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Maurice Merleau-Ponty

Publié le 22/02/2012

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La philosophie de Merleau-Ponty est un effort pour penser l'unité profonde de la conscience et du corps, de l'esprit et de la matière, du sens et du monde. Elle exprime une perspective phénoménologique originale rejetant toute forme d'intellectualisme : s'il n'y a d'être que pour une conscience, il ne s'ensuit pas que le monde soit une simple idée. L'expérience humaine n'est pas celle d'une pure conscience déployant sans résistance le monde et son corps sous son regard : " le monde est tout au-dedans et je suis tout hors de moi ". D'où l'intérêt de Merleau-Ponty pour toutes les dimensions de la vie humaine qui manifestent l'inhérence de la conscience à une matière qu'elle ne domine pas et qui la constitue pourtant essentiellement : la vie anonyme du corps, la perception, l'horizon d'autrui, le langage, l'épaisseur historique et l'art. Dans tous ces domaines, Merleau-Ponty tente de proposer une interprétation de l'être qui dépasse l'alternative de l'en-soi et du pour-soi, de la chose réelle et de la conscience transparente à elle-même : le corps est déjà spirituel, et réciproquement la conscience ne s'affranchit jamais complètement de la facticité qui la fonde. Par ailleurs, cette pensée est toujours solidaire d'une méthode descriptive et d'un style très concrets qui participent déjà du rejet de l'intellectualisme : Merleau-Ponty nourrit sa réflexion de connaissances très précises empruntées aux sciences biologiques et humaines (psychologie, psychopathologie, linguistique) et l'exprime en une langue riche en métaphores, chargée de restituer l'expérience de la manière la plus fidèle possible. Son itinéraire philosophique le conduit d'abord, dans La structure du comportement, à rejeter le matérialisme des sciences biologiques pour élaborer une réflexion sur le vivant s'articulant autour de la notion de structure ; ce point de départ l'amène ensuite à dépasser le dualisme traditionnel de l'âme et du corps pour proposer, dans La phénoménologie de la perception, une vaste méditation sur l'incarnation qui se poursuivra dans toute son oeuvre.   
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« La philosophie de Merleau-Ponty est un effort pour penser l'unité profonde de la conscience et du corps, de l'espritet de la matière, du sens et du monde.

Elle exprime une perspective phénoménologique originale rejetant touteforme d'intellectualisme : s'il n'y a d'être que pour une conscience, il ne s'ensuit pas que le monde soit une simpleidée.

L'expérience humaine n'est pas celle d'une pure conscience déployant sans résistance le monde et son corpssous son regard : " le monde est tout au-dedans et je suis tout hors de moi ".

D'où l'intérêt de Merleau-Ponty pourtoutes les dimensions de la vie humaine qui manifestent l'inhérence de la conscience à une matière qu'elle ne dominepas et qui la constitue pourtant essentiellement : la vie anonyme du corps, la perception, l'horizon d'autrui, lelangage, l'épaisseur historique et l'art.

Dans tous ces domaines, Merleau-Ponty tente de proposer une interprétationde l'être qui dépasse l'alternative de l'en-soi et du pour-soi, de la chose réelle et de la conscience transparente àelle-même : le corps est déjà spirituel, et réciproquement la conscience ne s'affranchit jamais complètement de lafacticité qui la fonde.

Par ailleurs, cette pensée est toujours solidaire d'une méthode descriptive et d'un style trèsconcrets qui participent déjà du rejet de l'intellectualisme : Merleau-Ponty nourrit sa réflexion de connaissances trèsprécises empruntées aux sciences biologiques et humaines (psychologie, psychopathologie, linguistique) et l'exprimeen une langue riche en métaphores, chargée de restituer l'expérience de la manière la plus fidèle possible.

Sonitinéraire philosophique le conduit d'abord, dans La structure du comportement , à rejeter le matérialisme des sciences biologiques pour élaborer une réflexion sur le vivant s'articulant autour de la notion de structure ; ce pointde départ l'amène ensuite à dépasser le dualisme traditionnel de l'âme et du corps pour proposer, dans La phénoménologie de la perception , une vaste méditation sur l'incarnation qui se poursuivra dans toute son oeuvre.

La critique de l'associationnisme et la notion de forme.

La Structure du comportement a pour ambition de " comprendre les rapports de la conscience et de la nature " ; la thèse majeure de cet ouvrage est qu'il y a entre la chose, l'animal et l'homme une différence d'ordre, et qu'aucun de ces modes d'être ne peut se déduire des autres : la vie estabsolument originale par rapport à la matière, et l'ordre humain est lui-même irréductible à l'ordre vital.

