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L'opinion peut-elle subsister à côté de la science ?

Publié le 31/07/2010

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L'opinion et la science sont deux moments d'une même réalité. a)  Aristote postule un dualisme dans le réel : il y aurait un monde des choses éternelles, le monde supra-lunaire, et un monde des choses contingentes, le monde sub-lunaire. Toutefois, cette conception du réel est discutable, et il serait peut-être préférable de concevoir le monde comme un tout, et non comme un monde en deux parties. Cela pose toutefois problème, puisqu'il devient alors difficile de rendre compte du pouvoir rationnel de l'homme : sur quoi s'exerce-t-il et d'où provient-il s'il n'y a pas de monde supra-lunaire, et si le monde sub-lunaire est contingent ? b) Pour répondre à cette question, nous pouvons emprunter à  Hegel. Ce dernier écrit dans les Principes de la philosophie du droit, que « le réel est rationnel, et le rationnel est réel. « Ainsi tout ce qui concerne le réel est un déploiement de la raison, et tout ce qui est rationnel se déploie dans le réel. Le concept a donc une réalité propre, il n'est pas pure abstraction et, en retour, le réel est l'effectivité du concept. Ce faisant, il agit sur le concept et lui donne forme dans son mouvement. Il y a donc une légitimité de l'exercice de la raison dans le monde du devenir, car ce monde du devenir est fait de la raison qui devient elle-même.

 

Analyse du sujet :

 

-          L’opinion et la science s’opposent traditionnellement en cela que l’opinion est une connaissance qui ne porte pas sur la vérité mais sur ce qui semble être, alors que la science est censée pénétrer la vérité des objets qu’elle étudie.

-          De la sorte, la tradition considère généralement que la science chasse l’opinion des domaines qu’elle étudie, et ainsi science et opinion ne pourraient s’accorder ensemble.

-          Considérer que la science et l’opinion pourraient subsister l’une à côté de l’autre, cela reviendrait à penser que la science ne serait pas capable d’obtenir la vérité sur certains pans du réel, et qu’il faudrait donc les laisser à l’opinion.

-          Cela nous amènerait à nous interroger sur la portée de la science : est-elle capable de rendre raison de tout ou est-elle limitée ?

-          On pourrait imaginer par ailleurs qu’il ne s’agisse pas d’un aveu d’impuissance de la science, mais d’un domaine qu’elle n’a pas encore eu le temps de conquérir et qu’elle laisse donc à l’opinion en attendant mieux.

-          L’opinion pourrait aussi constituer les premiers pas de la science, elle pourrait être justement ce qui mettrait en avant un questionnement appelant la science après elle.

 

 

Problématisation :

 

Pour que la science et l’opinion subsistent l’une à côté de l’autre, il faudrait que la science renonce à sa volonté de connaissance dans certains domaines qu’elle laisserait à l’opinion. Car là où la science passe, elle est censée détruire l’opinion sur son passage pour amener la certitude. Mais pourquoi la science renoncerait-elle à sa soif de connaissance ? Pourquoi respecterait-elle l’opinion, qu’elle a l’habitude de combattre, et dont elle sait les effets nocifs ?

 

« 2. réalité se divise en régions distinctes dont chacune relève d'un savoir propre.

Ainsi n'argumente-t-on pas en éthique avec lesmêmes outils conceptuels qu'en arithmétique.

Il écrit ainsi que « pour chaque genre, de même qu'il n'y a qu'une seule sensation,ainsi il n'y a qu'une seule science, comme, par exemple, une science unique, la grammaire, étudie tous les sons articulés.

»(Métaphysique , livre gamma, 2, 1003b 19-22) b) Il subsiste en l'occurrence un genre dans lequel on ne peut raisonner à l'aide de la rationalité qu'on utilise dans les sciencesthéoriques : le genre de la praxis , c'est-à-dire la pratique, le genre qui porte sur les actions humaines.

Dans le domaine de la pratique, on est obligé de s'en remettre à des « opinions de poids » qu'il appelle des endoxa, et qu'il faut comprendre comme des aspects marquants ayant fait leurs preuves et s'étant déposés dans la culture et l'expérience d'un peuple.

Ainsi écrit-il pour ce quiconcerne la politique qu'« il faut avoir été bien guidé par les habitudes prises pour écouter comme il convient un enseignementportant sur les actions belles et justes, et d'une façon générale sur tout ce qui a trait à la politique.

