L'usage de la raison est-il une garantie contre l'illusion ?
Publié le 11/02/2004
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«
nous pourrions corriger.
Si tel était le cas, l'illusion compromettrait gravement toute recherche de vérité et rendraitvaine toute prétention au savoir.
C'est d'ailleurs ce qu'affirme le scepticisme, qui voit dans l'illusion, notammentdans l'illusion des sens, la justification de sa théorie.
L'illusion est en tout cas une forme d'épreuve pour laphilosophie, une question qu'elle ne peut éluder, dans la mesure ou elle se définit comme quête et amour de lavérité.
Seule l'illusion des sens peut être vaincue, l'illusion propre au désir ne disparaît jamais totalement.
Ce qui caractérise l'illusion, et la distingue de la simple erreur, est la part de désir qu'elle contient, ou le besoinqu'elle cherche à satisfaire, lorsqu'elle nous fait prendre « nos désirs pour la réalité ».
Selon Nietzsche, par exemple,l'illusion remplit une fonction, celle de protéger du désespoir ou du vide de l'existence.
Renversant la perspective dePlaton, qui, dans La République, condamne l'art comme copie du réel, comme simple apparence mensongère etillusoire, Nietzsche, au contraire, voit dans l'art une illusion vitale.
Freud, à son tour, dans L'Avenir d'une illusion, qualifie la religion d'illusion, non pas parce qu'elle serait fausse, mais par lapart de désir qu'elle contient : désir de retrouver l'image protectrice etrassurante d'un père tout-puissant.
On le voit, dans l'illusion, si nous sommesvictimes, c'est d'un piège que nous avons bâti ou d'un désir non reconnu.
Latache de la philosophie, par rapport à l'illusion, est alors une tacheessentiellement critique.
Non pas qu'il faille condamner l'illusion, ou la détruire,ce qui pas forcément souhaitable, ni possible, mais la philosophie doit enproduire l'analyse et faire la part de ce qui, dans nos jugements oureprésentations, relève de nos désirs et de ce qui relève de la réalité, dans unsouci de lucidité et de vérité.Pour Pascal, pour se débarrasser de l'illusion qu'est le divertissement, qui nousempêche de penser à notre condition d'être faible et mortel, il faut « bienpenser », c'est à dire faire usage de la raison afin d'atteindre la pensée denotre condition misérable.
L'illusion peut donc être vaincue par le « bienpenser », mais ne disparaît pas totalement.
Chez Pascal, on peut considérer que l'illusion du divertissement estbénéfique, car elle nous empêche depenser à notre condition faible etmortelle.
Bien au contraire, elle nousest néfaste, justement parce qu'ellenous empêche de penser à notrecondition misérable.
Donc chez Pascal, la raison, représentée par le « bien penser », est une des conditions pourvaincre l'illusion du divertissement, mais pas pour la faire disparaîtrecomplètement, car le divertissement n'est pas une illusion des sens.Pour Hobbes, dans le Léviathan, la cause première de toutes choses est uneillusion.
Dieu étant cette cause première incompréhensible, Dieu est donc uneillusion.
Pour Marx, la religion est « l'opium du peuple », se situant ainsi dans lalignée des philosophes des Lumières.
Mais il introduit une idée nouvelle : lareligion n'est pas une simple ignorance ; elle est une illusion, qui a unesignification anthropologique.
D'où l'idée d'une
aliénation religieuse, formulée avant Marx, par le philosophe allemand LudwigFeuerbach : Dieu infini n'est que la projection hors de soi des aspirationshumaines que borne l'expérience de notre finitude.
L'homme s'aliène en Dieuparce qu'en lui, il se réalise en un « autre » imaginaire.
On pourra alors, avecMarx, voir dans les frustrations sociales de l'homme la clef de l'aliénation religieuse ; ou bien soupçonner, avecNietzsche, tout ce que révèlent de pulsions morbides et négatives la piété religieuse et le sentiment de culpabilité liéà la hantise du péché.
On pourra également, avec Freud, interpréter cliniquement l'illusion religieuse comme une «névrose obsessionnelle de l'humanité », rejouant indéfiniment et rituellement le meurtre originel du Père.
« Est illusion le leurre qui subsiste, même quand on sait que l'objet supposé n'existe pas.
» Kant, Anthropologie dupoint de vue pragmatique, 1798.
« L'opinion d'Aristote, d'après laquelle la vermine serait engendrée par l'ordure - opinion qui est encore celle du.
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