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MARC AURÈLE (121-180): Le temps de la vie de l'homme

Publié le 25/03/2005

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temps
Le temps de la vie de l'homme, un instant ; sa substance, fluente ; ses sensations, indistinctes ; l'assemblage de tout son corps, une facile décomposition ; son âme, un tourbillon ; son destin, difficilement conjecturable ; sa renommée, une vague opinion. Pour le dire en un mot, tout ce qui est de son corps est eau courante ; tout ce qui est de son âme, songe et fumée. Sa vie est une guerre, un séjour sur une terre étrangère ; sa renommée posthume, un oubli. Qu'est-ce donc qui peut nous guider ? Une seule et unique chose : la philosophie. Et la philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines ; à ce qu'il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge ni par faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache point à ce que les autres font ou ne font pas. Et, en outre, à accepter ce qui arrive et ce qui lui est dévolu, comme venant de là même d'où lui même est venu. Et surtout, à attendre la mort avec une âme sereine sans y voir autre chose que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant. Si donc pour ces éléments eux-mêmes, il n'y a rien de redoutable à ce que chacun se transforme continuellement en un autre, pourquoi craindrait-on la transformation de leur ensemble et sa dissolution ? C'est selon la nature ; et rien n'est mal de ce qui se fait selon la nature. MARC AURÈLE (121-180)

 

Introduction : Marc Aurèle, empereur stoïcien (121-180), pose le problème de la temporalité : faut-il se révolter contre elle ou au contraire l'accepter sereinement avec l'ordre du monde ? 1er moment : la temporalité, que Marc Aurèle pense à l'aide de l'image héraclitéenne du fleuve en mouvement, est cause du changement et d'une instabilité universelle : l'âme, le corps, le monde sont des flux, non des substances permanentes. Il n'existe pas, pour le matérialisme stoïcien, d'âme immortelle comme chez Platon. Cette instabilité de l'Être rend impossible tout lieu existentiel définitif (« Une terre étrangère «) et toute paix intérieure (« une guerre «). Il en résulte une incertitude (« destin difficilement conjecturable «) et une vanité des valeurs temporelles (gloire, célébrité).  

 

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