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Maurice Ravel

Publié le 22/02/2012

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"Vita Cartesii, écrit M. de Raey, res est simplicissima." On pourrait dire avec plus de raison que la vie de Maurice Ravel fut la plus simple du monde. Descartes a couru mille aventures. Il a connu mainte traverse et les orages de la passion. L'existence de Ravel nous paraît toute unie et presque complètement dépourvue d'événements remarquables. Indifférent et comme étranger aux conflits suscités par son Oeuvre, les seuls drames qui l'aient affecté sont de ceux qui n'épargnent aucun homme : la guerre, la mort de ses vieux parents, pour ne rien dire du mal étrange et cruel qui devait mettre fin à ses jours. On ne découvre aucun conflit, pas même une hésitation à l'origine de sa carrière. S'il est vrai que la France est le pays des problèmes résolus, personne ne fut plus français que Maurice Ravel. Il naquit à Ciboure, sur la Côte d'Argent, d'un père savoisien, originaire de la rive genevoise du Léman, et d'une mère basquaise, mais il vécut toute sa vie à Paris, enfant choyé de ses parents et destiné par son père à la musique, élève docile aux enseignements du Conservatoire, enclin seulement à renchérir sur les exigences de la discipline académique. Ses camarades de la classe Massenet lui ayant répété un adage de leur maître : apprendre son métier, c'est apprendre le métier des autres, il en fit sa règle d'or tout au long de ses études scolaires et au-delà. Persuadé d'ailleurs qu'on n'épuise point la technique et qu'on n'écrit, aussi bien, que pour mieux écrire, on le vit toujours obstinément attaché au principe de l'imitation créatrice qu'il prêchait sans trêve aux musiciens de son entourage : "N'hésitez pas à copier. Si vous avez quelque chose à dire, votre personnalité ne paraîtra jamais mieux que dans les libertés involontaires que vous prendrez avec votre modèle."
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« l'esthétique de l'imposture, renouvelée d'Edgar Poe et de Baudelaire, car le miracle apparent n'est que feintise ; lesmains de l'illusionniste sont pleines d'astuce, ses poches bourrées d'artifices, sa mémoire lourde de références audemeurant le plus naïf des hommes. Magicien ingénu, Ravel ne fait point de différence entre les fruits de la nature et les produits de l'industrie.

La"minuscule montre" du grillon qu'il a chanté dans les Histoires naturelles et l'horloge catalane de l'Heure Espagnole nesont ni plus ni moins artificielles l'une que l'autre : elles sont toutes deux surnaturelles.

C'est dire qu'il se trouvechez lui au royaume de féerie.

Le vert paradis des amours enfantines de son cher Baudelaire lui est une patrie qu'iln'a jamais quittée, du Noël des Jouets à Ma mère l'Oye, de Gaspard de la Nuit à l'Enfant et les Sortilèges.

De là sonprivilège puéril et magnifique de diriger son rêve en fixant sur toute chose le frais regard de la surprise. La surprise.

Toute l'esthétique de Ravel tient dans ce mot.

Tout le surprend ; tout l'invite à surprendre.

Là mêmeest son don, qui est le don de l'enfance. Objectif et crédule, rien n'a jamais terni la pureté, la simplicité du regard ébloui qu'il jetait sur le monde.

Ni latyrannie des instincts, ni la violence des passions n'avaient obscurci en lui ce désintéressement candide qui assurela liberté de l'artiste, le conduit tout droit à la nature profonde des choses et le laisse partout et pour toutdisponible. Contemporain de ces extrémistes de la sincérité qui pour faire l'ange font la bête en mettant l'enfance dans lemétier et la rouerie dans l'âme, un Ravel, à l'inverse, met la rouerie dans le métier et garde son âme enfantine. Au palais enchanté qu'il habite et que garde le génie rigoureux et sensible de la tradition française, Ariel remonte lespendules, Vaucanson prépare les prodiges et les métamorphoses.

Mais par quelle magie les charmes d'Ariel et lesartifices de Vaucanson se fondent-ils en une délectation singulière ? C'est le secret du génie dans le triomphe dumétier.

C'est l'aveu d'un amour qui ne s'exprime qu'en actes, mais que nous pouvons connaître à ses fruits. "J'ai passionnément aimé la musique, disait le vieil Auber elle a été ma maîtresse.

Puis nous avons vieilli ensemble :elle est devenue ma femme..." Maurice Ravel a toujours refusé de se marier.. »

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