Devoir de Philosophie

L'organisation sociale chez Auguste COMTE

Publié le 17/03/2011

Extrait du document

auguste

   C'est uniquement l'esprit de la politique de Comte que nous allons indiquer ici, sans nous embarrasser du détail de ses prescriptions, que leur minutie n'empêche pas d'être vagues. Ce sont surtout les principes généraux de l'organisation sociale qui peuvent nous intéresser ; quant au régime qu'ils appellent ou justifient, un mot suffira.    1° Les principes de la politique. — La politique de Comte est fondée, comme il convient, sur les données de la sociologie. Deux sortes de principes la dominent et en inspirent toutes les considérations, dont les uns résultent plus directement des analyses de la statique sociale, tandis que les autres peuvent être considérés comme des enseignements de la dynamique.

auguste

« formes et pour des fins diverses.

La pensée passe par l'état théologique, l'état métaphysique, l'état positif; l'actionest nécessairement conquérante, défensive et industrielle.

A ces diverses époques de l'histoire, ce ne sont pas lesmêmes hommes qui sont en situation d'exercer la direction spirituelle ou temporelle.

Dans l'état théologique de lapensée, le pouvoir spirituel appartenait aux prêtres ; dans l'état métaphysique, aux philosophes, incapables d'ailleursd'autre chose que de conduire les esprits à l'assaut du passé ; dans l'état positif, il doit appartenir aux savants.

Demême, aux époques de civilisation conquérante, le pouvoir temporel appartenait aux chefs militaires; à l'époqueincertaine et confuse de l'activité défensive ou organisatrice, il tendait à passer aux mains des légistes ; depuis laRenaissance, à mesure que l'industrie devient le but de plus en plus exclusif de l'activité sociale, je pouvoir tend àpasser spontanément aux chefs d'industrie, à la bourgeoisie riche et ingénieuse.

Voilà l'enseignement de l'histoire,qui nous montre à la fois ce qui se prépare spontanément depuis déjà plusieurs siècles et ce qui peut et doit êtreorganisé systématiquement, étant dans l'esprit de notre temps, répondant à notre situation historique. Ce que la réflexion peut ajouter à cet enseignement de l'histoire, c'est la détermination plus précise des organes dece pouvoir nouveau, qui doit être scientifique et industriel.

Car il y a savants et savants, comme il y a industriels etindustriels.

0r, ce que suppose toute direction, c'est une certaine ampleur de vues.

Celui-là sera donc, dans l'ordretemporel ou spirituel, plus apte à exercer une autorité efficace qui, par sa fonction propre, aura à s'occuper d'objetsplus étendus, de considérations plus générales.

Il y a donc, dans chaque ordre, une hiérarchie des pouvoirs, outaxonomie sociale, une classification des fonctions sociales, déterminant l'aptitude ou le droit à l'autorité.

Noustrouvons ici quelque chose d'assez semblable à la classification des sciences.

— Dans l'ordre matériel, celui qui a lesvues les plus amples, c'est celui dont l'activité est plus abstraite et porte sur des signes et non sur des choses.

Telsera donc l'ordre : au plus bas degré, les agriculteurs (non ouvriers, inhabiles à toute autorité, mais les directeursd'exploitations agricoles), puis les manu^ facturiers, les commerçants et les banquiers.

Dans l'ordre spirituel, celuiqui a les vues les plus amples, c'est celui qui prend pour objets de ses études les phénomènes les plus complexes,ceux qui enveloppent tous les autres, les phénomènes sociaux.

Tel sera donc l'ordre : poètes, artistes, savants,philosophes, c'est-à-dire, dans le système de Comte, sociologues.

Banquiers et philosophes, tels doivent être leschefs de la société moderne.

Expliquer les attributions et les fonctions des uns et des autres, c'est passer de laconsidération des principes à l'exposition du régime. 2° Le régime politique et social.

