Merleau-Ponty: Liberté et déterminisme
Publié le 27/02/2008
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Troisième question :
A nouveau réapparaît la locution adverbiale « à la fois ».
Il faudra éviter de répondre à la question par desgénéralités sur la liberté.
Le mieux est encore de prendre un ou deux exemples et de les analyser à fond.
Là encore,des références précises non seulement à Merleau-Ponty ou à Sartre, mais aussi à Rousseau ou Kant ne peuventqu'étayer les analyses.
LECTURES CONSEILLÉES
A) Lectures concernant Maurice Merleau-Ponty :A côté de la Phénoménologie de la Perception (Gallimard ou Gallimard « Tel »), mentionnons la Structure duComportement (P.U.F.) et l'ouvrage inachevé intitulé Le Visible et l'Invisible (Gallimard).
Signalons que des textestels que Sens et Non-sens (Nagel) ou Signes (Gallimard) ou bien encore Éloge de la Philosophie («Idées»Gallimard)(1).B) Lectures concernant le thème de la liberté, contentons-nous de mentionner les ouvrages suivants :— Jean-Paul Sartre, L'Être et le Néant (quatrième partie),(collection « Tel », Gallimard).— Henri Bergson, Essais sur les Données immédiates de laConscience (P.U.F.).— Kant, Critique de la Raison pratique (P.U.F.), Fondements de la Métaphysique des Mœurs (Delagrave).— Rousseau, Du Contrat social (Éditions Sociales).— Montesquieu : L'Esprit des Lois (Garnier).— Spinoza : Traité théologico-politique et Traité politiqueGarnier-Flammarion).
Première question :
La première remarque qui vient à l'esprit en lisant ce texte de Maurice Merleau-Ponty est que l'on a affaire à unepensée ambiguë.
Faut-il voir dans cette simple remarque une critique ? Certainement pas.
Il faut en effet «distinguer une mauvaise et une bonne ambiguïté » (Merleau-Ponty, Éloge de la Philosophie, p.
10).
Appelonséquivocité la première et ambiguïté tout court la seconde.
Par opposition à l'ambiguïté, l'équivoque est le règne desfaux semblants, des apparences privées de réalité.
L'équivoque est la dissimulation de l'ambiguïté et par là même lerefus d'expliquer la vérité qui dans sa richesse constitue le fond de l'ambiguïté.
Merleau-Ponty apporte une doubleréponse à la question : qu'est-ce que la liberté ? Tout le poids de cette réponse et à vrai dire tout le poids du texterepose sur l'expression «à la fois ».
Après cette réponse, l'auteur de Phénomé nologie de la Perception développe sa pensée en indiquant les deux rapports sous lesquels nous sommes sollicités et ouverts.
Et puis, s'avisant que sonanalyse risquait de sombrer dans l'abstraction, Merleau-Ponty insiste sur le fait que « nous existons sur les deuxrapports à la fois ».
Ce refus de l'abstraction qui consisterait à négliger l'un des deux rapports se manifesteclairement par l'emploi du mot « jamais » qui revient à quatre reprises en deux lignes.
Tout naturellement unexemple, tiré de la guerre, celui de la torture, vient très concrètement illustrer les propos de Merleau-Ponty.L'exemple de l'homme torturé admet trois hypothèses de réponses qui d'ailleurs ne sont pas incompatibles.
Les troisréponses fournissent à l'auteur l'occasion d'affirmer la solidité d'une liberté appuyée sur les choses et tirant sa forcede cet appui.
Deuxième question :
1) « Naître, c'est à la fois naître du monde et naître au monde ».
La locution adverbiale « à la fois » constitue lecœur de cette phrase.
L'homme, en naissant, vient au monde, comme dit très bien notre langue, mais il provientaussi du monde.
En d'autres termes, il ne vient pas de nulle part, il possède une provenance.
Il a une histoire qui estcelle de sa famille, de son milieu social et aussi de son code génétique.
Bref, le monde est toujours déjà là quand telou tel homme naît.
Par exemple lorsque nous naissons nous nous trouvons dans un monde où le langage est déjà là.Devant cette existence de fait du langage, devant cette donnée, il va falloir que nous apprenions à parler.
«Apprendre à parler, c'est apprendre à jouer un certain nombre de rôles, à assumer des conduites dont on estd'abord spectateur » (Merleau-Ponty, Les Relations avec autrui chez l'enfant).
Mais peu à peu l'enfant va employerdans son sens plein le pronom «je», délaissant ainsi l'aspect pré-personnel que revêtait jusque-là son existence.C'est en prenant activement appui sur le donné que loin de nous perdre, nous découvrons la liberté, ou plutôt c'estalors que nous éprouvons notre liberté.
La liberté n'advient que lorsque sur la toile de fond du monde se fait jour uneprofonde réciprocité entre les paroles et celles des autres mais aussi entre mon donné et l'attitude que j'ai enverslui.
La liberté prend naissance dans le tissu même des rencontres et des expériences, des engagements et desépreuves.2) Le déterminisme désigne, d'une façon générale, l'ordre des faits selon lequel les conditions d'existence d'unphénomène sont déterminées, c'est-à-dire fixées, de manière telle qu'une fois ces conditions posées, ce phénomènese produise nécessairement.
Le déterminisme, c'est aussi ce qui, à cause de l'idée de nécessité, s'oppose à laliberté.
Celle-ci semble en effet à première vue reposer sur la possibilité du choix.3) Le « choix absolu » dont parle Merleau-Ponty dans le texte, et qu'il oppose au déterminisme en déclarantd'ailleurs qu'il n'y a pour l'homme pas plus l'un que l'autre, supposerait que je puisse être absolument libre.
Or demême que le déterminisme vaut pour une chose, mais non pour un homme, de même l'absolue liberté vaudrait pourun dieu mais pas pour un homme.
En revanche un choix relatif, ou si l'on préfère un choix qui s'insère dans un donné,constitue la condition, comme nous allons essayer de le voir dans le bref essai qui suit, d'une authentique liberté.
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