Machiavel et l'Etat: Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live, 1531, I, 9.
Publié le 26/03/2014
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Quelle est la fin, la finalité de la politique comme technique d’obtention du pouvoir ? Machiavel pose que la fin ultime du pouvoir n’est pas le pouvoir lui-même mais l’intérêt collectif pour le bien de la patrie. Le patriotisme est une valeur précieuse puisqu’elle cimente la nation et évite la dissension politique. En effet, pour Machiavel, la discorde interne est le pis ennemi après la présence d’armées étrangères sur le sol natal. Ce qui montre que le diplomate n’est pas aussi éloigné d’un idéal politique tel qu’on le pense habituellement en expliquant sa posture en terme d’opportunisme. Cette fin autorise-t-elle le recours à tous les moyens ? Lorsqu’il est dit que « si le fait l’accuse, le résultat l’excuse «, on entend que les moyens immoraux, donc condamnables pourraient être « excusés «, c’est-à-dire justifiés par la moralité de la fin. Mais la fin légitimise-t-elle les moyens ? La vocation que Machiavel s’assigne est celle de la réflexion sur l’État, c’est-à-dire indifféremment sur la chose publique, le bien commun ou la politique comme communauté politique. Il cherche moins les principes du politique que les conditions de la prise du pouvoir, de sa conservation et de sa fin ultime. Ce qui répond à l’appétit de chacun à vouloir posséder le pouvoir. Car l’art de gouverner les hommes dépend de la conception que l’on se forge de la nature de l’homme.
«
conduire un peuple qui se détourne des qualités de cito yen ? Comment instaurer ou maintenir l’o rdre
politique si les hommes sont peccables ? Et que faire l orsque la m orale échoue à faire respecter les vertus
ré public aines ?
Si la fin politique questionne le renvoi aux moy ens, la politique n’a pas à déduire l’action de règles
ou de principes antérieurs.
Effectivement, la finalité de la politique n’est pas de mettre en place une
doctrine ou une théorie politique, mais de réfléchir pour pouvoir innover, inventer, s’adapter.
« On ne peut
commander la nature qu’en lui obéissant », de même pour le Secrétaire florentin, ce n’est qu’en
comprenant la nature des hommes que l’on peut la diriger.
Le législateur doit créer ou introduire une institution pour faire taire les querelles entre les
puissants et le peuple , entre les diverses assemblées législatives.
Sa virtù , son « habileté » qui n’est pas
une vertu morale mais une disposition à agir selon la situation donnée l’avise de la manière soit de prendre
le pouvoir par la force soit de le conserver par la puissanc e.
La violence est ainsi fondatrice de l’État ou le
moyen de maintenir son existence par -delà les vicissitudes historiques.
Machiavel fait apparaître deux
postulats : l’État ou une institution politique est une nécessité sans quoi le peuple livré à lui -mêm e
verserait dans l’anarchie.
L’État doit être la seule instance ou représentation du pouvoir sous toutes ses
formes q uelque soit le régime politique : monarchique, républic ain, aristocratique, etc.
Parce que
M achiavel est intimement convaincu qu’il v aut mieux n’importe quelle loi plutôt que pa s de loi du tout au
risque d’un retour à la loi de la jungle.
Somme toute , peu importe le contenu de la loi, juste ou injuste,
arbitraire ou justifiée, car la loi a une vocation politique de réguler les caprices des hommes et de susciter
la crainte chez les nobles .
Mais la loi en elle -même n’est pas un pouvoir suffisant , et à défaut de renforcer
la loi, on peut justifier la force.
C’est là la politique du pire.
L’habileté du prince consiste à commencer
par la fin, au double sens du terme : finalité et cessation du pouvoir.
En se plaçant dans l’optique de la
double fin, il convoquera les moyens les plus judicieux pour l’incarner.
Mais Machiavel tout en se frottant
à l’histoir e et à la fortuna, ne désespère pas et pense qu’un régime politique doit avoir pour fin la liberté.
Comment contraindre le peuple à être libre ? Comment force r ceux qui ne craignent pas la force, la
violence à être libre ? Comment convaincre le citoyen à être ou devenir libre face à la tranquillité de
l’esclavage ? Apparemment, le législateur n’a d’autre recours que de jouer sur les passions, sur les désirs
des individus.
Pour Machiavel, la pas sion est en quelque sorte la matière de l’histoire.
Si les hommes
agissent, s’ils sont méchants non en vertu de leur nature, de la nature humaine sur laquelle ne se prononce
pas notre auteur, il n’ en demeure pas moins que plongée dans certaines circonstances (pauvreté, misère,
guerre permanente, etc.) la passion pousse les hommes à l’action et que seule la loi peut faire un individu
un homme de bien.
Toute la question de la fin politique est de savoir comment inciter le peuple comme
corps politique polycéphale à accéder tout à la fois à la liberté et à au bien -être.
L’essence de l’É tat est le pouvoir, plus précisém ent seul l’État peut légaliser la violence politique
ou armée.
Ce qui explique que le législateur doit être « habile ».
Cette habileté doit s’approprier tous les
pouvoirs : législatif, exécutif, judiciaire.
Mais de telle manière que le peuple le reconn aisse comme le seul
et unique dé ten teur du pouvoir.
Mais en concentrant le pouvoir, le prince risque de ne plus le dompter.
C’est pourquoi, il doit apprendre à déléguer le pouvoir.
Contre une certaine lecture tendancieuse,
Machiavel ne justifie pas la t yrannie, le despotisme.
Car l’ « habile législateur » n’exerce pas
arbitrairement le pouvoir.
En effet, le prince conduit les affaires étatiques non pour son seul bien, son seul
plaisir du pouvoir, mais en direction du bien collectif.
La virtù est justement cette qualité de se contenir,
de résister à l’immédiateté du plaisir pour accomplir sa mission.
La différence principielle qui sépare le
prince du tyran est que le premier use du pouvoir pour le bien de l’État alors que le second ne poursuit que
son bon plaisir en réduisant le bien commun au bien privé.
Le républicanisme dans lequel s’oriente ce
texte doit nous aiguill er vers le bien commun.
Machiavel maintien la s tructure sociale de la hiérarchie et
ses exigences tel s que le respect des couches sociales, l’honne ur des magistrats.
Le prince n’est pas pour
autant un homme bon, un homme de bien puisqu’il ne fait pas l’économie de ses intérêts privés car l’État.
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