Mikhaïl Ivanovitch Glinka

La vie de Mikhaïl Ivanovitch Glinka (1804-1857) fut celle d'un grand seigneur et même d'un oisif. Néanmoins son rôle dans l'histoire de la musique est un des plus importants : nous lui devons la naissance d'une nouvelle espèce de la musique européenne, la musique russe. N'y eut-il donc pas de musique russe avant Glinka ? Sans doute, mais jusque-là, l'histoire de cette musique était en quelque sorte "médiévale", anonyme, "subconsciente" ou "préconsciente". Elle comprend, d'une part, un plain-chant ecclésiastique très riche en formes, dont les monuments nous sont parvenus (bien qu'ils soient encore loin d'être appréciés comme il convient et que ce plain-chant soit presque délaissé, même dans l'église orthodoxe) ; et, d'autre part, une musique séculière et usagère qui a péri, mais a laissé des échos et dans le plain-chant, et dans le chant des paysans russes. C'était donc un art à part, isolé par rapport à l'art européen, bien qu'il se rattachât à celui-ci par des racines communes (Byzance ­ Antiquité). Pour que la Russie devînt un membre de la famille européenne, elle devait se mettre en relation avec les autres nations et s'approprier un certain fonds commun européen, mais ­ voilà le problème ­ elle devait aussi, ce faisant, conserver sa personnalité. C'est d'ailleurs un peu le problème que l'Allemagne avait dû résoudre quelques siècles plus tôt, par rapport aux nations latines.