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Lucrère, De rerum Natura, III, (vers 931-971) - commentaire

Publié le 27/11/2011

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     Traduction    Enfin si la nature des choses faisait soudain entendre sa voix et disait ainsi en personne à chacun de nous, ces invectives :  « Quelle si grande raison as-tu, mortel, pour que tu t'abandonnes à des chagrins trop pénibles ? Quelle raison as-tu de déplorer et pleurer la mort ? Car si la vie passée auparavant et précédente t'a été agréable, et si tous les profits amassés ne se sont pas écoulés comme dans un vase percé et n'ont pas disparu sans reconnaissance, pourquoi ne t'éloignes-tu pas comme un convive rempli de vie et, l'âme tranquille, ne prends-tu pas, imbécile, un repos sans trouble ? Si au contraire tout ce dont tu as joui a péri, gaspillé, et si la vie t'importune, pourquoi cherches-tu à ajouter plus amplement tout ce qui périrait en retour de mauvaise manière et succomberait sans reconnaissance ? Car il n'y a rien que j'imagine désormais et que je découvre qui te plaise : toutes les choses sont toujours les mêmes. Si ton corps n'est plus flétri pour toi par les années et si tes membres accablés ne sont pas abattus, cependant toutes les choses restent les mêmes ; si en vivant tu persistais à vaincre toutes les générations et même plus encore, si tu ne devrais jamais mourir. «  Que réponds-nous, sinon que la nature nous intente un juste procès, et nous expose par ses paroles une cause véritable ?

« (on veut dramatiser la situation : que diriez-vous si…, il dirait : figure qui est impressionnant)La prosopopée est un procédé qui consiste à faire parler un animal ou une chose qui est absente, on fait parlerquelque chose qui ne devrait pas parler.

On peut personnifier des choses, la nature…).

La prosopopée va êtreintroduite, Lucrèce est pédagogue, par l'expression « vocem vitat » (vers 1 et 2).

On notera la mise en valeur del'expression par la distance entre vocem et vitat : vocem dépend de vitat qui se trouve par l'enjambement du versen rejet, ce qui produit un effet d'attente.

Le deuxième verbe : « increpet » (vers 2) montre que la prosopopée estbien annoncée, increpet donne la tonalité.

Et comme le sujet est « natura », on voit bien que la nature estpersonnifiée ; de plus, elle parle, c'est une prosopopée.

Parler, c'est bien, mais encore faut-il qu'il y ait undestinataire.

Elle apostrophe l'homme dans son caractère mortel ; mais en même temps, il faut un destinataireproche : « tibi » (vers3).

Comment commenter l'emploi de cette prosopopée ? Cela appartient à un caractèrepoétique, création d'un texte philosophique pour un but pédagogique.

D'autre part, d'un point de vue argumentatif,la prosopopée de la nature relève d'un argument d'autorité. 2.

Un discours vigoureux C'est un discours vigoureux, peu tendre, c'est pas maman nature qui parle à ses bébés, la mère nature ! Elle râle lesenfants !Procédé judiciaire.

Nous l'avons dit, increpet relève de injecture : ce qui fait dire que nous sommes proches dulangage judiciaire, du langage de droit : « intere… » (vers 20-21).

La rigueur est également marquée par lesinterrogations que veut rythmer les propos, comme dans un procès.

(nous sommes dans un discours oratoire).

Nousavons l'anaphore de « quid » aux vers 3 et 4, et également l'anaphore de « cur » aux vers 8 et 11.

Phonétiquement,« cur » et « quid » sont des gutturales, un dur son, qui est amplifié aux vers 8 et 9 : la question va être amplifiée.Mais pourquoi vous faites ça ? Vous n'avez pas à le faire.

On retrouve « quid » à nouveau au vers 20, mais ici c'estÉpicure (ou Lucrèce) ce qui montre une correspondance entre les propos de Lucrèce et de la Nature (pédagogique,s'appuie sur sa conversation).Nous avons bien ici des questions oratoires, qui cherchent à réfléchir.

Le lecteur se sent directement concerné,notamment par l'expression du début « alicui nostrum » (vers 2) (toi Lucrèce, moi lecteur, homme).

Et également àla fin : « respondemus » (vers 20) : le lecteur se sent impliqué.Lucrèce cherche bien à impliquer son lecteur, Memius, mais aussi tout lecteur : c'est un moyen de convaincre L'homme face à la mort Deux attitudes se présentent face à la mort selon la vie que nous avons en soi-même, marqué par le parallélisme «si cur » (vers 5, 9) où « si » va s'opposer à « sin ». 1.

La mort comme la fin d'une vie de plaisir Les plaisirs vont être évoqués du vers 5 au vers 7.

« si grata fuit tibi vita » (vers 5) ou « commoda » (vers 7) ou «plenus conviva » (vers 8), simplement, l'homme pour être heureux ne doit pas connaître d'excès de souffrances oude plaisirs : l'excès nuit au bonheur ; alors la mort devient le repos.

Le terme qui la représente comme un repos, «quietem », par sa position finale est mis en valeur : il est en fin de phrase et fin de vers.

Qu'est-ce le repos ?L'absence de trouble (l'ataraxie).

En latin, on utilise « aequo animo » ; alors on pourrait dire que si la mort est unrepos, elle est heureuse, mais selon la philosophie épicurienne, on ne ressent pas la mort, on n'existe plus donc onne ressent plus rien.

Le repos se ressent et pas la mort épicurienne.

Lucrèce utilise ce jugement car la mort commele repos est une image qui parle, c'est poétique, c'est pour aider à convaincre un discours, qui n'a pas cette image.(l'image n'est qu'un vecteur pour atteindre la pensée) 2.

La mort comme délivrance d'un fardeau Toutefois, il y a une opposition entre deux vies possibles : « sin » (vers 10).

Il y a là des mots qui évoquent lefardeau : « offensus » (vers 12), « laboris » (vers 13), et alors qu'avons nous avions « vita grata », ici, la vie est «ingrata » (vers 12) 3.

Une mort acceptable. »

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