Mieux connaître l'histoire permet-il à l'homme de mieux exercer sa liberté ?
Publié le 17/01/2022
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De même l'exemple de certains héros exemplaires, comme ces résistants qui n'hésitèrent pas durant la secondeguerre mondiale à risquer leur vie au nom de la liberté, devrait inspirer au plus grand nombre courage et goût del'abnégation.
Cependant, malgré le caractère moralement louable des intentions présidant à une telle recommandation, la questionse pose, non seulement de savoir si elle est suivie d'effets, mais aussi de savoir si cela est réellement possible et, sice n'est pas toujours le cas, pourquoi il en est ainsi.
Car en effet il suffit d'étudier quelque peu l'histoire pour s'apercevoir commele fait remarquer le philosophe Hegel que « ce qu'enseignent l'expérience etl'histoire, c'est que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris del'histoire, et n'ont jamais agi suivant des maximes qu'on en aurait pu retirer.
»Hegel, Leçons sur la philosophie de l'histoire, Editions Vrin.
(TraductionGibelin)La question est donc de savoir pourquoi il en va ainsi, pourquoi les erreurs dupassé ne nous dissuadent pas d'en commettre de semblables et pourquoi lescomportements exemplaires ne nous servent que très rarement de modèles?
Pourquoi ne tire-t-on pas de leçons de l'histoire ?Si nous ne parvenons pas à tirer des leçons de l'histoire c'est parce quechaque moment de l'histoire est unique.
L'histoire est par définition le domaine du devenir et du changement.
Il sembledonc difficile pour ne pas dire impossible qu'au cours de l'histoire dessituations identiques ou comparables puissent se produire.
Il est certes possible d'établir des similitudes apparentes, mais celles-ci serontet resteront superficielles, car les causes qui déterminent les faits ainsi queles événements historiques, de même que les conditions dans lesquelles ils seproduisent ne sont jamais identiques, ne serait que parce que le passé déterminant le présent ce qui arrive aujourd'hui est toujours la conséquence des faits dont nous devrions nousinspirer et sur lesquels nous devrions prendre modèle.
Ainsi il serait totalement absurde de vouloir comparer la révolution de 1789 et celle de 1848, comme s'il s'agissait dedeux périodes isolées totalement indépendantes l'une de l'autre, alors que bien au contraire la seconde ne peuts'expliquer et se comprendre que par la première.
L'histoire n'est pas une succession de faits sans lien les uns avec les autres, il s'agit plus exactement d'unprocessus au cours duquel les situations s'enchaînent et s'engendrent.
C'est pourquoi il n'est donc pas possible de tirer des leçons de l'histoire, au sens où nous pourrions tirer desenseignements du passé pour nous en inspirer afin de réitérer les actes couronnés de succès et d'éviter dereproduire certaines erreurs.
Cependant s'il en est ainsi, se pose alors la question de savoir à quoi peut donc bien servir la connaissance dupassé, l'étude et l'enseignement de la science historique ? Pourquoi donc, en effet, s'intéresser aux périodesrévolues si nous n'en tirons aucun enseignement ?
Les véritables leçons de l'histoireS'il n'est pas possible de tirer des leçons de l'histoire dans le sens que nous avons évoqué précédemment, cela nesignifie pas pour autant que nous n'apprenons rien de l'histoire, simplement il faut donner au mot leçon un tout autresens, une toute autre acception.
Si comme nous l'avons souligné auparavant le présent est toujours la conséquence du passé et si l'histoire ne peutse comprendre que comme un processus, c'est-à-dire un enchaînement logique et rationnelle de faits, il est clair quela connaissance du passé éclaire notre présent.
Ainsi, par exemple, la compréhension des institutions et desstructures de l'État français d'aujourd'hui nécessite une certaine connaissance de la citoyenneté romaine dont elles'inspire, de la constitution progressive d'un État unifié à partir d'une mosaïque de domaines féodaux qui donna lieuensuite à l'unité du royaume sous la monarchie absolue pour ensuite aboutir à l'unité républicaine héritée de larévolution française.
Autrement dit, pour comprendre qui nous sommes il nous faut savoir d'où nous venons et l'histoire fonctionne un peusur le plan collectif comme la mémoire pour l'individu, elle est en quelque sorte la mémoire des peuples.
De même qu'un individu sans mémoire est un être sans conscience et sans identité, un peuple sans histoire est unpeuple incapable de se projeter vers l'avenir, car dans l'impossibilité de situer dans le temps et de connaître lasignification du mouvement qui l'a amené là où il est..
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