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Lorsque la vérité dérange, faut-il lui préférer l'illusion qui réconforte ?

Publié le 12/03/2004

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illusion

La difficulté propre à la formulation proposée est liée à la nature de l'illusion : si celle-ci n'est ni erreur ni simple apparence, elle ne peut faire l'objet d'une adhésion volontaire au sens plein du terme. On ne peut adhérer à l'illusion en connaissance de cause : tout savoir de l'illusion en tant que telle est déjà une vérité et la détruit, en la ravalant par exemple au rang d'apparence trompeuse dont le jugement critique a déjoué le pouvoir.

- Problématisation de l'alternative. Illusion et vérité ne sont pas des contraires (vérité s'oppose à erreur, ou à fausseté). Si la préférence suppose la prise de conscience du pouvoir dérangeant de la vérité, elle atteste un rapport lucide, quoique caché, à la vérité. De même, la valorisation plus ou moins consciente de l'illusion enveloppe un savoir ambigu : la vérité de l'illusion, si l'on ose dire, est d'une certaine façon connue, mais seule est prise en considération, dans le moment présent, la « valeur « de l'illusion au regard de certains intérêts affectifs ou autres. Donc, celui qui, d'une façon ou d'une autre, préfère l'illusion qui réconforte à la vérité qui dérange, sait quelque chose qui est aussi une vérité. Mais ce savoir reste implicite, comme arrêté en chemin dans l'élucidation du vécu : le sens de la vérité est alors éprouvé comme problème au regard du désir de vivre et, si nécessaire, d'accorder pour cela une valeur aux apparences, fussent-elles par moments, et implicitement, éprouvées comme telles.

illusion

« Les formes qu'elle produit sont vouées à la destruction, au retour à l'indifférenciation originelle, et la consciencetragique les resitue dans le jaillissement créateur et destructeur à la fois de toute vie.

Apollon et Dionysos, pourNietzsche, symbolisent le monde de la belle apparence et l'ivresse créatrice de la vie : leur union contradictoire faitalterner création et destruction, et chaque forme accomplie, référée au devenir qui l'a créée, est d'emblée saisiecomme forme destinée à la mort, à la résorption tragique dans le flux du devenir.

La conscience tragique saisit labeauté de la forme, aime les belles apparences d'un amour lui-même tragique car habité du savoir quasimétaphysique de leur disparition prochaine« Le mot d'apollinisme désigne la contemplation extasiée d'un monde d'imagination et de rêve, du monde de la belleapparence, qui nous délivre du devenir ; le dyonysisme, d'autre part, conçoit activement le devenir, le ressentsubjectivement comme la volupté curieuse du créateur, mêlée ab courroux du destructeur ». APOLLON ET DIONYSOS A.

Le rêve et l'ivressePour bien caractériser l'opposition entre les deux états d'esprit, Nietzsche leurdonne des noms de dieux : Apollon représente les arts plastiques (peinture,sculpture et architecture) et Dionysos représente les autres arts (poésie et,surtout, musique).

On peut les décrire par deux états de perte de laconscience, à savoir le rêve pour Apollon et l'ivresse pour Dionysos.

Dansl'illusion du rêve, la réalité du rêve est convaincante mais laisse cependantl'impression de n'être qu'une apparence.

Comme le philosophe se plaît à voirdans la réalité sensible une apparence qui cache une autre réalité, l'artisteapollinien voit dans la réalité du rêve également une apparence.À l'opposé du rêve, l'ivresse brise le principe d'individuation — à savoir ce quifait que le sujet se perçoit comme un être unique, identique à soi — et faitperdre au sujet la maîtrise de soi ; celui-ci renoue alors avec la nature et sesimpulsions originaires.

« L' homme n' est plus artiste, il est devenu oeuvred'art » (chap.

1, p.

30).L'artiste apollinien imite le rêve, l'artiste dionysiaque imite l'ivresse, la tragédieimite les deux à la fois.

L'ivresse des Grecs n'avait rien à voir avec les orgiesbarbares : ils se protégeaient du débordement (hubris) par la mesureapollinienne.

Les fêtes de Dionysos étaient des phénomènes d'art.

Mais ce futun choc pour les Grecs de découvrir la division de l'être entre la nature et l'esprit, dans l'expérience de la musique dionysiaque (chap.

2). B.

L'apollinismeL'antique légende du roi Midas rapporte que le bien suprême pour l'homme serait de ne pas être né et que le seconddes biens, c'est de mourir bientôt.

« Le Grec connaissait et ressentait les terreurs et les atrocités de l'existence : etpour qu'en somme la vie lui fût possible, il fallait qu'il interposât, entre elles et lui, ces enfants éblouissants du rêveque sont les Olympiens » (p.

36).

L'horreur de l'existence est voilée par la médiation artistique.

Homère, « l'artistenaïf », en créant des héros et des dieux pleins de vie, a permis aux Grecs de se voir non pas souffrants, mais beauxet volontaires (chap.

3).L'illusion apollinienne est un mirage sublime.

Apollon donne la beauté aux formes, donne le sens aux rêves, confère àl'individu le sentiment de son unité.

La musique dionysiaque vient renverser ces valeurs en révélant la démesure dela nature (chap.

4).. »

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