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Mémoire et Histoire

Publié le 21/01/2020

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histoire

situer les uns par rapport aux autres. Les documents ont même quelques défauts de la mémoire en général : ils peuvent être confus, erronés, de mauvaise foi , imprécis, etc., et ils ne manquent pas de donner des versions différentes d’un même événement (pensons par exemple aux articles de plusieurs organes de presse relatant un attentat politique ou la visite d’un monarque étranger), exactement comme les mémoires individuelles, toutes teintées d’affectivité, manquent d’objectivité. Quant aux engagements idéologiques des témoins, ils faussent leurs comptes rendus avec une efficacité constamment redoutable, qu’il s’agisse de témoins anciens ou récents... De telles comparaisons restent cependant anecdotiques, si l’on ne peut démontrer que le travail de l’historien n’obéit pas à des principes étrangers au fonctionnement de la mémoire.

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« CORRIGÉ 13 historique peut-il, autrement dit, être assimilé à un recueil organisé de sou­ venirs? Ou résulte+il d'exigences qui sont tout autres, parce que ses buts eux-mêmes excèdent largement les possibilités de la mémoire ? [I.

Quelle mémoire pourrait être en cause ?] Dans la vie quotidienne, sa mémoire suffit très vraisemblablement à l'historien comme à n'importe qui : lorsqu'il va faire son marché, il n'a pas besoin de se rappeler autre chose que les légumes ou les fruits qu'il doit rapporter...

On le considérera, pour donner quelque sens à la ques­ tion, dans ses occupations professionnelles : en tant qu'historien, peut-il se contenter de faire appel à la mémoire ? De quelle mémoire est-il question? Si c'est la sienne, elle trouve rapi­ dement ses limites : elle peut connaître ce que l'historien a personnelle­ ment vécu, ou ce dont il a été témoin.

Hegel qualifiait de la sorte les tout débuts du récit historique, en soulignant au passage l'absence de recul du narrateur sur les événements, la façon dont il restait englué dans la menta­ lité de ses contemporains.

On n'aurait ainsi affaire qu'à des récits concer­ nant un passé proche de leur moment de rédaction, qui pourraient consti­ tuer, à long terme, une accumulation de témoignages plus ou moins intéressants, mais certainement pas une connaissance historique.

Peut-on penser alors que l'historien a intérêt à s'adresser à la mémoire des autres ? Si ces autres sont ses contemporains, la période concernée sera à peu de choses près la même, et cet ensemble de témoins partagera une mentalité commune: la situation ne s'améliore guère.

Elle s'améliore même d'autant moins qu'il y a de fortes chances pour que des contradic­ tions se manifestent rapidement entre les diverses mémoires.

Pour entamer sérieusement une recherche à propos du passé, on voit que l'historien ne peut faire confiance ni à sa propre mémoire, ni à celle de ses contemporains : il lui faut au moins se tourner vers des « mémoires » antérieures, c'est-à-dire vers tout ce qui peut témoigner, d'une manière ou d'une autre, de la période qui l'intéresse.

C'est le recours, sans surprise, aux documents écrits ou matériels : archives, monuments, Mémoires, presse (si l'époque étudiée en avait), témoignages volontaires ou involon­ taires - tout peut constituer une source de connaissances.

[Il.

Les apports possibles de la « mémoire » du passé) La question est de savoir si de tels ensembles de documents peuvent être assimilés à une mémoire, tant dans leurs apports que relativement à ce qu'y cherche l'historien.

Sans doute présentent-ils quelques caractères généraux permettant de les nommer, au moins métaphoriquement, la « mémoire du passé ».

Ils énumèrent des faits qui ont eu lieu, et ils permettent éventuellement de les 71. »

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