Machiavel ou les fondements de l'Etat
Publié le 01/08/2011
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Si l'on appelle humanisme une philosophie de l'homme intérieur qui ne trouve aucune difficulté de principe dans ses rapports avec les autres, aucune opacité dans le fonctionnement social, et remplace la culture politique par l'exhortation morale, Machiavel n'est pas humaniste. Mais si l'on appelle humanisme une philosophie qui affronte comme un problème le rapport de l'homme avec l'homme et la constitution entre eux d'une situation et d'une histoire qui leur soient communes, alors il faut dire que Machiavel a formulé quelques conditions de tout humanisme sérieux. Et le désaveu de Machiavel, si commun aujourd'hui prend un sens inquiétant : ce serait la décision d'ignorer les tâches d'un humanisme vrai. Il y a une manière de désavouer Machiavel qui est machiavélique, c'est la pieuse ruse de ceux qui dirigent leurs yeux et les nôtres vers le ciel des principes pour les détourner de ce qu'ils font. Et il y a une manière de louer Machiavel qui est tout le contraire du machiavélisme puisqu'elle honore dans son œuvre une contribution à la clarté politique.
«
Des siècles d'analyse ont réhabilité le penseur, mais ne l'ont
pas totalement acquitté.
En effet, Machiavel ne peut être
compris que si l'on sait qu'il envisage d'abord la fondation,
ou la réforme, de l'État et non son fonctipnnement normal
qui doit, selon lui, être le règne de la loi.
L'apport décisif de Machiavel, ce qui scandalisa la plupart
de ses contemporains, est le refus de référer les règles de la
pensée politique à une morale naturelle ou à un ordre
religieux transcendant.
Il affirme qu'il faut penser la politi-
que sur son plan et il est, en cela, le père de la pensée
politique moderne.
L'homme sans l'État n'est qu'une brute avide et sans
loyauté, sans morale et sans religion.
Seule la vie sous des
lois peut être honnête et libre.
Il y a donc deux situations à
considérer : celle où règne la loi dans laquelle il ne saurait
être question d'utiliser des moyens « extraordinaires »
(Dis., 1-34) et celle où l'État est détruit ou en passe de l'être,
comme, selon Machiavel, c'était le cas dans l'Italie du
seizième siècle.
Florence, dont Machiavel a été l'historien
(Histoires florentines) n'a pas su maintenir ses institutions
républicaines, Milan s'est donnée à une famille d'aventu-
riers, et le Saint-Siège, puissance temporelle, a démoralisé
le peuple à cause de la dépravation des mœurs de sa cour.
Ce peuple si capable de maintenir les institutions
(Dis., 1-5),
quand il vit sous la loi, ne peut accomplir le redressement.
Pour cela un homme seul est nécessaire (Dis., 1-9), capable
de chasser les étrangers (Français, Impériaux, Espagnols),
de réduire au silence les gentilshommes de sac et de corde,
inutiles parasites, et d'unifier l'Italie.
Cet homme, Machia-
vel a cru un moment le trouver en la personne de Laurent II
de Médicis, après en *avoir observé le modèle presque
parfait en celle de César Borgia, mort trop tôt, aventurier
sans scrupules mais génial et qui n'échoua que par mal-
chance.
Ceci explique que Machiavel, fervent républicain,
secrétaire durant quinze ans de la république de Florence,
ait interrompu un ouvrage consacré au gouvernement des
républiques
(Discours sur la première décade de Tite-Live)
pour dédier à Laurent son Prince.
Le héros L'homme qui entreprend d'agir ne peut
et sa virtù avoir qu'un seul mais puissant motif :
la gloire, seule digne du héros.
L'ensem-
ble des qualités requises : audace, courage, détermination,
constitue la « virtù », qui ne renvoie pas, selon Machiavel,
aux qualités du sage ou du saint, et serait mieux rendue en
français par le terme de valeur que par celui de vertu.
La
Fortune étant changeante, l'homme d'action devra faire
preuve d'une remarquable adaptabilité, il devra « régler sa.
»
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