L'opinion peut-elle être le guide du pouvoir politique ?
Publié le 09/01/2004
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POUR DÉMARRER Quel est le véritable siège et fondement du pouvoir politique ? Voilà le problème que soulève ce sujet, demandant s'il est possible et surtout légitime que l'opinion, c'est-à-dire ici la pensée dominante qui s'exprime au sein d'une communauté sociale, donne aux gouvernants les directives et les orientations essentielles de leur action. Or, par exemple, quand le pouvoir politique est de type despotique, l'opinion n'a pas d'influence, en principe, sur lui. Par ailleurs, ne négligez pas l'opinion, au sens quasi platonicien du terme, comme intermédiaire entre le savoir et l'ignorance. Cette représentation, bas niveau du savoir, peut-elle donner au pouvoir politique son orientation ? CONSEILS PRATIQUES Définissez avec précision l'origine du pouvoir politique, ce sur quoi il s'appuie, et par conséquent, ce dont il doit tenir compte dans ses choix et ses actions. Vous serez amenés à définir, par conséquent, la nature de « l'opinion publique« qui exerce une influence sur le pouvoir politique. Vous pourrez alors construire un plan de type dialectique, en opposant par exemple la démocratie et le despotisme.
Le sujet s'inscrit dans le cadre d'une réflexion sur les principes de la démocratie et sur les risques qui en découlent : démagogie, inconstance et inconsistance du pouvoir, irrationalité des décisions politiques. Les démocraties doivent résister à la tentation de suivre l'opinion dominante tout en prenant en considération les aspirations du peuple. Enfin ce sujet appelle un examen des conditions et des normes qui doivent inspirer et réguler le fonctionnement du pouvoir politique. La démocratie peut-elle dériver du respect de la loi du plus grand nombre vers la soumission à la dictature de ceux qui se font le plus entendre ?
«
Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à son humanité.
Un État despotique nerègne pas sur des hommes, mais sur des esclaves, c'est-à-dire des êtres quin'ont aucun droit et partant, aucune moralité.
Une volonté qui n'est pas librene pourra jamais être morale : en toutes ses actions, elle sera déterminée àobéir.
L'État ne peut être despotique, ni le pouvoir appartenir au tyran.
Il nepeut y avoir de convention entre d'une part, une autorité absolue, et d'autrepart, une obéissance sans bornes.
Le tyran n'est engagé envers personnepuisqu'il a droit de tout exiger, sans aucune contrepartie, et l'esclave n'aaucun droit, puisque tous ses droits sont les droits du tyran.
Nul ne gagnedans un État qui n'est pas fondé sur un contrat où gouvernants et gouvernéss'engagent réciproquement.
La paix et la sécurité au détriment de la libertépeuvent être une misère.
"On vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ceassez pour s'y trouver bien ?" Si la fin de l'État est le bien commun, c'est à lavolonté générale de le gouverner.
Le passage de l'état de nature à l'état civilest le passage nécessaire du conflit des intérêts particuliers à leur accord.Une société ne peut exister sans un point d'accord quelconque entre lesintérêts de chacun.
Aussi divers et opposés que puissent être ces intérêts,ce point d'accord est politique : c'est un gouvernement de la volontégénérale, et cette volonté générale est inaliénable.
Le pouvoir se transmet,pas la volonté.
L'État raisonnable et bien entendu se fonde donc sur lecontrat social et non sur le pouvoir despotique.
Il s'agit de trouver une formed'association où la personne et ses biens soient défendus et protégés par tous, et dans laquelle chacun s'unissant aux autres reste aussi libre qu'auparavant.
Ce contrat se réduit à une seuleclause : "l'aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits, à toute la communauté".
Son avantage estévident : puisque chacun se donne tout entier, la condition est la même pour tous.
L'égalité est ainsi fondée et elleest positive, puisque personne n'a intérêt, s'il ne veut pas que l'on exige trop de lui, à exiger trop des autres.
Deplus, chacun se donnant à toute la communauté, nul ne se donne àpersonne en particulier.
Les droits des citoyens sont décidés par la représentation de la volonté de tous, laréciprocité est donc absolue.
Ainsi, "on gagne l'équivalent de tout ce qu'on perd, et plus de force pour conserver cequ'on a".Chaque individu peut avoir une volonté contraire aux autres, et surtout différente de la majorité des opinionsexprimées et retenues.
Chacun vise son intérêt particulier qui n'est pas directement celui de l'intérêt et du biencommuns.
L'individu peut estimer que ce qu'il donne à la communauté, est sans contrepartie, et qu'un manque àgagner pour la communauté pèse moins pour elle, que pour lui qui se prive personnellement.
Il peut voir en l'État unsimple être de raison qui lui conférerait des droits, mais à l'égard duquel il importerait peu qu'il s'acquitte de sesdevoirs.
L'individu a tendance à oublier que le pacte ou contrat social est un engagement réciproque qui lui confèredes droits par la contrepartie de ses devoirs.
Il s'ensuit que "quiconque refusera d'obéir à la volonté générale, y seracontraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose qu'on le forcera d'être libre".
De même, toutes les foisque la communauté est consultée pour choisir des élus qui représenteront la volonté générale et établiront des lois,il n'est pas demandé d'exprimer sa volonté particulière et ses propres intérêts, mais la volonté générale, à savoir lebien de toute la communauté.
Quand un avis contraire au mien l'emporte, cela signifie que je m'étais trompé sur lecontenu de la volonté générale.
L'individu et sa volonté particulière doivent donc disparaître au profit de laconscience de la volonté générale.
B - CELA DIT, GOUVERNER AVEC L'OPINION CELA NE VEUT PAS DIRE SE CONFORMER A ELLE.
Ainsi que l'a montré Platon, le politique doit guider la cité et non se laisser guider par elle.
Il faut se méfier également de ceux qui prétendent gouverner par l'opinion car ils pervertissent alors l'idéaldémocratique en pure démagogie.
Le démagogue se fait le miroir des désirs collectifs afin de mieux séduire la cité.
1.
Jules Grévy inaugurant une année le Salon demanda au Comité d'organisation comment il était cette année-là.«Une bonne moyenne », lui répondit-on.
Une bonne moyenne ! excellent ! », dit le Président en se frottant lesmains, « c'est ce qu'il faut en démocratie.
»Le pire danger pour une démocratie, c'est précisément de tomber dans le refus des meilleurs, le mépris de l'élite,l'auto-défense contre les valeurs.
Les démocrates athéniens du Ve siècle avaient accoutumé de dire : « Que nuld'entre nous ne soit le meilleur ! sinon qu'il s'en aille ! » C'est ainsi qu'ils chassèrent Solon.2.
Le gouvernement démocratique, refusant d'imposer des solutions à longue échéance qui risquent d'être malaccueillies par la masse, subsistent en temporisant, en adoptant des mesures provisoires, palliatives, d'unopportunisme que l'on pourrait qualifier d'attentiste.
Ainsi, la première république française devait tomber duCharybde terroriste dans la Scylla thermidorienne.
Ou bien la république de Cromwell ou encore la démocratie de laseconde république française, devaient peu à peu sombrer dans le césarisme le plus démagogique, par absence decourage.3.
Aussi les ennemis de la démocratie comme les Machiavel (Il Principe), les Gobineau, les Maurras, ont-ils beau jeude dire que la République n'est jamais viable et qu'elle fait opprimer l'élite par la masse.
La collectivité de ces «peuples troupeaux » dont parle Nietzsche, de ces « peuples serfs », soumis au déterminisme des trois M (milieu,moment, mode), fait triompher les « moutons » sur les « lions » : dès lors, toute démocratie se veut démagogie.Rien ne peut l'empêcher de suivre sa pente fatale (cf.
: le Calliclès du Gorgias ou le Thrasymaque de la République.
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