Lorsque nous percevons comment savons nous que nous ne rêvons pas ?
Publié le 29/11/2005
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Comme le dit Bergson dans L'énergie spirituelle, "dormir c'est se désintéresser". La pensée onirique nous apparait comme un pensée qui a rompu ses liens avec l'action. Lorsque nous énonçons le thème du rêve ou rêverie , nous entendons presque naturellement, que celui ci ne renvoie en rien à la réalité. Malgré cela , un rêve n'a rien d'irréel : tout homme dort, donc chacun rêve, et cela est tout sauf illusion.
Nous savons bien évidemment que la présence réelle des objets extérieurs distingue le rêve de l'état de veille, mais quand nous percevons, comment savons nous que nous ne rêvons pas? Comment, et que perçoit-on du réel? Percevons nous dans les rêves pour autant? Et si à l'instar des sceptiques, nous ne pouvons douter que le monde dans lequel nous vivons est réel, quels critères peuvent nous permettre de distinguer rêve et éveil?
«
Et deuxièmement, on peut d'une manière générale estimer que même lorsqu'on perçoit des objets extérieurs, ce nesont peut-être toujours que des images de ces objets que nous percevons, et jamais les objets eux-même.
Peut-être alors qu'au simple niveau de la perception, je ne peux pas savoir si je rêve ou pas.
b) le doute est permis
En constatant que les perceptions lors des rêves sont du même ordre que les perceptions en état de veille,puisqu'en effet on peut effectivement croire qu'on est éveillé alors qu'on dort, peut-on réellement « savoir », quandon perçoit, qu'on ne dort pas ? Il est possible d'en douter.
DESCARTES, Méditations métaphysiques , Première Méditation.
« Combien de fois m'est-il arrivé de songer, la nuit, que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dans mon lit ? Il me semble bien à présent que ce n'est pas point avec desyeux endormis que je regarde ce papier ; que cette tête que je remue n'est point assoupie ; que c'est avec desseinet de propos délibérés que j'étends cette main, et que je la sens : ce qui arrive dans le sommeil ne semble point siclair ni si distinct que tout ceci.
Mais, en y pensant soigneusement, je me ressouviens d'avoir été souvent trompé,par de semblables illusions.
Et m'arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a point d'indicesconcluants, ni de marques assez certaines par où l'on puisse distinguer nettement la veille d'avec le sommeil, quej'en suis tout étonné ; et mon étonnement est tel, qu'il est presque capable de me persuader que je dors.
»
Descartes note bien que l'état de veille est en effet plus clair que le rêve, dont les perceptions sont moinsdistinctes.
Toutefois, dans la première de ses « Méditations métaphysiques », il ne voit pas « d'indices concluants »permettant de savoir qu'on ne rêve pas lorsqu'on perçoit.
TRANSITION : Toutefois la perception peut-elle être réduite au fait que des images se présentent à l'esprit ? En faisant cela, il serait alors même impossible de distinguer sensation et imagination.
Ne peut-on pas en fait « savoir »que tel objet est perçu, tandis que tel autre est imaginé, comme lors d'un rêve ? DEUXIEME PARTIE : La contribution de l'entendement a) Sensation et perception Il ne faut pas confondre sensation est perception.
Un objet vu est-il un objet perçu ? Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui distingue la perception de la sensation ?On peut penser, avec Alain, que la perception est une « interprétation » des sensations.
Elle est donc déjà une« fonction d'entendement ».
ALAIN, La passion et la sagesse . « On soutient communément que c'est le toucher qui nous instruit, et par constatation pure et simple, sans aucune interprétation.
Mais il n'en est rien.
Je ne touche pas ce dé cubique, Non.
Je touche successivement desarêtes, des pointes, des plans durs et lisses, et réunissant toutes ces apparences en un seul objet, je juge que cetobjet est cubique.
Exercez-vous sur d'autres exemples, car cette analyse conduit fort loin, et il importe de bienassurer ses premiers pas.
Au surplus, il est assez clair que je ne puis pas constater comme un fait donné à mes sensque ce dé cubique et dur est en même temps blanc de partout, et jamais les faces visibles ne sont colorées demême en même temps.
Mais pourtant c'est un cube que je vois, à faces égales, et toutes également blanches, Et jevois cette même chose que je touche, Platon, dans son Théétète, demandait par quel sens je connais l'union desperceptions des différents sens en un objet. Revenons à ce dé.
Je reconnais six taches noires sur une des faces, On ne fera pas difficulté d'admettre que c'est là une opération d'entendement, dont les sens fournissent seulement la matière.
Il est clair que, parcourantces taches noires, et retenant l'ordre et la place de chacune, je forme enfin, et non sans peine au commencement,l'idée qu'elles sont six, c'est-à-dire deux fois trois, qui font cinq et un.
Apercevez-vous la ressemblance entre cetteaction de compter et cette autre opération par laquelle je reconnais que des apparences successives, pour la mainet pour l'oeil, me font connaître un cube ? Par où il apparaîtrait que la perception est déjà une fonctiond'entendement.
» b) L'entendement juge la perception. En isolant ce qui est strictement perçu par les sens, on obtient simplement des «données ».
Or ces données sontsoumises au jugement.
Lorsque par exemple je vois que les rails du chemin de fers se rejoignent, je ne doutetoutefois pas qu'ils sont en fait parallèles.
Cela signifie-t-il que les sens nous trompent ? Non, car en réalité je ne metrompe que si je « juge » que les rails ne sont pas parallèles.
La sensation n'impose pas que mon jugement s'yaccorde.On peut utiliser cet argument pour supposer que l'entendement, qui participe à la perception, comme on l'a vu avecAlain, peut également juger les sensations.
Une perception est alors peut-être une sensation qui mêle le jugement à.
»
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