Marc Aurèle, Pensées pour moi-même: Lorsque tu es offensé par l'impudence d'un homme...
Publié le 25/11/2012
Extrait du document
«
de l'homme à l'égard de sa nature.
À la fin du passage : Marc Aurèle explique que le contentement final de
l'homme se trouve dans la réalisation de sa nature.
C'est la définition même du bonheur qu'il nous expose
là.
Mais sa thèse est surprenante, car il dit que l'homme est fait pour faire le bien tout en montrant qu’il
existe des hommes mauvais.
Comment l’homme dont la nature est de persévérer dans son être peut -il se
détourner du bien, de son propre bien ? C'est la conclusion de sa morale, et cela veut donc dire que toute
action mauvaise n'est qu'une forme d'aliénation.
Quel est le lien entre ce cas de figur e morale, et la philosophie stoïcienne ? Une lecture transversale
du texte s’attache à une phrase phare et centrale pour comprendre toute l’importance de la temporalité au
sein de cette morale : « recueillir le fruit de l'action, dans le moment même de l'a ction ».
Marc Aurèle à travers cette thèse phrase condense toute la portée de sa morale : lorsque vous faîtes une
bonne action, que vous faîtes le bien, vous ne devez pas attendre en échange le moindre
remerciement, la
moindre récompense.
Davantage encore, c'est le fait de faire le bien qui vous procure le plus grand plaisir,
et qui est votre véritable récompense.
Car le bien est ce qui nous fait du bien .
Ce qui est intéressant dans cette formulation, c'est que Marc Aurèle n'hésite pas à prendre à contre-
pied toute la morale populaire, celle qui refuse que nos actes soient gratuits.
Pour les Stoïciens, dont Marc
Aurèle se sent proche en apportant des considérations épicuriennes , la morale qui indique que nous devons
attendre de la reconnaissance de nos actes bons se trompe : la véritable récompense se trouve dans l'acte
même, mais il faut faire un effort de réflexion pour s'en rendre compte.
Il faut recueillir le fruit de l'action,
c'est donc un acte conscient.
En clair , il faut cultiver notre désintéressement, car ce n'est pas naturel chez
l'homme.
Faut-il conclure qu'il est vain de reprocher à un homme sa mauvaise conduite ?
Marc Aurèle tient
une position assez déstabilisante : il dit textuellement qu'il ne faut pas en vouloir à une personne ingrate,
qui ne nous rend pas ce qu'elle nous doit.
Au contraire, c'est à nous que nous devons adresser nos
reproches, parce que ce n'est pas bien d'attendre quelque récompense que ce soit d'un acte bon ? Qu'est ce
que cela veut dire ?
Le contresens à ne pas faire serait de dire que les méchants ont raison contre les justes : Marc
Aurèle ne dit pas qu'il vaut mieux commettre une injustice, plutôt que de la subir.
Il ne dit pas non plus
que la malhonnêteté ne doive pas être punie, et que c'est naturel d'abuser les autres ; ce n'est pas une
philosophie laxiste, qui nie toute sociabilité en oubliant les règles de la vie en communauté.
L’indulgence
que requiert le Stoïcien n’est ni l’impunité ni le pardon.
Elle n’est pas d avantage la marque de faiblesse,
de l’aveuglement, elle est l’expression de la vertu, de la force de caractère dont le nerf est le détachement.
Mais est -il suffisant d’agir avec pureté en vue de la paix de l’âme pour faire face aux impudents ? Nous
trouvons là une des thèses centrales de Marc Aurèle.
Face au comportement vicieux d’autrui, il faut
trouver refuge dans l’apathie, c’est -à -dire la constante nécessité de lutter contre les passions qui nous
envahissent en nous dérobant l’ataraxie, la paix de l’âme.
L’indulgence est ce qui nous préserve de
t e ndances à la pitié, à la générosité qui pourrai ent nous nuire.
Elle est l’attitude qui consiste à éviter de
subir des passions expressément liées à la présence d’autrui, e t de son comport em ent nuisible.
Comment
agir ou plus e xactem ent réagir devant la postur e négative que l’autre adop te à notr e égard ? Il faut
dépassionner nos rapports av ec les autres.
Si l’on doit reconnaître la faibless e d’autrui, cett e
r e connaissance consiste dans une c ertain e mesur e à la sollici tude, mais jamais sur le mode du de la
réponse passionne lle.
La prése nce de l’autre en sa malignité e st pour le sage une épreuve qu’il doit
surmont er pour aguerrir sa vertu.
Aussi, l’apathie est -elle le trait caractéris tique ess entielle de l’homme
ser ein.
Dès lors on compr end mieux quelle est l’attitud e que nous devons tenir fac e au mal : le mal en soi
n’est pas p lus d’ailleurs que le bi en.
Le paradoxe ve ut qui nous soyons à nous -m êmes la se ule cause de
notre propr e malheur.
Nous sommes face à nous -m êmes quand on est confronté au mal, lor sque nous
réagissons par passion face à l’autre.
Ainsi face à la faiblesse des homm es, le sage st oïcien doit se
r e nforcer.
Si autrui me fait du mal c’e st tout simplement la manif estation de la faibless e qui me ronge..
»
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