MAINE DE BIRAN : sa vie et son oeuvre

MAINE DE BIRAN, Marie François Pierre Gonthier de Biran, dit (1766-1824). Homme politique et philosophe. A sa mort, Maine de Biran laisse une œuvre imprimée plutôt mince : de brillants Mémoires, quelques articles, et quelques écrits politiques. L'Essai sur les fondements de la psychologie (posthume, 1859) et un important Journal intime (posthume, 1927-1931) reposent, alors inédits, dans la masse considérable d’archives confiées à Joseph Lainé, son exécuteur testamentaire.

En revanche, on connaît bien sa carrière qui se déroule sous trois régimes. Fils d’un médecin de Bergerac, il est garde du corps de Louis XVI mais la Révolution le ramène à sa gentilhommière périgourdine de Grateloup. Successivement avocat à Bergerac, membre du conseil général de son département, sous-préfet de Bergerac (1806), il occupera à Paris des charges parfois ingrates (en 1813 il est membre de la Commission des cinq qui adresse des remontrances à l’empereur). Anobli sous la Restauration, plusieurs fois député de la Dordogne, conseiller d’État, commandeur de la Légion d’honneur, Maine de Biran aura entassé « titres et galons ».

Son trajet intellectuel épouse d’abord celui des Idéologues : dès 1797, il fréquente le salon de madame Helvétius; Destutt de Tracy et Cabanis sont ses amis et il passe l’idéologie au crible de ses premiers Mémoires {Influence de l'habitude sur la faculté de penser, 1802; Mémoire sur la décomposition de la pensée, 1805).

Mais son Journal, depuis le « vieux cahier» (1794-1798) jusqu’à ces pages que le philosophe appelle proprement « mon journal » (1814-1824) auxquelles il faut ajouter les notes intimes prises sur des feuilles volantes et divers carnets, révèle un homme tourmenté par sa gaucherie et les défaillances de sa volonté. Douloureusement, il ne cesse de se reprocher l’abandon de scs « résolutions antérieures » et son absence de « sang-froid », admirant en contrepartie la sagesse stoïcienne qui lui paraît une enviable école de maîtrise de soi.