunihilisme (expression d'une ruine de la foi en l'homme), le refus de l'esprit de parti (générateur de haine), mais unappel aux hommes pour qu'ils « refassent la Renaissance » et qu'ils s'engagent dans la réalisation d'une humanité et d'un ordre social où s'épanouiront ces virtualités porteuses de valeurs.
Pour Mounier, la civilisation moderne est viciée par l'esprit d'abstraction des intellectuels depuis ses origines, « l'humanisme bourgeois est essentiellement fondé sur le divorce de l'esprit et de la matière, de la pensée et del'action », et d'autre part il est empreint d'une « mystique de l'individu » grande cause de la décadence.
Lecapitalisme, dans le même sens, a accentué l'isolement inhumain de chacun par le primat accordé à l'Argent, a diviséles hommes par l'esprit de revendication et le ressentiment, et a instauré un régime politico-économique injuste.
Letotalitarisme, aussi bien fasciste que
communiste, dit Mounier, fondé sur la centralisation excessive, l'autorité absolue de l'État, la suppression de la liberté, est, une autre forme de la négation de la Personne, remplaçant la mystique de la masse parla mystique del'individu.
Pour en sortir, il faut «deux prises de conscience simultanées » : le « réveil personnel » et le « réveilcommunautaire », qui sont deux « moments pédagogiques » qui jalonnent un mouvement de chacun et de tous, versun ordre nouveau.
Ces prises de conscience sont solidaires, la personne se réalisant en chacun de nous dans lamesure où nous nous constituons comme membre et militant d'une « communauté personnaliste ».
Il y a donc une dialectique concrète entre la constitution de la Personne humaine et celle des nouvelles formulessocio-politiques qui dépasseront l'opposition capitalisme-communisme dans la visée d'une vie communautairematériellement rentable et durable, et spirituellement enrichissante.
Ces nouvelles structures, Mounier les voit d'abord dans la suppression de la propriété privée, à laquelle on substituera la propriété communautaire, « lasocialisation sans étatisation », et, politiquement, la « démocratie, organique » qui organisera les intérêts vivants,personnels et collectifs, des hommes, eux-mêmes intégrés à une société pluraliste, c'est-à-dire que les communautés en question pourraient avoir des structures différentes (tout en étant animées de la même foipersonnaliste) selon les réalités géographiques, économiques, historiques et ethniques.
Cette visée « réaliste »,Mounier la propose aux hommes de bonne volonté ; il leur demande un engagement personnel qui comporte une science de l'action, une abnégation toujours en alerte, un souci de sincérité spirituelle et d'efficacité matérielle.
Derrière ces positions politiques, une conception philosophique plus générale se dessine dans les oeuvres deMounier, une philosophie existentialiste de.
l'action.
Pour lui, l'homme prend conscience de soi et se réalise à travers la communication avec autrui et à travers la réalité objective, mais cette réalité extérieure et la nôtre propre ne sesaisissent que par et dans « l'effort de métamorphose que nous exerçons sur elle ».
Cet effort de transformationcomporte un effet négateur (négation et refus de l'état de fait, affrontement et protestation), un effet positif(réalisation de la Personne et organisation du monde) et un effet métaphysique (réalisation de l'être).
Il n'y a ni «homme intérieur » ni « réalité extérieure pure », la seule réalité est réalisation qui naît à partir de l'effort et del'action (constitutive à la fois du moi et du monde) par lequel nous transcendons l'actuel (le moi et le donné) vers autrui dans l'Amour et la Générosité, vers la nature dans sa transformation par la Production d'ceuvre ou Travail,vers la société dans la réalisation de la communauté fraternelle.
Ainsi l'homme n'est authentiquement que dans l'action, mais cette action n'est valable et la vie n'est consistante que par l'Être qu'elle vise ; elles sont «mouvement vers un Transpersonnel qu'annonce à la fois l'expérience de la communion et celle de la valorisation »..
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