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Ma perception est-elle une somme de sensations ?

Publié le 30/11/2005

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perception
* perception : vient du latin perceptio, « action de recueillir ». En psychologie, c'est l'acte par lequel l'esprit organise ses sensations et reconnaît un objet extérieur. C'est aussi le résultat de cet acte. * indivise : qui ne peut pas être divisé, partagé. * structure : construction, composition, forme. ■ Idée directrice Merleau-Ponty pose ici le problème de la perception : contrairement à une idée répandue, la perception n'est pas « une somme de données » mais une activité synthétique. La dernière phrase du texte vous indique clairement la position de ce philosophe. ■ Structure du texte Nous pouvons distinguer trois parties dans ce texte : * « C'est un lieu commun [...] sur le toucher ». Merleau-Ponty constate un lieu commun : nos cinq sens semblent vivre indépendamment les uns des autres, sans échanger d'informations.
perception

« Merleau-Ponty dira: « Il ne faut donc pas se demander si nous percevons vraiment le monde […] il faut dire aucontraire : le monde est cela que nous percevons » Merleau-Ponty reprend ici une interrogation centrale au problème de la perception, celle du rapport entre laperception du monde et sa réalité.

En d'autres termes, le monde est-il tel que nous le percevons ou notreperception est-elle une reconstruction, voire une déformation du monde ? En effet, nous pouvons nous demander cequi nous assure que le monde est bien tel que nous le percevons.

Si percevoir implique une activité de l'esprit, il sepourrait bien que notre perception comme construction modifie le monde.

Face à cette question qui parcourtl'histoire de la philosophie, Merleau-Ponty va opérer un renversement : se demander si nous percevons vraiment lemonde, c'est poser l'existence d'un monde en soi, indépendant de nous et face à ce dernier un sujet qui perçoit.

Or,c'est ce postulat que Merleau-Ponty va renverser : le monde est en fait « cela que nous percevons ».

C'est donc àpartir d'une redéfinition du monde que Merleau-Ponty va penser la perception.

En faisant de la perception unjugement, on oublie une dimension essentielle de nous-mêmes à savoir notre corps.

Notre exploration du monde sefait d'abord par notre corps qui n'est pas dans le monde comme les choses mais qui est « au monde », qui l'habite ;l'homme n'est pas un sujet face à un objet qu'il juge, mais il est d'emblée plongé dans le monde.

Exister, pour nousne consiste pas à être un simple sujet pensant mais à pouvoir sortir de nous-mêmes.

Tel est le sens premier de lanotion d'existence : « être hors de soi ».

En tant que tel, nous habitons un monde dans lequel nous nous savonsfinis (nous sommes mortels).

Percevoir, c'est d'abord faire l'épreuve de notre finitude, de notre « être-au-monde ».Mais le monde ne prend sens, n'existe que parce que nous l'habitons avec notre corps.

C'est par lui que l'espaceexiste, puisqu'il est ce que mon corps me donne comme toujours déjà-là dans l'expérience du monde.

Notreperception nous donne ainsi la dimension de notre « être-au-monde ».

La dimension sensible et les sensations secoordonnent entre elles pour nous donner le monde.

C'est pourquoi c'est une erreur de se demander si nouspercevons vraiment le monde puisqu'il n'y a de monde que par la perception qui est le jaillissement d'un sensimmanent aux choses et dans lequel s'oriente le vécu.

La perception est notre savoir primordial du réel. C'est un lieu commun de dire que nous avons cinq sens et, à première vue,chacun d'eux est comme un monde sans communication avec les autres.

Lalumière ou les couleurs qui agissent sur l'oeil n'agissent pas sur les oreilles nisur le toucher.

Et cependant on sait depuis longtemps que certains aveuglesarrivent à se représenter les couleurs qu'ils ne voient pas par le moyen dessons qu'ils entendent.

Par exemple un aveugle disait que le rouge devait êtrequelque chose comme un coup de trompette.

Mais on a longtemps pensé qu'ils'agissait là de phénomènes exceptionnels.

En réalité le phénomène estgénéral.

Dans l'intoxication par la mescaline', les sons sont régulièrementaccompagnés par des taches de couleur dont la nuance, la forme et lahauteur varient avec le timbre, l'intensité et la hauteur des sons.

Même lessujets normaux parlent de couleurs chaudes, froides, criardes ou dures, desons clairs, aigus, éclatants, rugueux ou moelleux, de bruits mous, de parfumspénétrants.

Cézanne disait qu'on voit le velouté, la dureté, la mollesse, etmême l'odeur des objets.

Ma perception n'est donc pas une somme dedonnées visuelles, tactiles, auditives, je perçois d'une manière indivise avecmon être total, je saisis une structure unique de la chose, une unique manièred'exister qui parle à la fois à tous mes sens.

MERLEAU-PONTY 1.

mescaline : substance provoquant des troubles hallucinatoires. QUESTIONS 1.

a.

Quelle est la conception de la perception réfutée par Merleau-Ponty dans ce texte et quelle thèse soutient-il ?b.

Quels sont ses arguments ?2.

a.

Expliquez : « chacun [des cinq sens] est comme un monde sans communication avec les autres.

»b.

En vous appuyant sur les exemples dans le texte, expliquez : « une unique manière d'exister qui parle à la fois àtous mes sens.

»3.

Ma perception est-elle une somme de sensations ? Mots clés • lieu commun : banalité, cliché.• communication : « vient du latin communicatio qui signifie « relations, commerce » et communicare, « mettre encommun ».Communiquer, c'est établir une relation avec quelqu'un ou avec quelque chose.

C'est donc échanger des signes.C'est pourquoi communication et information sont étroitement liées.• se représenter quelque chose : former dans son esprit l'image d'une réalité absente, la concevoir, l'imaginer, se lafigurer.• perception : vient du latin perceptio, « action de recueillir ».

En psychologie, c'est l'acte par lequel l'espritorganise ses sensations et reconnaît un objet extérieur.

C'est aussi le résultat de cet acte.• indivise : qui ne peut pas être divisé, partagé.• structure : construction, composition, forme.. »

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