Michael Faraday
Publié le 22/02/2012
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Ce résumé, nécessairement abrégé, de l'ascension d'un garçon pauvre et, pour l'essentiel, autodidacte, vers unesituation éminente, présente presque tous les traits de la classique "success story", à une très importantedifférence près : Faraday était presque entièrement détaché du succès matériel, au sens qu'on donnecommunément à ce terme, ou de l'acquisition de richesses.
Il n'avait aucun désir d'élévation sociale, ni de pouvoirde contrôle sur les pensées et les actions des autres.
On peut, si l'on veut, faire des conjectures infinies sur les causes de sa bien connue et constante aversion pour lesdistractions sociales inutiles et même pour quelques charges scientifiques officielles (on sait, par exemple, qu'il avaitfait comprendre qu'il n'accepterait pas de titre de noblesse et qu'il a refusé la présidence de la Royal Society).Certains côtés de la vie de Davy n'illustrent que trop clairement les effets regrettables dus à l'influence d'intérêtsétrangers sur l'Oeuvre scientifique, et ce fait n'a pu échapper à Faraday.
Mais quelle que soit la cause de l'attitudede Faraday lui-même, le seul point important pour l'histoire de la science est que cette aversion persistante pourtoute activité et tout intérêt étrangers à la science, jointe à ses remarquables dons naturels, a fait de lui l'un desplus obstinés et des plus capables pourchasseurs de la vérité scientifique que le monde ait jamais vus ou verrajamais.
Le surmenage fut, pour lui, une cause de périodes de maladie et de pertes de mémoire ; néanmoins, il n'estpas exagéré de dire que son Oeuvre totale se divise en une demi-douzaine de parties, au moins, dont chacunesuffirait à établir une réputation scientifique normale de première grandeur.
Cela est d'autant plus remarquable que,pendant la plus grande partie de sa vie, Faraday travailla sans aucun associé scientifique proche et avec uneassistance technique très modeste.
Son seul compagnon fut un ex-artilleur, le sergent Anderson, qu'il forma lui-même et qui resta à son service quelque quarante ans, presque jusqu'à la veille de sa mort.
Selon d'autres, laprincipale qualité d'Anderson était une absolue obéissance : "Il faisait toujours exactement ce qu'on lui disait, et riende plus." Faraday lui-même a fait l'éloge écrit du "soin", de "l'assiduité", de "l'exactitude" et de la "fidélité" de sonassistant.
Ses plus anciennes recherches, de nature chimique et manifestement conçues sous l'influence de Davy, sontimportantes tant en elles-mêmes, que par le fait qu'elles doivent expliquer, dans une certaine mesure, l'angle souslequel il approcha son travail suivant, surtout physique.
Personne ne nierait la haute importance de sa découvertedu benzol, ni de ses travaux sur la liquéfaction des gaz, mais on n'y trouve cependant pas de caractéristiquesparticulières du génie personnel de Faraday.
Pour en trouver, on se tournera plutôt vers ses recherches électriques,et, avant tout, vers ses expériences électrodynamiques, qui lui valurent l'admiration bien méritée d'Ampère etculminèrent dans la découverte de l'induction électromagnétique (1831).
A cause, peut-être, de son immenseimportance industrielle, cette découverte a été quelque peu surestimée par les biographes de Faraday ; ce n'est pasdiminuer son génie que de dire que, après les expériences d'Oersted et d'Ampère, la découverte des principes de ladynamo était inévitable.
Faraday ne l'aurait-il pas faite, un autre l'eût faite à sa place, et pas beaucoup plus tard.L'important n'est pas la découverte en soi, mais la conception tout entière du champ électromagnétique, à laquelleFaraday parvint par de longues et intensives réflexions, qui le conduisirent à d'autres découvertes, d'une possibilitéd'application technique moins immédiate, mais non de moindre valeur scientifique.
Faraday représente le trait d'unionentre l'Oeuvre des électriciens plus anciens et la théorie de Maxwell, et sans sa compréhension, pleine d'intuition,des phénomènes électriques, la théorie électromagnétique de la lumière aurait difficilement pu voir le jour au XIXesiècle.
Ses recherches sur les propriétés des diélectriques, sur le diamagnétisme et sur les rapports entre l'électricité et lalumière sont parmi les grands faits classiques de la physique du siècle passé.
Son étude de l'électrolyse a, la première, placé l'électrochimie sur une base quantitative, et, finalement, ouvert laroute à la reconnaissance de l'atomicité de l'électricité.
Sa preuve de l'identité de ce qu'on supposait d'abord êtredes sortes différentes d'électricité a fait faire à la théorie électrique un grand pas en avant.
Il a largement agrandinos connaissances sur les phénomènes complexes qui accompagnent la décharge électrique à travers les gaz etnous a laissé non seulement le magnifique héritage d'une Oeuvre achevée, mais aussi d'innombrables poteauxindicateurs pointés vers des domaines nouveaux.
Les dernières notes consignées dans le journal de son laboratoire(mars 1862) se rapportent à un "essai d'identification des effets d'un champ magnétique sur les raies du spectre" ;l'expérience échoua ("on n'a pu observer le moindre effet sur les raies polarisées ou non polarisées"), mais il réussit àZeeman, qui fit usage d'un appareil plus puissant, trente-quatre ans plus tard.
Aux approches de sa soixante-dixième année, les forces physiques et les facultés mentales de Faradaycommencèrent à décliner sérieusement.
Il donna la dernière série de ses cours pour enfants pendant l'hiver 1860-1861, et en octobre 1861 abandonna sa chaire.
L'année suivante, il fit son dernier Friday evening discourse et, petità petit, quitta toutes ses activités à la Royal Institution, pour vivre retiré, dans une maison de Hampton Court,gracieusement mise à sa disposition, en 1858, par la reine Victoria et le prince Consort.
Il mourut le 25 août 1867.
Depuis lors, bien des milliers de pages ont été écrites sur sa vie et son Oeuvre, mais songénie de philosophe expérimentateur n'a jamais été mieux défini que par le noble Éloge prononcé par J.-B.
Dumas, àl'Académie des Sciences, le 18 mai 1868 : "Faraday avait une méthode, et elle peut être recommandée avecconfiance.
Sa foi dans les hautes destinées de l'homme et la conviction qu'il lui est prescrit de s'approcher sanscesse de la lumière donnaient aux recherches scientifiques dont il s'occupait le caractère d'une mission sacrée.
Ilconsidérait l'expérience comme le moyen le plus sûr de découvrir ou d'affirmer des vérités ; et, si j'empruntais lelangage de la Métaphysique, je dirais que personne n'a porté plus loin cet art de se servir du concret pour arriver àl'abstrait et de soumettre l'abstrait au contrôle du concret.".
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