Mohamed COMPAORE, Etude sur G Heck à propos de ses écrits sur le logicisme de Frege
Publié le 05/04/2023
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Mohamed COMPAORE,
Etude sur G Heck à propos de ses écrits sur le
logicisme de Frege
Le texte que nous étudions a été écrit par Richard G Heck professeur de
philosophie.
Il a produit des ouvrages portant notamment sur Frege ; le texte
que nous étudions est justement un extrait de ses travaux sur Frege.
Ce texte a
pour objet d’exposer une théorie qui justifie un ensemble de travaux produits par
Frege.
Cette théorie est appelée le logicisme.
Il consiste à réduire l’ensemble des
vérités arithmétiques aux vérités logiques.
Il s’agit en occurrence de dire que
l’ensemble des objets et des outils arithmétiques sont fondés dans des
hypothèses fondamentales qui sont-elles mêmes des lois logiques ou qui peuvent
être fondées dans des lois logiques.
Il s’agit de dire que les concepts et les
propositions arithmétiques peuvent être saisies, traduites, définies et signifiées
par des termes logiques.
Dans son exposé, Heck donne deux préoccupations
fondamentales liées l’une à l’autre, et qui fonde la démarche logiciste.
La première concerne le statut épistémologique des vérités arithmétiques.
La question se pose en effet de savoir si ce sont des jugements synthétiques ou
analytiques ? Si ce sont des vérités empiriques ou si ce sont des vérités de la
raison pure.
Dire que les vérités arithmétiques sont des vérités fondées dans
des lois logiques, c’est dire en même temps que ces vérités sont des vérités de la
raison, c’est aussi dire qu’elles ne doivent rien à l’expérience ; c’est en même
temps dire que ce sont des vérités analytiques.
La
seconde
question
qui
se
pose
est
notre
mode
d’accès
aux
connaissances arithmétiques.
Celles- ci nous sont-elles accessibles par la voie de
l’expérience ? ou de l’intuition à priori ? Stuart Mill répond par l’affirmative à la
première question quand Kant répond par l’affirmative à la seconde.
Ces points
de vue partent de l’idée que les propositions arithmétiques tout comme les
concepts arithmétiques, s’acquièrent par l’expérience, et supposent le recours à
l’expérience.
Ces conceptions font donc découler l’arithmétique de vérités
empiriques.
Or c’est justement contre ce point de vue que s’élève le point de
vue frégéen.
Le projet frégéen exclut toute sorte d’élément empirique dans la
production des vérités arithmétiques.
Les vérités arithmétiques, selon Frege,
sont fondées dans des prémisses qui sont constituées par des vérités logiques.
Pour Frege l’ensemble des vérités mathématiques sont entièrement déductibles
de notions logiques.
Heck expose cette théorie frégéenne en exposant le système
de logique formelle proposée par Frege.
Il procède par la suite à une description
de ce système pour en faire ressortir la forme axiomatique.
La forme
axiomatique du système répond justement au souci frégéen d’offrir un modèle
rigoureux de démonstration des vérités arithmétiques.
Elle permettrait aussi
d’opérer des déductions de vérités générales et non pas seulement particulières.
Mais avant d’opérer les différentes déductions Frege dut dans un premier temps
procéder à une réinterprétation des vérités arithmétiques à partir des vérités
logiques.
Ensuite
il
montra
le
caractère
purement
logique
des
vérités
arithmétiques en traduisant les propositions arithmétiques dans des termes
logiques.
Mais cette opération a été précédée par un stade très important qui est
celui de la détermination de notre mode d’accès au nombre.
Montrer que ce
mode d’accès s’opère par la voie purement logique était déterminant dans la
détermination du statut épistémologique des vérités.
Cela devrait permettre de
montrer que notre connaissance du nombre ne s’opérait pas par voie intuitive, à
travers des jugements synthétiques à priori, mais par voie logique, à partir de
jugements analytiques.
Cela devrait également permettre de construire des
propositions logiques traduisant des propositions arithmétiques.
L’idée de
propositions logiques traduisant des propositions arithmétiques est conçue
nécessairement à l’intérieur d’un système axiomatique qui rend possible
l’ensemble des déductions et offrent une forme harmonisée à l’ensemble de tout
le système.
Mais beaucoup d’étapes de la démonstration frégéenne comportent
certaines limites relevées d’ailleurs par Heck.
Dans le texte de Heck nous
pouvons identifier deux grands moments majeurs dans la démonstration des
vérités arithmétiques.
Le premier moment consistera à la conception d’un
système de logique formelle.
Le deuxième se résume à définir en termes
logiques les vérités arithmétiques, et la possibilité de déduire ces vérités
arithmétiques à l’intérieur du système de logique formelle.
A cette préoccupation
s’associe la nécessité de déterminer un mode d’accès purement logiques aux
concepts arithmétiques.
Pour
démontrer
que
les
vérités
arithmétiques
provenaient
d’un
développement de la logique Frege élabora un langage et eut recours à un
système de formalisation qui lui permet de représenter les énoncés en en faisant
ressortir la plus complète et la plus précise structure.
