C) Un lent déclin menant à la crise :
L’âge d’argent se termine donc à la fin des années 60. Cette période aura permis à Marvel de véritablement se faire connaître à l’internationale et de détrôner ainsi le leader jusque là des comics books, DC Comics. Stan Lee devenu le véritable ambassadeur de la firme mais lassé de son poste de rédacteur en chef, prend la place de Marin Goodman à la tête de la firme en 1968. Il est remplacé à son poste par Roy Thomas qui malheureusement n’arrive pas à s’imposer comme son prédécesseur et quitte la firme en 1974. S’ensuit une longue période d’instabilité pour lui succéder : voyant défiler Len Wein, Guerry Conway et Archie Goodman. Tous critiquaient la surcharge de travail et décrivaient le poste comme usant. Marvel doit aussi faire face aux luttes de pouvoir au sein de l’entreprise entre les éditeurs et les dessinateurs notamment pour les scripts et les droits d’auteurs ou royalties. Ces derniers qui poussent Jack Kirby à quitter l’entreprise (car il n’a jamais perçu ses rétributions sur ses personnages de comics). Marvel connait donc certains problèmes d’organisation qui se reflètent dans les résultats de ventes nettement inférieurs Heureusement, l’arrivée du très jeune et talentueux Jim Shooter au poste d’éditeur en chef va permettre une restructuration de la firme. Il met en place une surveillance éditoriale sur le plan créatif pour limiter la liberté qu’avaient les dessinateurs sur les scénarios. Il ne s’arrête pas la et nomme un responsable à la tête de chaque « famille « de titres : X-Men, Spider-Man…Cela permet à la boite de reprendre la direction avec un chef pouvant fixer des objectifs globaux clairs. D’un point de vue créatif, cette période qui s’étend du début des années 70 à la fin du siècle environ n’est pas très prolifique en comparaison notamment avec l’age d’argent des comics. Cette période appelée : l’age de bronze des comics s’étend de l’année 1970 environ au milieu des années 80 est caractérisée chez Marvel par le dessinateur Chris Claremont. En effet, Marvel se repose alors essentiellement sur le succès de la série X-Men que pendant 16 ans, Chris Claremont aura su réinventer tout en introduisant de nombreux personnages devenus par la suite célèbre. Jim Shooter après s’être faché avec les executifs de Marvel sur le problème récurrent des droits d’auteurs qu’il défendait, est remplacé par Tom De Falco en 1987 .Ce dernier considéré comme l’un des responsables de la crise sans précédent que connait la firme à la fin du siècle.
D) De la crise des années 90 au rachat de Marvel par Walt Disney :
Tom de Falco est donc nommé pour remplacer Jim Shooter en 1987. A son arrivée, il bénéficie d’une période très prospère pour l’entreprise, les ventes sont correctes notamment celles des X-Men et de Spider-Man atteignant régulièrement le million d’exemplaires écoulés. Marvel est alors au sommet, De Falco pourtant médiocre a la confiance de ses supérieurs et tous les nouveaux talents se trouvent dans l’entreprise. Mais, une nouvelle fois le problème des royalties refait surface et fait fuir dans un premiers temps la bande des nouveaux talents : Mac Farlane, Jim Lee, Rob Liefield, Silvestri puis Chris Claremont ( à la tête du succès X-Men) , Mike Baron (à la tête du succès de The Punisher) et le dessinateur extrêmement créatif Bob Harras. Tous ces départs se font rapidement ressentir sur le marché. Les résultats commerciaux sont extrêmement décevants. De Falco adopte alors une stratégie quantitative où la qualité des comics est déplorable. On assiste alors à l’implosion du marché et à un véritable crack. De plus, chaque année Marvel perd des milliers de lecteurs lassés. La firme ne trouvant pas de solutions, reconduit De Falco plusieurs fois à son poste et la situation s’empire. Ce n’est qu’en 1995 qu’il est congédié et remplacé par Bob Harras. Cependant, la crise est loin d’être terminé, la firme prend de mauvaises décisions : comme le rachat de Malibu (petite firme concurrente de Marvel) ou encore l’achat d’un réseau de distribution ayant pour conséquence la fermeture de nombreuses boutiques indépendantes. Diamond devient alors l’unique distributeur de comics ce qui est toujours le cas actuellement. Ainsi en 1996, l’entreprise tombe en banqueroute. Personne ne sait exactement quoi faire, les tirages sont lamentables (le tirage maximum étant seulement de 100 000 exemplaires). Les personnages de comics ont du mal à se renouveler. Et il faut attendre l’arrivée de Joe Quesada en 1998 pour enfin avoir une nouvelle vague de personnage comme Daredevil, Les Inhumains… Il est nommé éditeur en chef en 2000 et est l’un des pionniers du dernier âge des comics : Modern age of Comics Books. Il est aussi important de noter que durant cette période qui s’étale de 1985 environ à nos jours, on a assisté à une sorte de passation de pouvoir entre le monde de la BD et celui du cinéma. En effet, depuis la création de la filiale Marvel Studios en 1993, l’adaptation des super-héros au cinéma est bien en marche et se développe fortement.
De tel sorte que aujourd’hui, la partie la plus négligée et aussi la moins rentable n’est autre que celle des comics. En effet, depuis les années 2000, Marvel compte beaucoup plus sur ces licences et surtout le cinéma. Durant la dernière décennie on a vu l’explosion des films de super-héros Marvel au cinéma qui multiplient les records au box-office. A tel point que Marvel constitue maintenant une des plus grosses maisons de production américaines dont l’importance est grandissante. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’en 2009, la multinationale Walt Disney, géant du divertissement dans le monde, rachète Marvel Entertainment pour 4 milliards de dollars.