Montesquieu et la Constitution d'Angleterre
Publié le 12/03/2022
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Charles-Louis de Secondat naît en 1689 dans une famille de la noblesse de robe. Il vit à La Brède et fréquente les petits paysans de son âge jusqu’à ce que ses parents s’installent à Bordeaux. En 1700, il entre au collège tenu par les oratoriens dont l’enseignement est «moderne», plus du moins que celui des jésuites. Après des études de droit à Bordeaux, il est reçu avocat, puis conseiller au parlement de cette ville. Les parlements sont alors des cours souveraines qui jugent en appel ou, pour certaines affaires, directement. Leurs membres ont de nombreux privilèges, les charges sont vénales et appartiennent en fait à un petit nombre de familles. Bien qu’ils ne soient en rien des assemblées politiques élues, les parlements d’Ancien Régime prétendent jouer un rôle politique et font fréquemment opposition, après la mort de Louis XN, sinon au pouvoir du roi, du moins à celui de ses ministres ou de ses intendante dans les provinces. En 1715, année de la mort de Louis XIV, Charles de Secondat épouse une riche calviniste, Jeanne de Lartigue (il y avait déjà des alliances protestantes dans la famille) ; ils auront trois enfants. L’année suivante, à vingt-sept ans, l’héritage d’un oncle lui apporte des biens considérables, le nom de Montesquieu qu’il rendra illustre, et la charge importante de président à mortier au parlement de Bordeaux. Le voilà donc haut magistrat, nanti d’une fortune en rapport avec son rang. Lui et sa femme savent très bien gérer leurs domaines viticoles, et plus tard ils feront faire à leur fils et à leur fille des mariages avantageux. Membre de l’académie de Bordeaux depuis 1716, il rédige des discours, des mémoires que nous n’avons pas tous conservés sur les sujets les plus divers de droit, d’histoire, d’économie, mais aussi de physique, de sciences naturelles ou même de théologie (« De la damnation éternelle des païens »). Il en produira jusqu’à la fin de sa vie. Montesquieu est un philosophe au sens le plus large du terme, tout autant par exemple qu’un Diderot. Il fait de longs séjours à Paris, fréquente les salons, noue quelques intrigues amoureuses, écrit en 1724 un roman galant, Le Temple rie Cnide, d’ailleurs assez médiocre, et a en même temps quelque ambition politique. Depuis la publication des Lettres persanes en 1721, il est devenu un écrivain réputé qui entre à l’Académie française en 1728. Dans ce court roman par lettres, la
«
Montesquieu et la Constitution d'Angleterre
Dans le chapitre le plus célèbre de l'Esprit des lois (XI, 6),
Montesquieu entend montrer comment la constitution, non
écrite, de l'Angleterre est inspirée de l'esprit de liberté.
« Vous
nous avez appris nos institutions à nous-mêmes», lui écrit Lord
Chesterfield.
Est-ce à dire, comme on l'a souvent répété, qu'il
propose les institutions politiques anglaises comme modèle à
l'Europe et singulièrement à la monarchie française ? Ce serait
bien mal lire Montesquieu, qui a écrit explicitement le contraire :
« Un gouvernement doit se rapporter à la nature du peuple pour
lequel il est établi.
» Parler du « libéralisme » de Montesquieu,
c'est introduire un terme ambigu, anachronique d'au moins un
demi-siècle.
Centrer l'interprétation de I'Esprit des lois sur le cha-.
»
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