Montesquieu - De l'esprit des lois : La puissance exécutrice
Publié le 22/03/2015
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«
Textes commentés 51
[ En face de la puissance législative dédoublée en laquelle les pouvoirs des
Chambres exigent d'être équilibrés, la puissance exécutrice doit être confiée à
un
monarque - non point que Montesquieu assure une défense
inconditionnelle de la monarchie, mais il pense, comme Bodin deux siècles
avant lui, que l'efficacité de l'action politique est plus grande si elle dépend
d'un seul plutôt que d'une assemblée.
Mais l'argument est ici assez secondaire.
En effet, une disposition constitutionnelle beaucoup plus importante
conditionne directement l'existence de la liberté des citoyens : c'est que la
puissance exécutrice ne soit point confiée
à des personnes tirées du corps
!
législatif car l'union de ces deux puissances rompt l'équilibre qu'exige la
liberté.
Pour autant, Montesquieu ne prône pas la séparation de l'exécutif et du
législatif.
Ainsi, l'exécutif décide de la tenue et de la durée des assemblées des
Chambres ; de manière générale, sans jamais légiférer -ce qui serait un
empiétement de ses prérogatives hors de son
ordre-, il règle les travaux de la
puissance législative.
L'initiative du gouvernement (du prince ou de ses
ministres) indique sa prépondérance sur les Chambres : celle-ci n'est pas
affaire de compétence, mais d'équilibre des puissances.
La sauvegarde de la
' liberté
implique que la puissance exécutrice ait
le droit d'arrêter les entreprises
du corps législatif.
L'exécutif, par ce droit de
veto, participe en quelque sorte
.
au législatif et
joue
le rôle d'un frein dans la machine constitutionnelle.
Il ne
1 faut pas cependant que la puissance législative, symétriquement, puisse arrêter
la puissance exécutrice : s'il appartient bien
au législatif de contrôler l'exécutif,
il n'exerce pas un pouvoir d'arrêt mais se borne
à examiner comment les lois
sont exécutées.
On perçoit nettement en ce schéma l'erreur de lecture de l'interprétation
séparatiste.
Jamais Montesquieu n'a posé ou
exposé le principe de
l'indépendance radicale des différents organes de l'État.
Il est convaincu,
comme l'a été Locke, de la valeur libérale du morcellement de l'autorité ; mais
l
la division du Pouvoir n'est pas la séparation des pouvoirs.
Les différents
organes ne peuvent même fonctionner indépendamment les uns des autres.
C'est donc que les dispositions constitutionnelles ne définissent pas une simple
structure
gouvernementale.
L'idée de fonction l'emporte sur l'idée
d'organisation ou, si l'on préfère, celle de dynamique politique sur celle de
statique juridique..
»
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- Dans toute magistrature, il faut compenser la grandeur de la puissance par la brièveté de sa durée. De l'esprit des lois (1748) Montesquieu, Charles de Secondat, baron de. Commentez cette citation.
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