MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde. DESCARTES
Publié le 08/05/2012
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Je me considérais, premièrement, comme ayant un visage, des mains, des bras, et toute cette machine composée d'os et de chair, telle qu'elle paraît en un cadavre, laquelle je désignais par le nom de corps. et cependant que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux, qui pourraient couvrir des machines artificielles qui ne se remueraient que par ressorts ?

« Étude d’œuvre-PH00 485 Pour dégager la philosophie de faux problèmes ou surmonter des conf\ usions, Descartes se propose de fonder sa démarche sur des principes indubitables, à la fois clairs et distincts, qui rompent avec des habitudes de pensée trompeuses. C’est l’esprit de l’époque ; le XVII e siècle correspond au passage du savoir ancien à la science moderne comme le montre la révolution g\ aliléenne en astronomie. De son côté il fera avancer la science mathématique ou la physiologie mais c’est en phil\ osophie que sa radicalité nous apparaît le plus nettement. Cependant rien n’est plus difficile que de se dégager des habitud\ es de pensée et des préjugés, c’est pourquoi Descartes sera amené à plusieurs reprises à \ exposer ses principes. Les Méditations développent certains éléments déjà abordées dans le Discours de la méthode de 1637. Préciser, c’est susciter de nouvelles questions ; c’est pourquoi les Méditations appelleront des objections de lecteurs divers auxquelles Descartes répondra. Enfin il reprendra, dans une perspective synthétique, les résultats de ses Méditations dans les Principes de la philosophie , traduits en français en 1647, à l’usage des écoles. C’est le caractère analytique qui est, dans le texte qui nous intéresse, essentiel 1. Il consiste dans la décomposition des problèmes en éléments simples, selon l’ordre. Il n’apparaissait pas suffisamment dans la quatrième partie du Discours qui traitait des mêmes questions métaphysiques ; la fonction de cet écrit était autre : c’était la préface d’un traité scientifique, dès lors la réflexion métaphysique était instrumentale. Le but était de rendre possible une connaissance du monde, délivrée des fausses certitudes antérieures et assurément vraie. Ce qui nous intéresse désormais ce n’est plus seulement de déterminer l’ordre qui convient pour connaître — même \ si cet ordre qui va du plus simple au plus complexe, du plus connu au moins connu, reste nécessaire. Le monde comme objet à connaître n’est plus notre préoccupation principale, ce qui nous intéresse c’est le fondement de la connaissance que je peux en prendre. C’est pourquoi il s’agit de « philosophie première » aussi bien dans le titre latin que français. Le titre latin de la première édition de 1641 peut être traduit par Méditations de René Descartes au sujet de la philosophie première, dans laquelle sont démontrées l’existence de Dieu et l’immo\ rtalité de l’âme . Le titre de la traduction française de 1647 est Les méditations métaphysiques de René Descartes tou- chant la première philosophie, dans lesquelles l’existence de Dieu, et la distinction réelle entre l’âme et le corps de l’homme sont démontrées . C’est de cette édition que provient le titre abrégé que nou\ s employons couramment de Méditations métaphysiques . Descartes précise dans une lettre à l’un de ses correspondants ce qu’il entend par philosophie première : « [je] n’y traite pas seulement de Dieu et de l’âme, mais en général de toutes les premières choses que l’on peu\ t connaître en philosophant par ordre » 2. L’essentiel est là : ce qui est au fondement de la connaissance est l’esprit lui-même \ et les idées qui s’y présentent et non pas, hors de nous, les objets que l’on pose habituellement d’abord. Ce qui prime doit être considéré en premier. Ces méditations sont « métaphysiques » parce que si nous devons réfléchir le statut de nos propres idées et mesurer le rapport qu’elles entretiennent avec le monde, nous ne pouvons — et c’est le point de départ qu’il faut garder en mémoire — directement étab\ lir la coïncidence entre les idées que nous avons des choses et les choses car il faudrait pour ce faire se tenir en\ un lieu différent, neutre, qui ne tiendrait ni de l’un ni de l’autre, et à partir duquel le rapport pourrait être établi. Je n’occupe pas une telle position, je ne peux pas l’occuper : j’ai toujours affaire, quoi que je fasse, à des idées, car le monde que je distingue de moi est bien ce qu’en moi je me représente tou\ jours et d’emblée. Nous verrons alors ce qu’il faut entendre lorsqu’on dit que quelque chose est prés\ ent à ma conscience. J’ai à prendre en considération la relation que j’entretiens avec mes propres idé\ es et non pas d’abord la correspondance des idées aux choses. tude des deux premières Méditations métaphysiques 1. Le caractère de l’analyse est donné par Descartes à la fin des Réponses aux secondes objections : « l’analyse montre la voie par laquelle une chose a été méthodiquement inventée » - c’\ est-à-dire découverte. 2. À Mersenne , 11 novembre 1640. © Cned Ð AcadŽmie en ligne. »
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