Ma bohème (Fantaisie) d'Arthur RIMBAUD.
Publié le 12/10/2009
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Ma Bohême (Fantaisie)
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d' amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
Rimbaud, rentré de sa première fugue à Paris le 27 septembre 1870, quitte de nouveau Charleville le 7 octobre. Il suit, à pied, la pittoresque vallée de la Meuse pour se rendre en Belgique, se faisant héberger parfois par d'anciens camarades de collège. Son but est d'atteindre Charleroi, où le père d'un ancien élève dirige un quotidien; il espère devenir rédacteur dans son journal. A peu près démuni d'argent, mal vêtu, épuisé par de trop longues étapes, il arrive enfin au terme de son voyage : Depuis huit jours, pavais déchiré mes bottines Aux cailloux des chemins... Reçu aimablement par le directeur du journal, M. des Essarts, il scandalise celui-ci par ses propos révolutionnaires et n'obtient rien. Il reprend la route, plus misérable encore, couchant à la belle étoile, se nourrissant d'un peu de pain et de tablettes de chocolat. A Bruxelles, il trouve refuge chez un ami de son professeur M. Izambard, qui lui achète des vêtements et lui donne de l'argent pour prendre le train.
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