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Lorenzo Ghiberti

Publié le 26/02/2010

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Ghiberti fut initié à l'orfèvrerie par le second mari de sa mère, qui l'éleva comme son propre fils. Il quitta sa ville natale de Florence pour étudier la peinture à Pesaro, puis y revint en 1401 pour participer à un concours organisé pour la décoration des portes de bronze du baptistère de Florence. Il remporta la compétition et acquit une grande renommée artistique. Il travailla vingt ans à la réalisation de la porte, période durant laquelle il entreprit d'autres oeuvres, dont la statue de bronze du saint Jean-Baptiste commandée par la Compagnie des marchands pour orner une niche de Orsanmichele. Inventeur et précurseur, il initia à Florence, avec cette statue, un nouveau style de sculpture qui fut repris ensuite par d'autres artistes florentins, dont Donatello, qui avait travaillé quelque temps dans son atelier. Ghiberti acheva en 1452 son chef-d'oeuvre, la Porte du paradis du baptistère. Homme d'affaires habile et artiste talentueux, il acquit une fortune qui lui permit d'acheter des terres et de fréquenter l'aristocratie gouvernante florentine, et se lia d'amitié avec l'humaniste Leon Battista Alberti, avec lequel il partageait un même intérêt pour l'art antique. Ghiberti exposa ses idées et ses théories sur l'humanisme en art dans ses Commentaires, traité achevé vers 1447. Il mourut à Florence en 1455, laissant dans ses écrits autobiographiques un témoignage détaillé sur les différentes étapes de sa vie et le rôle ­ d'après lui central ­ qu'il joua dans l'histoire de l'art ("Il s'est fait peu de choses d'importance dans notre pays où je n'ai mis la main en les dessinant ou en les dirigeant…") Au premier abord, Lorenzo Ghiberti semble facile à comprendre : Florentin, artiste de la première Renaissance, sculpteur de bronze, nature poétique, voire suave, inchangée de sa première à sa dernière oeuvre. Simplicité fallacieuse ; en réalité, sa vie d'homme et d'artiste est fort complexe.

« qu'il élabore un nouveau type de relief, qui, partant des figures en ronde bosse du premier plan, va s'atténuant enprofondeur le volume des corps diminuant avec la distance jusqu'à l'arrière plan où elles se détachent à peine sur lefond.

C'est un essai de transposer sur le plan bi-dimensionnel les qualités tri-dimensionnelles de la sculpture,autrement dit de dessiner un relief d'une manière aussi proche que possible de la peinture.

Au même moment,Donatello tend vers le même but.

Mais où Donatello est agité et diffus, Ghiberti demeure intelligible ; figures,espace, action restent distincts et s'équilibrent. Ce nouveau style, que l'on pourrait appeler "relief pictural", allait devenir la cible des attaques des classicistes desXVIIIe et XIXe siècles, qui blâmèrent Ghiberti de l'avoir inventé.

En effet, à partir du Baptême pour les fontsbaptismaux de Sienne (1424 ?-1427), il s'en est constamment préoccupé.

Mais il a su en diversifier et en élargir lespossibilités.

Dans les dix panneaux de sa deuxième porte de bronze, la Porte du Paradis, le "relief pictural" prend denouvelles formes.

Les histoires du Vieux Testament (toutes fondues en 1436) sont placées dans des paysages etdes fonds d'architecture.

L'espace du relief gagne en largeur et en profondeur.

La dorure couvre la plaque entière,figures, paysage et arrière-plan : au lieu de servir à détacher les figures du fond sombre de bronze, elle devient unmoyen de suggérer une lumière subtile, qui pénètre tout.

L'action n'est plus racontée par un seul groupe mais parplusieurs, chacun représentant, dans le même panneau, les épisodes successifs du même récit : Caïn et Abelenfants ; Abel gardant son troupeau ; Caïn labourant ; le sacrifice des frères ; le meurtre ; Dieu maudissant Caïn.

Leprocédé n'est pas neuf.

Ghiberti l'avait probablement remarqué dans des peintures du XIVe siècle, siennoises etapparentées, notamment dans les fresques d'Ambrogio Lorenzetti.

Mais c'est, chez lui, une redécouverte et ill'applique à d'autres fins.

Dans ses panneaux, l'oeil est guidé d'une scène à la suivante et contraint d'explorer à lafois toute la suite des épisodes et toute la profondeur des reliefs.

Lorsqu'il en arrive aux panneaux plus tardifs de saporte, sa manière se renouvelle et s'amplifie.

Il accroît le nombre des personnages jusqu'à cent et au-delà et lesordonne en des compositions grandioses.

