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L'ordre rationnel

Publié le 05/01/2020

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« L'esprit humain, écrit dans ce même sens Cournot, est gouverné par certaines règles, conçoit et juge les choses d'après certaines idées et certains principes que sa constitution lui impose, et qui ne peuvent venir ni des sens, ni de la mémoire, ni de la conscience ». Nous retrouvons l'idée d'une autonomie, qui n'est pas une indépendance. C'est dans son rapport avec la notion d'ordre que réside la cause de ce mélange d'autonomie et de dépendance.

 

Cournot fait remarquer que « l'idée de l'ordre... porte en elle-même sa justification et son contrôle. Pour savoir si nos autres facultés nous trompent ou ne nous trompent pas, nous examinons si les notions qu'elles nous donnent s'enchaînent ou ne s'enchaînent pas suivant un ordre qui satisfasse la raison ; mais l'idée de l'ordre ne peut nous être donnée que par l'ordre lui-même; et s'il était possible qu'elle surgît dans l'esprit humain indépendamment de toute manifestation d'un ordre extérieur, elle ne pourrait tenir devant la perpétuelle manifestation du désordre. Par cela seul que nous avons la faculté de la raison, et que cette faculté n'est pas condamnée à l'impuissance ou étouffée dans son germe par le défaut d'exercice, nous devons croire que l'autorité qu'elle s'arroge est une autorité légitime » (Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, p. 130).

 

Qu'est-ce à dire, sinon que l'autorité de la raison ne se soutient que dans son exercice, lorsqu'elle saisit « la raison des choses, ou l'ordre suivant lequel les faits, les lois, les rapports, objets de notre connaissance, s'enchaînent et procèdent les uns des autres » ? La raison s'érige en juge suprême, mais son autorité n'est légitimée que par son application à un ordre qu'elle découvre en elle-même ou dans les choses. Tout au plus peut-elle remettre de l'ordre. Elle ne saurait le créer. On comprend que Cournot

« construit les cerveaux des hommes, puis ordonné les choses en conséquence ». Ce n'est pas le monde qui est à l'image de notre raison, mais l'inverse : « je crois plutôt, affirme Galilée, que la nature a d'abord produit les choses à son gré, puis fabriqué la raison humaine en la rendant capable de découvrir (quoique non sans peine) une partie de ses secrets » (Clavelin, op. cit., p. 400).

 

Là, Descartes se montre plus audacieux, qui « considère l'enchaînement cognitif des choses, et non la nature de chacune » (Règles pour la direction de l'esprit, 6). C'est le procédé de la méthode : « disposer toutes choses sous forme de séries, non pas en tant qu'on les rapporte à quelque genre d'être..., mais en tant qu'elles peuvent se connaître les unes à partir des autres » (id., 5). Comme le recommandera le Discours de la Méthode, « conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, et comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés ; et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres » (deuxième partie, troisième précepte). L'ordre rationnel et déductif du connaître supplante l'ordre naturel de l'être. Ainsi Descartes en arrive à privilégier systématiquement l'ordre des raisons sur l'ordre des matières (à Mersenne, 24 déc. 1640).

 

Descartes pousse très loin la modélisation abstraite de l'expérience. L'explication rationnelle des propriétés des êtres n'a pas, selon lui, à s'inquiéter du mécanisme effectivement employé par la nature, du moment que les causes que nous imaginons suffisent à rendre compte des effets observés : « Et je croirai avoir assez fait, si les causes que j'ai expliquées sont telles que tous les effets qu'elles peuvent produire se trouvent semblables à ceux que nous voyons dans le monde, sans m'enquérir si c'est par elles ou par d'autres qu'ils sont produits » (Principes, IV, 204). Rationalisme d'ailleurs assez pragmatique : « Même je crois qu'il est aussi utile pour la vie, de connaître des causes ainsi imaginées, que si on avait la connaissance des vraies... ». Mais Descartes n'en reste pas là, et réconcilie la raison avec le réel. D'abord, il lui semble très peu probable que la raison humaine déchiffre la nature avec autant

« L « construit les cerveaux des hommes, puis ordonné les choses en conséquence ».Ce n'est pas le monde qui est à l'image de notre raison, mais l'inverse : «je crois plutôt, affirme Galilée, que la nature a d'abord produit les choses à son gré, puis fabriqué la raison humaine en la rendant capable de découvrir (quoique non sans peine) une partie de ses secrets » (Clavelin, op.

cit., p.

400).

Là, Descartes se montre plus audacieux, qui « considère l'enchaînement cognitif des choses, et non la nature de chacune » (Règles pour la direction de /'esprit, 6).

C'est le procédé de la méthode : « disposer toutes choses sous forme de séries, non pas en tant qu'on les rapporte à quelque genre d'être ...

, mais en tant qu'elles peuvent se connaître les unes à partir des autres » (id., 5).

Comme le recommandera le Discours de la Méthode, « conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, et comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés; et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres » (deuxième partie, troisième précepte).

L'ordre rationnel et déductif du connaître supplante l'ordre naturel de l'être.

Ainsi Descartes en arrive à privilégier systémati­ quement l'ordre des raisons sur l'ordre des matières (à Mersenne, 24 déc.

1640).

Descartes pousse très loin la modélisation abstraite de l'expérience.

L'explication rationnelle des propriétés des êtres n'a pas, selon lui, à s'inquiéter du mécanisme effecti­ vement employé par la nature, du moment que les causes que nous imaginons suffisent à rendre compte des effets observés : « Et je croirai avoir assez fait, si les causes que j'ai expliquées sont telles que tous les effets qu'elles peu­ vent produire se trouvent semblables à ceux que nous voyons dans le monde, sans m'enquérir si c'est par elles ou par d'autres qu'ils sont produits » (Principes, IV, 204).

Rationalisme d'ailleurs assez pragmatique : « Même je crois qu'il est aussi utile pour la vie, de connaître des causes ainsi imaginées, que si on avait la connaissance des vraies ...

».

Mais Descartes n'en reste pas là, et réconcilie la raison avec le réel.

D'abord, il lui semble très peu pro­ bable que la raison humaine déchiffre la nature avec autant. »

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