Mon existence est-elle la première chose dont je sois assuré ?
Publié le 27/02/2008
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Existence et être sont des termes apparemment équivalents.
Mais cette équivalence est trompeuse, car l'être peutse dire de 2 façons.
Dire d'une chose qu'elle est, c'est poser son existence; dire ce qu'elle est, c'est définir sonessence.
L'existence, par conséquent, renvoie à l'être, non en tant qu'essence, mais à l'être en tant qu'il s'opposeau néant.
Si l'existence ne résulte d'aucune nécessité, si l'espoir d'en fonder l'intelligibilité en un être logiquementnécessaire est ruiné, elle est pure contingence.
La tâche de la penser ne disparaît pas pour autant, bien aucontraire.
Contre ce qu'il considère comme les excès de la pensée spéculative, et notamment contre Hegel, lephilosophe danois Kierkegaart réaffirme que l'existence doit-être, au contraire, le point de départ et le but de toutepensé.
Plus encore que de l'existence, c'est alors de lui-même comme existant que le penseur doit prendreconscience.
C'est en effet à partir de l'existant, c'est à dire de l'homme comme étant cet être capable de s'ouvrir àl'expérience originelle du simple fait d'être là, que l'existence peut prendre un sens.
C'est pourquoi l'existence estd'emblée non pas l'objet d'une définition, mais d'une interrogation: être ou ne pas être? ou encore: pourquoi existonsnous? La question de l'existence émerge du néant et de la mort mais essentiellement de la conscience.
Par la découverte du cogito, Descartes a montré que la démarche de celui qui recherche une connaissance certainedoit partir de la conscience de soi comme d'un fait premier absolument hors de doute.
Mais on distingue deux sortesde conscience psychologique: la conscience spontanée et la conscience réfléchie.La première est celle qui accompagne toutes les pensées et tous les actes d'une personne et par laquelle cespensées et ces actes sont simplement éprouvés,vécus par cette personne.
La seconde est celle dans laquelle unepersonne se saisit elle-même comme conscience, c à d est consciente d'être consciente.
La conscience est alorsessentiellement cette présence à soi d'une pensée qui réfléchit, donc se penche sur ce qu'elle éprouvespontanément et l'examine.
Le philosophe Alain analyse ainsi cette démarche: "celui qui agit avec vitesse et sûreténe se pose pas de question; il n'en a pas le temps.
Il manque aussi de cet examen contemplatif qui fait qu'on dit: "jesais que je sais; je sais que je désire; je sais que je veux".
Pour prendre conscience, il faut se diviser soi-même".
Untel point de vue s'inscrit donc dans la problématique de Descartes, qui a donné à la conscience de soi une placeproprement fondamentale dans la philosophie.
Le projet de Descartes n'est pas de proposer une description de la conscience psychologique: il est de parvenir à lavérité, du moins à une vérité dont la certitude soit indubitable.
Mais cette recherche philosophique le conduit àdonner une proposition centrale à la conscience de soi.
Pour parvenir à une certitude fondamentale, Descartesdécide en effet de se débarrasser "une bonne fois" de tous les préjugés reçus depuis son enfance: "je pensais qu'ilfallait que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'ilne me resterait point, après cela, quelque chose en ma créance, qui fût entièrement indubitable".Ce doute de Descartes est volontaire, systématique et radical.
Il porte surtout ce dont il est possible de douter etrien n'échappe à un tel doute, sauf le doute lui-même: "je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser quetout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, je fusse quelque chose.
Et remarquant que cettevérité: je pense, donc je suis était ferme et si assuré que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiquesn'étaient pas capable de l'ébranler, je jugeais que je pouvais la recevoir sans scrupules pour le premier principe de laphilosophie que je cherchais".
C'est pourquoi la conscience de soi, au terme du doute, est la saisie d'elle-même pasla pensée dans une intuition si évidente qu'il est tous à fait impossiblede douter de sa vérité.
De plus, je sais que j'existe et il ne m'est pas possible de croire le contraire sans mecontredire.
Car si je n'existait pas, je ne pourrais justement pas croire le contraire.
La conscience ne peut fairel'objet d'aucun doute.
Ce qui ne fait pas de doute non plus, c'est que je suis bien conscient de ce dont je suisconscient.
De ma propre existence, j'en suis aussi certain que de ce qui m'apparaît.
Je peux douter de l'existence de tout, sauf de celle de moi-même, qui suis en train de douter.
En plus, ce dont jedoute n'existe peut être pas, mais j'en suis conscient.
De là, l'idée que tout l'univers intérieur de ma conscience, c àd ce que je pense, imagine, comprends, perçois, est un domaine de connaissances absolument certaines, dontpeuvent être déduites, également avec certitudes, d'autres connaissances.
Si l'on considère que notre existencen'est pas la 1ere chose dont on est assuré, l'enjeu est alors de trouver une chose dont on pourrait être assuré ansêtre assuré de notre propre existence..
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