Dans le panneau de Salomon et la Reine de Saba, les deux acteursprincipaux occupent le milieu de la scène, flanqués de leurs suites disposées comme les choeurs d'une tragédieclassique, et ce n'est pas par hasard que l'on est porté à de pareils rapprochements : l'espace et le temps ont étéunifiés d'une manière qui eût plu à Racine. Explorer les rapports de la nature et de l'art, narrer une histoire de façon persuasive, élaborer des compositionspeuplées de figures nombreuses, suggérer, dans un relief, profondeur et distances de manière claire et intelligible :voilà les buts principaux de Ghiberti, dans ses dernières années.

Pour y parvenir, il a fait usage de tous les procédéspossibles.

Profondeur et distances ne sont pas simplement indiquées avec approximation.

Elles sont renduesnettement appréciables, comme dans certains panneaux de la Porte du Paradis, par le moyen d'une perspectivelinéaire centrale et d'un fond d'architectures, c'est-à-dire par la création d'un espace tangible où des figuresmesurables affrontent des distances mesurables.

Il use d'un système de proportions pour la figure humaine,manifestant ainsi sa conviction que la réalité, dépouillée et purifiée, est la base de l'art. Dans sa formation, l'art de l'Antiquité, tel que Ghiberti le voyait, a joué un rôle décisif.

Il a connu des oeuvres d'artantiques et s'en est inspiré depuis sa première jeunesse, du temps où il modelait le corps d'Isaac de son relief deconcours, de même que plus tard, lorsque des sarcophages romains l'aidèrent à dessiner plus d'une des têtes deprophètes de sa première porte.

Mais il ne faut pas perdre de vue que, pour les hommes du début du XVe siècle,l'art antique signifiait, à la fois, plus et moins que pour nous.

Sous l'empire des idées académiques du XVIIIe siècle,nous avons tendance à considérer trop exclusivement son aspect classique, l'art grec et la statuaire monumentale.Le XVe siècle ne connaissait guère la statuaire monumentale, ignorait l'art grec et ne se faisait aucune idée précisede l'essence de l'art antique.

Il connaissait des s sarcophages, des pierres taillées et des monnaies, et presqueexclusivement l'art romain : il y voyait une matière offerte à la libre interprétation, pleine de variété, fabuleusementriche et offrant la solution de presque tous les problèmes imaginables.

Cette opinion s'affirme de plus en plus après1420.

Il n'est donc pas surprenant que Donatello ait surtout vu, dans les oeuvres antiques, des corps massifs, dumouvement, une expression dramatique, alors que, au même moment, Ghiberti en avait une vision très différente.Les panneaux de la Porte du Paradis sont remplis de personnages élancés et gracieux, marchant d'un pas léger, telsdes danseurs.

Leurs bras et leurs jambes se meuvent avec aisance ; ils sont couverts de vêtements transparents ;des voiles flottent sur leur tête.

Un grand nombre de ces personnages sont pris aux sarcophages et bas-reliefsromains.

Le sculpteur varie des thèmes antiques et, dans ses mains, les modèles romains, souvent pauvres,acquièrent une grâce et une élégance dont les originaux sont dépourvus.

Mais en même temps il invente égalementses propres types et attitudes, toujours dans l'esprit de l'Antiquité : Caïn se tenant devant le Seigneur comme unberger grec est évidemment une création de Ghiberti, tout comme les quatre femmes attendant la naissance deJacob et d'Esaü.

L'idée de l'antique ne comporte pas nécessairement, pour lui, la reproduction de certains modèlesspécifiques : elle n'est que le principe essentiel de son interprétation d'un art passé, pris pour fondement du sienpropre, dont il veut le style aisé et délicat, les anecdotes plus poétiques que dramatiques, les personnages dégagésse mouvant légèrement et rapidement à travers le vaste espace d'un "relief pictural", la composition enrichie denombreuses figures placées dans des paysages profonds ou d'élégantes architectures all'antico. Sous bien des rapports, semblable conception de l'antique, quant aux figures, au mouvement, à l'architecture,s'apparente singulièrement à celle de Leone Battista Alberti ; et le procédé particulier de perspective linéaire quiapparaît dans la Porte du Paradis se trouve être précisément celui qui est décrit dans le Della pittura, rédigé en1435, à Florence, exactement au moment où Ghiberti sculptait sa porte.

Dans quelle mesure le sculpteur était-ilsous l'influence d'Alberti ? Ou dans quelle mesure le grand humaniste codifiait-il des concepts surpris dans lesouvrages de Ghiberti et d'autres artistes florentins ? Le problème demeure jusqu'ici sans réponse ; mais il est certainque Ghiberti, l'artiste, et Alberti, l'humaniste, étaient proches l'un de l'autre, fait qui jette une vive lumière surcertain côté de la personnalité de notre sculpteur.. »

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