Merleau-Ponty, La Prose du monde
Publié le 23/03/2015
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Commentaire de texte
«
Textes commentés 37
Dans ce texte, Merleau-Ponty exprime la solidarité entre deux idées qu'il
entend refuser : l'idée que le langage donné serait insuffisant et qu'il
faudrait lui substituer
un langage construit (première partie), et l'idée que
la pensée puisse se passer du langage (seconde partie,
à partir de« c'est le
verbe intérieur.
..
» ).
Ainsi Merleau-Ponty revient-il d'abord sur
l'ambition d'une langue universelle
à construire, et en dégage les
présupposés : vouloir substituer
au langage donné une langue universelle,
c'est dénoncer les confusions du langage comme une déviance par
rapport à une norme (
« à la mesure de » ; « redéfinir selon ») qui serait
une norme parfaite (ce qu'exprime l'intervention de la métaphore divine).
Or cette norme parfaite est introuvable ( « on ne la trouve plus ...
» ), et en
tant que telle elle relève de l'utopie rousseauiste du commencement, de la
suppression du temps (
« arracher la parole à l'histoire » ), alors que c'est
au contraire l'histoire qui fait le langage.
Aussi Merleau-Ponty, dans un
second temps, veut-il substituer
à cette norme introuvable et utopique une
autre norme (le
« verbe intérieur») qui exprime l'idée qu'il n'y a pas de
pensée sans langage, que la pensée est un verbe intérieur.
Laissant alors
de côté la question de l'origine entre Descartes et Leibniz (
« créé par
Dieu ...
ou préparé ...
le langage en tous cas
» ), et prenant acte de la
sédimentation de la langue dans l'histoire,
Merleau-Ponty exprime sa
thèse : le langage est la doublure de l'être.
Métaphore de l'intériorité et
d'une distinction sans séparation, cette expression est celle de l'intimité
du langage, qui n'est pas un instrument, mais le lieu même de l'intimité
de l'être.
Dans une tonalité finale qui rappelle assez Hegel
(cf.
texte n° 2)
le texte se clôt sur un double renforcement de la thèse : non seulement le
langage est la condition de la
pensée(« on ne conçoit pas ...
sans ...
»),
mais encore tout peut être dit, ce qui signifie qu'il n'y a pas d'ineffable, et
qu'on ne peut invoquer ce dernier comme
un refuge contre le langage 1
donné, ni contre le langage tout court.
i.
»
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