Montesquieu et la démocratie
Publié le 14/03/2019
Extrait du document
« [...] Comme dans les démocraties le peuple paraît à peu près faire ce qu'il veut, on a mis la liberté dans ces sortes de gouvernements, et on a confondu le pouvoir du peuple avec la liberté du peuple.
[...] Mais la liberté politique ne consiste point à faire ce que l'on veut. Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir.
Il faut se mettre dans l'esprit ce que c'est que l'indépendance et ce que c'est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent; et si un citoyen pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même1 ce pouvoir. »
Montesquieu
Comment alors la liberté peut-elle encore subsister dans un ordre encadré par les lois? Il faut préciser que les lois prescrivent très rarement des conduites déterminées : elles marquent essentiellement la limite entre toutes les actions possibles (le domaine de la légalité) et les quelques actions interdites (l'illégalité). On peut répertorier les actes interdits mais, tout ce qui n'est pas interdit étant permis, les lois ouvrent ainsi un espace infini où l'imagination et l'invention de conduites nouvelles peuvent avoir toute leur place.
Bien entendu cette condition n'est pas toujours spontanément remplie, certaines lois prescrivent des limitations trop étroites et deviennent << !iber-ti cides » ; à l'inverse une loi trop laxiste est créatrice de désordre et nuit également à la liberté. L'équilibre juste est difficile à trouver, c'est pourquoi on soumet les projets de loi à des discussions et à des amendements.
La question de savoir si les lois de l'État sont importantes pour la garantie et le maintien de la liberté connaît depuis quelques années un regain d'actualité : les courants inspirés du '' libéralisme » suggèrent au contraire que la législation soit réduite au strict minimum pour laisser toute sa place à l'initiative individuelle et aux règles de la concurrence : les lois qui assureraient l'équilibre du système et le plus grand bien-être possible ne seraient alors plus d'ordre politique mais d'ordre économique. On peut cependant se demander si le mérite spécifique des lois de l'Etat n'est pas de pouvoir combiner la liberté, l'égalité et la fraternité, ce que ne sauraient faire les lois de l'économie.
«
La typogra phie rend clairemen t ap parente la structure du texte; en reva nche le
style peut se révéler diffidle à expliqu er.
On portera donc une attention particulière à l'op
position entre «fa ire ce que l'on veut » et « pouvoir faire ce que l'on doit vouloir ».
2.
L'idée principale est que la liberté politique doit être soigneusement
distinguée de qui
consiste à faire ce que l'on veut.
La
liberté politique consiste dans un lois.
Montesquieu commence par dénoncer une confusion fréquente à propos
de la démocratie : on pense que son principe est la liberté de faire ce que l'on
veut.
Or démocratie signifie> e� liberté du
>>.
__.Pour éviter cette confusion, Montesquieu propose alors une définition pré
cise de la liberté politique dans un État muni de lois justes.
Le citoyen est libre
lorsqu'il peut faire ce qu'il doit et n'est pas contraint de faire ce qu'il ne doit pas.
L'auteur peut, grâce à cette définition, préciser la distinction entre�
pendance et liberté, et rappeler que la liberté est indissociable de l'obéis-
sance aux lois qui la garantissent.
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2.
a.
1) Montesquieu dénonce ici une idée fausse à propos de la démo
cratie.
Étymologiquement, ce mot veut dire>, ce qui
signifie que le peuple, directement ou par le biais de ses représentants, est
consulté régulièrement et prend part aux décisions politiques et au travail
législatif.
Autrement dit, le peuple n'est pas soumis à l'arbitraire d'un tyran
ou d'un petit groupe d'hommes.
En quoi ce pouvoir est-il distinct de la liberté ? En ce qu'il ne signifie pas
que le peuple n'est soumis à aucune autorité et que chaque individu fait
absolument ce qu'il veut.
Dans une dictature, le peuple n'est absolument
pas libre car il est soumis à la volonté du tyran ; dans une démocratie le
peuple est politiquement libre car il est soumis à l'autorité de lois qu'il a lui
même votées, mais qui n'en demeurent pas moins obligatoires.
2) Dans la société, nos actions ne sont pas purement indifférentes,
elles se répartissent en fonction du juste et de l'inj uste, du légal et de l'illé
gal, du bien et du mal.
C'est pourquoi nous ne pouvons pas dire simple
ment que nous faisons tout ce que nous voulons, mais il y a des choses que
nous devons vouloir (le bien, le juste) et d'autres que nous ne devo ns pas vou
loir (le mal, l'injuste).
Nous ne nous réglons pas sur notre bon plaisir mais
sur notre conscience, éclairée par notre raison et tout ce que la société nous
a apporté en termes d'éducation civique et morale.
C'est par rapport à cet aspect de la rationalité que Montesquieu définit
la liberté.
Deux caractéristiques lui semblent fondamentales.
La première.
»
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