» ( Ethique à Nicomaque , I, 2, 1095b 2-7)c) On comprend ici avec Aristote qu'il n'y a pas lieu de poser une opposition absolue entre l'opinion et la science, mais qu'il s'agitplutôt d'utiliser la méthode la plus adaptée au type de problème rencontré et au type de vérité vers lequel on désire s'acheminer.La science se meut dans la sphère de l'universel, elle est démonstrative et elle renvoie à la certitude logique de la nécessité.

Elleest toute indiquée pour traiter des phénomènes ayant trait à ce qu'Aristote appelle le « monde supra-lunaire », c'est-à-dire lemonde des astres dans lequel tout est éternel et où règne la nécessité et l'harmonie.

Par contre, elle est peu adaptée au mondequ'il qualifie de « sub-lunaire », le monde où vivent les hommes, car ce monde contient toujours une part de contingence commeen témoignent toutes les affaires humaines.Transition : Aristote ne limite-t-il pas les pouvoirs de la science par une méconnaissance du statut véritable de laréalité rationnelle du monde dont il fait l'expérience ? L'opinion et la science sont deux moments d'une même réalité. 3.a) Aristote postule un dualisme dans le réel : il y aurait un monde des choses éternelles, le monde supra-lunaire, et un monde deschoses contingentes, le monde sub-lunaire.

Toutefois, cette conception du réel est discutable, et il serait peut-être préférable deconcevoir le monde comme un tout, et non comme un monde en deux parties.

Cela pose toutefois problème, puisqu'il devientalors difficile de rendre compte du pouvoir rationnel de l'homme : sur quoi s'exerce-t-il et d'où provient-il s'il n'y a pas de mondesupra-lunaire, et si le monde sub-lunaire est contingent ?b) Pour répondre à cette question, nous pouvons emprunter à Hegel.

Ce dernier écrit dans les Principes de la philosophie du droit , que « le réel est rationnel, et le rationnel est réel.

» Ainsi tout ce qui concerne le réel est un déploiement de la raison, et tout ce qui est rationnel se déploie dans le réel.

Le concept a donc une réalité propre, il n'est pas pure abstraction et, en retour, le réelest l'effectivité du concept.

Ce faisant, il agit sur le concept et lui donne forme dans son mouvement.

Il y a donc une légitimité del'exercice de la raison dans le monde du devenir, car ce monde du devenir est fait de la raison qui devient elle-même.c) De la sorte nous pouvons ramener ensemble l'opinion et la science.

Dans son déploiement, le concept connaît plusieursmoments, car le réel consiste en un processus de différenciation, or, ces choses que l'on ressent comme différentes ne sont enréalité que les différents moments d'un mouvement.

Ainsi, toutes les formes de la vie spirituelle, qu'elle soit philosophique,religieuse ou artistique ne sont pas incompatibles, elles constituent simplement différentes étapes dans le déploiement du réel.

Ceprocessus de différenciation procède selon un mouvement que Hegel qualifie de dialectique : d'abord ce mouvement pose unethèse, puis il la nie par son antithèse, et enfin il conserve la première et la deuxième côte à côte tout en les dépassant dans lasynthèse.

Ainsi l'opposition de l'opinion et de la science pourrait être dépassée dans une telle conception rationnelle du réel, où lascience après s'être opposée à l'opinion retrouverait cette dernière dans une synthèse où les deux termes seraient réunis et ainsidépassés.

De cette manière, on pourrait considérer que l'opinion subsiste à côté de la science : il ne s'agirait que de différentsmoments du déploiement du réel qui finiraient par se retrouver et s'enrichir l'un l'autre.

On peut de plus renouer ainsi avec l'espoird'une science de toutes choses.

Conclusion :Nous avons d'abord montré pourquoi l'on pouvait considérer la science comme la stricte opposée de l'opinion.

Ensuite, nousavons nuancé cette affirmation en signalant que pour certains domaines, notamment la vie pratique, l'usage de la science semblaitinadéquat.

Enfin, nous avons essayé de ramener science et opinion côte à côte en les envisageant tous deux comme deuxmoments du déploiement du réel.

Mais cela amène à une autre question : quand bien même cela serait-il possible, faut-il chercherabsolument à avoir une connaissance scientifique de toute chose ?. »

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