Malebranche: passions et amitié
Publié le 11/01/2004
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Ce texte de Malebranche constitue une réflexion subtile sur l'amour ou l'amitié en général. Il a pour thème le fondement des " liens " affectifs susceptibles d'" unir " les êtres humains. Il pose le problème suivant : à quelles conditions sont-ils "constants" et authentiquement profonds (ou "étroits") ? La thèse de Malebranche est la suivante : quand le médiateur de la relation humaine est matériel, voire corporel, une affection se crée, mais superficielle et illusoire. Seul le médiateur idéal, que constitue la raison, est source, malgré la froideur et l'abstraction de son universalité, de liens intimes et humains en un sens élevé. L'enjeu du texte est de suggérer, indirectement, que les hommes ne sont pas seulement des individualités étrangères et fermées les unes aux autres, mais qu'au contraire il existe entre eux une liaison ou une unité concrète - grâce à la raison.

« B - TERMES ET ARGUMENTS A DISTINGUER. "Heureux", dans le premier moment : ce terme indique que Malebranche ne défend aucunement l'idée d'un amourabstrait, d'un devoir moral d'aimer autrui : nous aimons en autrui ce qui nous rend heureux. "Passion", dans le deuxième moment, mot répété : sa variabilité essentielle est l'objet même de la réflexion del'auteur dans ce moment. Un "lien pour unir étroitement les coeurs" : c'est la phrase qui résume toute l'intention du texte, dans le troisièmemoment (de "tout cela" à la fin du texte).Le souci de Malebranche est la réalité effective d'une communication intime des sujets humains. La difficulté du texte était de montrer que le fait de donner à la raison un rôle fondateur vis-à-vis de cette intimitén'est qu'un paradoxe apparent. " Inépuisable", "communiquer sans se faire tort", ces formules élucident ce paradoxe : la raison, que je vois en moiautant qu'en autrui, ne suscite de ma part aucune envie ni aucune possessivité. Je suis heureux d'être en relation avec un être dont je reconnais la capacité rationnelle, comme il reconnaît lamienne. III - LES REFERENCES UTILES. L'absence d'"envie" pouvait être rapportée à l'idée de "générosité", que Descartes introduit dans les Passions del'âme . L'idée d'une communication effective par la médiation de la raison, pouvait être prolongée avec la doctrine kantiennedu sens commun ( Critique de la faculté de juger , première partie, paragraphes 20, 21 et 40). IV - FAUSSES PISTES. Considérer que Malebranche "moralise" dans ce texte au sujet de l'amitié, ou qu'il rejette tout usage des biensmatériels, étaient deux conséquences excessives et erronées qu'il fallait éviter de plaquer sur le texte.. »
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- « [...] Par la même raison que nous croyons que tous les hommes reçoivent les mêmes sensations que nous des mêmes objets, nous pensons que tous les hommes sont agités des mêmes passions que nous pour les mêmes sujets [...]. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674.
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