Montrer que le vrai sentiment auquel on reconnaît la présence de la loi morale, c'est le respect; c'est un phénomène tout à fait distinct de l'inclination et de l'admiration.

Introduction. — Quand nous lisons les Mémoires de Socrate par Xénophon et les dialogues de Platon, nous éprouvons des sentiments divers pour Socrate, le principal personnage; ces conversations, pleines à la fois de finesse et de bonhomie, nous inspirent une vive inclination pour l'aimable et charmant causeur; quand nous voyons ses amis lui proposer de fuir pour échapper à une mort injuste, et quand il refuse. c'est de l'admiration que nous cause ce refus héroïque; puis. quand il donne les raisons qui le font agir ainsi, quand il dit qu'il mourra pour rester fidèle à lui-même et obéir au devoir, c'est du respect qui nous est inspiré pour cette immolation à la loi morale. Tous ces sentiments sont-ils provoqués en même temps par la présence de cette loi morale chez Socrate, ou bien est-ce seulement l'un d'eux? Pour répondre à la question, il faut recourir à l'analyse psychologique, et on verra que c'est le respect qui est provoqué en nous par la loi morale.