Cette thèse est introduite à partir d'uneréflexion critique sur les sciences biologiques et psychologiques.

En ce sens, La structure du comportement correspond chez Merleau-Ponty à ce qui chez Husserl s'appelle la " réduction phénoménologique " : l'enjeu du texte est en effet de passer d'une conception naïve du monde comme nature, acceptant les présupposés réalistes de la science comme des évidences et incluant l'homme parmi les objets naturels, à un point de vuephénoménologique qui envisage toute réalité comme inséparable de la conscience et admet des formes d'être (le vivant et l'homme) irréductiblesau statut de chose matérielle (dont les parties sont caractérisées par l'extériorité mutuelle dans l'espace objectif, et qui est régie par des relations decausalité).

Mais surtout, c'est la démarche de cette réduction qui est intéressante et originale : au lieu de commencer par une mise entreparenthèses abstraite du monde naturel, Merleau-Ponty engage un débat minutieux et informé avec la science de son temps : la psychologie et laphysiologie mettent elles-mêmes en évidence des faits qui, pour être correctement interprétés, réclament l'adoption d'un point de vuephénoménologique.

Quatre théories vont donc être à ce titre discutées : la théorie classique du réflexe, la théorie pavlovienne du réflexeconditionné, la théorie des localisations cérébrales et la théorie béhavioriste de l'apprentissage.

Ces quatre théories ont en commun un préjugéassociationniste, selon lequel la totalité du comportement est construite par l'association de réactions ou de contenus psychiques élémentaires,atomistes.

Merleau-Ponty entreprend tout d'abord une critique de la notion classique de réflexe en se fondant sur les acquisrécents de la Psychologie de la Forme. La théorie du réflexe décompose le comportement " en une multitude de processus partiels, extérieurs les uns aux autres dans le temps comme dans l'espace " : un stimulus objectif,agissant par ses propriétés élémentaires et capté par un récepteur anatomique lui-même localement circonscrit,déclenche causalement dans l'organisme une réaction motrice isolée ; la réponse est associée à l'excitation en vertud'un dispositif préétabli qui est par conséquent aveugle à la signification intrinsèque de la situation vécue parl'organisme et indépendante de l'état global de ce dernier.

Or, les travaux de la Gestalt récusent cette conception atomiste et causale du comportement : l'efficacité d'un stimulus n'est pas liée à sa seule présenceobjective comme partie réelle d'une situation, c'est comme structure qu'il peut devenir réflexogène ; par exemple, laperception d'une couleur ou d'une figure est perception de l' ensemble constitué par la structure différentielle figure- fond ou couleur-fond coloré.

En temps normal, l'organisme ne réagit qu'aux propriétés de forme des situations.

Enoutre, le réflexe n'est qu'en apparence la réitération d'une même réaction : en réalité le trajet moteur accompli est à chaque fois différent compte tenu de la diversité des positions initiales ; le réflexe est donc bien plus qu'unmontage préexistant, une réaction automatique, il manifeste une adaptation réelle à la situation.

Cela implique que la réception des stimuli, loin d'être pour l'organisme un phénomène purement passif, constitue déjàune activité motrice, une " manière propre de s'offrir aux actions du dehors " : " entre l'organisme et son milieu lesrapports ne sont pas de causalité linéaire mais circulaire ".

L'étude des vivants doit donc désormais se fonder sur lanotion de forme : l'organisme est une forme, c'est-à-dire un système où le tout est davantage que la somme de sesparties, dont " les propriétés se modifient pour tout changement apporté à une seule de ses parties et seconservent au contraire lorsqu'elles changent toutes en conservant entre elles le même rapport " phénomènecomparable par exemple à une mélodie (musicale) perçue, altérée qualitativement par tout changement de note maisrestant la même transposée dans une autre tonalité.

Ce concept n'abrite pas une tentative pour ressusciter lescatégories traditionnelles du vitalisme : la forme est une structure indécomposable du comportement et non uneâme ; mais contrairement à ce que voient en elle certains théoriciens de la Gestaltpsychologie (Psychologie de la Forme) , elle ne désigne pas non plus une réalité objective appartenant à la nature, puisqu'elle est indissociable d'un sens perçu et vécu.

Le comportement est forme, c'est-à-dire ni idée, ni chose.

La théorie des localisations cérébrales, qui affirme une correspondance terme à terme et causale entre lesdifférentes zones du cerveau et les différentes aptitudes du sujet (motricité, perception, langage), fait l'objet d'unecritique similaire.

Cette théorie s'appuie sur le fait que des lésions cérébrales déterminées entraînent des troubles. »

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