— On aurait de ce régime une idée suffisante, si, faisant abstraction des détails,tantôt ingénieux et plus souvent bizarres, on se rendait compte du mode de désignation des chefs et de l'étenduede leur autorité, ce qui permettrait de caractériser avec quelque précision l'institution sociale rêvée par Comte : onpourrait décider alors si elle serait, comme il le pense lui-même, un régime de vraie liberté ou l'organisation d'uneinsupportable tyrannie. En ce qui concerne le mode de désignation des chefs, la règle est la même dans l'ordre temporel et dans l'ordrespirituel, et elle résulte des principes fondamentaux de la doctrine.

C'est par cooptation que se recruteront lesdirecteurs spirituels ou temporels de la société.

Chaque chef désignera lui-même son successeur.

Cela suppose quele régime naissant est déjà institué et que les chefs en possession du pouvoir possèdent la compétenceintellectuelle et le sérieux moral nécessaires.

La seule difficulté sera dans la première institution.

Mais Comte s'offreà la résoudre en se chargeant lui-même, puisqu'il est parvenu le premier à l'état de pleine positivité, de désigner leschefs du nouveau régime.

Supposons donc le régime normal institué ; voici comment apparaît la société, positive. Au point de vue temporel, chaque république, d'étendue médiocre, pour que les chefs en puissent embrasserréellement tous les intérêts, serait constituée par l'association de deux classes d'hommes, les riches et les pauvres,ou les patriciens et les prolétaires.

Ceux-ci, ne possédant en propre que leur habitation, seraient employés par lespatriciens aux divers travaux de l'agriculture ou de l'industrie.

Ils seraient exactement ce qu'ils sont aujourd'hui, saufqu'ils seraient dénués de tous droits politiques et plus entièrement dépendants, sous les réserves à intervenir, aupoint de vue économique.

Les patriciens, peu nombreux et puissants par leurs richesses, — car le mouvement deconcentration économique, qui est un des traits distinctifs de la civilisation moderne, tend à supprimer les petitscapitalistes, — entreprendraient sous leur responsabilité les œuvres utiles à la prospérité matérielle de la société.Désignés au choix de leurs prédécesseurs, non par la parenté, mais par leur valeur personnelle, morale autantqu'intellectuelle, ils considéreraient leurs offices, quels qu'ils fussent, commerce, agriculture, industrie, comme desservices publics, et ils tiendraient à les coordonner les uns aux autres selon les exigences de l'intérêt commun.

Leprogrès du sentiment social et les lumières apportées par les travaux des philosophes sur les conditions de laprospérité matérielle des nations et de la conquête de la nature par l'homme susciteraient spontanément uneexploitation systématique et coordonnée des richesses naturelles par l'ensemble des chefs d'industrie, assistés deleurs coopérateurs ouvriers.

Ainsi s'établirait quelque chose d'analogue à ce que rêvent les socialistes, avec cettedifférence que l'unité de l'action économique se réaliserait d'elle-même à chaque instant sous l'influence toutintérieure de la science et de la vertu, c'est-à-dire d'une manière libre, mobile et souple.

Ne dépendant que de leurconscience dans la sphère de leur activité économique, les chefs d'industrie seraient, comme leurs ouvriers, soumisdans l'ordre politique à trois d'entre eux, — des banquiers, — qui géreraient les intérêts communs de la république,— la distinction restant d'ailleurs quelque peu flottante de ce qui est public ou privé, en un système où l'agriculture,le commerce ou la banque sont considérés comme des fonctions sociales.

Le trait essentiel et sur lequel on nesaurait trop insister, c'est que la conscience, le sens vif du devoir social, est appelée à chaque instant à suppléerau gouvernement par la force.

La régénération des cœurs engendrerait et soutiendrait d'elle-même le systèmenouveau.

C'est dire que la fonction essentielle de la vie sociale, ce serait la direction morale, et que le pouvoirvraiment premier, c'est le pouvoir spirituel.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles