l'opinion est-elle un obstacle a la connaissance de soi ?
Publié le 29/11/2005
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L’opinion est une connaissance vague qui se distingue généralement de la science. L’opinion porte donc une interrogation sur le critère de vérité que l’on pourrait avoir sur soi. En effet, nous opposons souvent la connaissance acquise par la science et le raisonnement ayant une valeur sûre et l’opinion qui ne constitue pas une connaissance rationnelle vérifiable. Dès lors l’opinion serait le jouet de l’imagination, des passions. Du point de vue de la connaissance de soi alors l’opinion ferait place à l’orgueil etc. L’opinion serait donc peu fiable et c’est en ce sens que l’on pourrait la considérer comme un obstacle dans la mesure où elle serait une réticence à un regard objectif sur soi. Mais plus radicalement faut-il alors s’interroger sur la possibilité d’une telle connaissance. En effet, comment l’obtenir. C’est à l’aune de ces interrogations que l’on traitera du sujet : « l’opinion est-elle un obstacle à la connaissance de soi ? «
Si l’opinion peut apparaître comme un obstacle (1ère partie), faut-il s’interroger sur son statut épistémologique (2nd partie) et chercher une solution au risque de rendre cette connaissance impossible (3ème partie).
I – Opinion, imagination et orgueil
II – Valeur de l’opinion et connaissance
III – La connaissance de soi comme idéal : positivité de l’opinion
«
ce mode de recherche que l'on peut saisir l'entreprise cartésienne dans les Méditations Métaphysiques , dans la première.
En effet, en cherchant une connaissance sûre et certaine, Descartes par le doute en vient à révoquer toutes ses croyances et ses opinions.
C'est bien un rapport à lui qu'il produit à travers le « cogito ».
Ce que lecogito nous livre, c'est d'abord une pensée se prenant elle-même comme objet de réflexion, une conscience doutantet, par cela même, existant.
Je pense, je suis.
.
En effet qu'est-ce que nous apprend la méthode introspective chezDescartes : que je suis une chose qui pense.
Or qu'est-ce qu'une chose qui pense ? Comme il le développe dansl'article 9 des Principes de la philosophie : « Mais qu'est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense ? Qu'est-ce qu'une chose qui pense ? C'est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veutpas, qui imagine aussi et qui sent.
[…] Par le mot de penser, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte quenous l'apercevons immédiatement par nous-mêmes ; c'est pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, maisaussi sentir est la même chose ici que penser.
» Théoriquement, tout au moins, l'attitude de Descartes pourrait être dite solipsiste.
Bien évidemment, Descartes n'est nullement solipsiste, mais il se produit chez lui une sorte« d'insularité de la conscience ».
La réflexion philosophique s'opère dans la solitude.
L'opinion, si elle est disqualifiée,peut être remplacée par une véritable science.
Cependant, la connaissance de soi est ici limitée à l'âme ou l'esprit sil'on préfère mais ne comprend pas la connaissance du corps.
Or même la question de simple introspection estbeaucoup plus compliqué qu'on le suppose et pose maintes problèmes.c) Cependant, cette connaissance de soi véritable par l'introspection reste impossible et constitue plutôt uneopinion en raison de sa non-objectivité.
En effet, c'est face à de tels problèmes et contre la fausse simplicité del'introspection que va se développer le courant du béhaviorisme.
Ce courant comme le montre le cas de Carol Tavris et Carole Wade dans Introduction à la psychologie est un refus de la méthode introspective car elle est insuffisante et elle ne peut nous garantir des résultats sûrs.
En effet, ils refusent principalement la possibilité d'atteindre uneconnaissance de soi par soi compte tenu des difficultés expérimentales que cela suppose et du risque de non-objectivité.
De plus, la connaissance de soi par soi-même n'amène pas on plus nécessairement à une connaissanceobjective c'est-à-dire à une connaissance utile et cela pour de multiples raisons comme l'orgueil ou l'amour de soi.Avoir une vision objective de n'est pas aisé Transition : Ainsi l'opinion est-elle effectivement un obstacle à la connaissance de soi, mais bien plus, il semble qu'uneconnaissance objective de soi soit tout simplement impossible.
Dès lors, est-ce faire de cette connaissance de soiun idéal ? Ou n'est-ce pas dire encore que l'opinion même si elle est un obstacle est le seul moyen que nouspossédons afin d'avoir une connaissance approximative de soi rejoignant alors la définition de l'opinion que nousavions esquissé dans notre premier moment ? III – La connaissance de soi comme idéal : positivité de l'opinion a) La connaissance de soi est une exigence afin de ne pas rester ignorant de ce que l'on est.
Elle est une marquede sagesse.
Quiconque se connaîtra pourra donc être dit sage.
Cependant cette quête de sagesse, que l'on peutrésumer d'une certaine manière à travers la question : « Qui sui-je ? » reste un idéal, un objectif.
Et c'est bienl'adage ou le précepte que développera Socrate notamment dans l' Alcibiade (de Platon ) en faisant référence à l'inscription sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi même ».
Se connaître, c'est comprendre pourquoij'agis et quelles sont les causes qui me déterminent, autrement dit c'est une science sur l'homme.
Or de ce point devue, il s'agit d'une quête sans fin.
Et opinion ou pas, il semble difficile de pouvoir y parvenir.b) En effet, si l'opinion n'est pas apte à nous une connaissance de nous-mêmes c'est bien plus qu'une connaissancesûre et certaine de soi est impossible.
C'est ce que l'on peut voir avec l'inconscient et la psychanalyse.
Dans le Moi et le ça , Freud définit au sens précis du terme l'inconscient : « L'inconscient désigne pour la psychanalyse le psychisme refoulé.
» L'inconscient désigne donc aussi des éléments latents mais non nécessairement comme c'est lecas de l'activité de censure qui bien qu'inconsciente n'est ni refoulé ni latente.
L'existence de l'inconscient n'estqu'une hypothèse ; or ce qui justifie l'hypothèse de l'inconscient ce sont des faits psychiques aperçus de nous maisqui ne peuvent pas être expliqués par la conscience comme les rêves, les lapsus, les actes manqués etc.
Il s'agitdonc d'attester ou plus exactement, cette hypothèse permet d'inférer donc de supposer une cause non constatéeen elle-même à des faits constatés et saisis comme effets.
Il s'agit donc d'indices qui on valeur de preuve.L'hypothèse de l'existence d'une vie psychique joue donc un double rôle : elle est un principe d'intelligibilité des faitspsychiques observés et aberrants pour la conscience ; mais surtout, elle est un principe de réalité dans la mesureoù elle permet non seulement de comprendre mais pose ou suppose l'existence d'un quelque chose qui a des effetset qui est la cause réelle des faits constatés.
Dans Une difficulté de la psychanalyse il propose : « Qu'une chose se passe dans ton âme [et] que tu en sois de plus averti, voilà qui n'est pas la même chose ».c) Or dans les paragraphes 4 & 5 de section VI, partie IV du livre I du Traité de la nature humaine de Hume nous montre en deux moments essentiels que nous n'avons pas d'intuition du moi vu qu'il n'y en a pas d'impression toutd'abord : que donc l'esprit ne saisit le moi comme une réalité simple et indivisible, et lorsqu'il se cherche, il ne peutjamais tomber sur une perception particulière et dans un second il en viendra alors la conséquence que notre espritest un théâtre, c'est-à-dire que les hommes ne sont que des paquets de perceptions successives où défilent despersonnages sans auteur, sans pièces et sans metteur en scène.
L'identité personnelle est purement fictive.
Il nepeut donc pas y avoir de connaissance de soi puisqu'il n'y a pas d'objet lui correspondant.
Pourtant si elle est fictiven'est pas au même titre qu'une chimère, il y a donc aussi des rang dans les fictions et c'est bien cet ensemble quimarque l'originalité du texte dans l'économie même du premier livre du Traité de la nature humaine.
Mais bien plus,cela signification que si nous cherchons une connaissance de soi, il n'y a bien que l'opinion soumis au jeu del'imagination et de la passion qui peut éventuellement nous renseigner.
Dès lors, l'opinion n'est pas alors à considérercomme un obstacle mais bien comme la seule possibilité d'acquérir une connaissance de soi plus ou moins.
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