Ce système élaboré dans la
« Begriffsschrift », lui permet de formuler justement certains énoncés et de
pouvoir apprécier leur structure d’une façon précise et claire.
Ce qui n’était pas
encore possible dans le système booléen inspiré justement du système
aristotélicien.
Cela fait du système frégéen, un système très rigoureux de
représentation des symboles.
Le caractère rigoureux du système formel permet à
Frege de concevoir un système de démonstration et de déduction des vérités
arithmétiques, très rigoureux.
La rigueur de la démonstration est très essentielle
chez
Frege.
Selon
Frege
toute
tentative
de
détermination
du
statut
épistémologique de l’arithmétique suppose que soit déterminé avec précision
l’ensemble de toutes les présuppositions dont dépendent les démonstrations qui
y sont impliquées.
A partir du moment où il s’agit de montrer que l’ensemble des
vérités arithmétiques sont fondées sur la logique, il y’a nécessité que la
démonstration ne fasse pas intervenir des éléments étrangers aux prémisses ; et
notamment des éléments empiriques.
Le système frégéen permet ainsi de
construire des démonstrations où toutes les étapes déductives peuvent être
identifiées au moyen de critères syntaxiques et où toutes les présuppositions
sont justifiées.
Le système formel de Frege permet donc de formuler des
raisonnements, et des raisonnements mathématiques disposant d’un niveau
élevé de rigueur.
Cet aspect du système frégéen a notamment été exploité dans
le domaine de la philosophie où les ressources des mathématiques, étaient
utilisées dans l’analyse des raisonnements philosophiques.
Cela a donné
naissance
à
un
courant
philosophique
appelé
la
philosophie
analytique.
L’approche frégéenne est une approche rigoureuse en raison du caractère
rigoureux de son système formel.
Ce système formel n’était pas seulement
rigoureux, il était aussi global.
Il ne s’agissait pas de fonder quelques vérités
particulières de l’arithmétique comme l’avait tenté Leibniz.
Il s’agissait de faire
ressortir l’idée que toutes les propositions arithmétiques sont l’expressions de
propositions logiques.
Les vérités de l’arithmétique sont fondées dans des vérités
logiques.
Elles sont dès lors explicitées par des lois logiques.
L’idée consiste donc
à déterminer les hypothèses fondamentales sur lesquelles se fonderaient par la
suite les propositions arithmétiques.
Pour cela il s’agit de construire tout un
système axiomatique déductible d’hypothèses fondamentales et à partir duquel
pourrait être déduit les propositions de l’arithmétique.
Il formula ainsi pour
l’arithmétique des axiomes dont il établit la démonstration et la démonstration
qu’ils sont suffisant à la caractérisation de la structure mathématique abstraite
des nombres naturels.
La démonstration des axiomes de l’arithmétique dans le
cadre de la logique suppose la définition des propositions arithmétiques en
termes de notions logiques.
Il s’agit ainsi de réinterpréter les propositions
arithmétiques dans le cadre d’un système de logique formelle.
L’interprétation
pour reprendre les termes mêmes de Heck consiste à « montre que l’on peut
définir le vocabulaire primitif d’une théorie cible (ici celui de l’arithmétique) dans
le vocabulaire primitif de la théorie base (ici celui d’une théorie formelle de la
logique) de sorte que les transcriptions définitionnelles des axiomes de la théorie
cible constituent les théorèmes de la théorie base ».
La démonstration des
propositions arithmétiques dans le système de logique formel consistera donc à
démontrer leurs traductions définitionnelles, à montrer que les propositions
arithmétiques peuvent être traduites en termes logiques.
Heck souligne
cependant qu’une telle interprétation ne permet pas de déterminer le statut
épistémologique des vérités arithmétique même si tout le système de logique
formelle est constitué de vérités analytiques.
Il donne pour preuve l’idée que si
une définition des paires ordonnée est donnée, il serait possible d’interpréter la
géométrie euclidienne dans l’analyse au moyen des coordonnées cartésiennes.
Frege soutenant que l’arithmétique est analytique et par conséquent l’analyse
aussi, pourrait on soutenir que la géométrie euclidienne l’est aussi ? Cette
conclusion ne peut être envisagée, puisque Frege à l’instar de Kant considère les
propositions géométriques comme étant synthétiques à priori.
Dès lors ce n’est
pas exactement ce que l’interprétabilité désigne.
Du coup l’interprétabilité des
notions arithmétiques par des notions logiques ne garantit pas à l’arithmétique,
le statut épistémologique de vérités acquises par voie logique.
Il faut encore que
l’interprétabilité puisse établir l’apparence qu’ont les propositions d’une théorie
cible (propositions arithmétiques), dans la théorie base (propositions logiques).
Cela signifie que dans l’interprétation à l’intérieur d’un système de logique
formel, les notions logiques doivent saisir et traduire la véritable signification des
notions arithmétiques.
L’interprétation doit précisément établir que l’apparence
d’une proposition d’une théorie cible (théorie arithmétique) est exactement
signifiée dans une théorie base (théorie logique).
Dans cette logique la question
peut se poser de savoir si les définitions des notions fondamentales de
l’arithmétique que....
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