Devoir de Philosophie

L'opinion a-t-elle nécessairement tort ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Commençons par déterminer ce qu'il faut entendre par opinion. Disons d'emblée que la philosophie à ses débuts, avec SOCRATE et PLATON, se constitue contre l'opinion. Mieux vaut ne rien savoir que mal savoir ou croire savoir : tel est le message de SOCRATE. Or l'opinion est justement ce mélange de savoir et d'ignorance, ce savoir superficiel qui fait croire à tort à quelqu'un qu'il sait bien une chose, alors qu'il ne la connaît pas bien en réalité. Ce n'est donc pas telle opinion, dans son contenu, qui est fausse, mais la forme même de l'opinion, en général, qui la condamne à la fausseté. Qui a une opinion, en effet, ne prend pas la peine de la vérifier, ne prend pas le temps d'en douter. L'opinion serait-elle vraie dans son contenu, serait donc encore fausse quant à sa forme, en ceci que c'est une pensée sans fondement et qui ne prend pas la peine de se donner un fondement. Ce fondement que la pensée doit se donner à elle-même pour être valable, par conséquent pour être vraie nécessairement et non par hasard, est l'examen réfléchi de ses propres pensées et croyances, leur mise en doute radicale, même, comme on peut le voir chez DESCARTES. Il est donc inutile de passer en revue toutes les opinions pour savoir si elles sont vraies ou fausses.

L'opinion est-elle toujours dans l'erreur ? Se trompe-t-elle inéluctablement ? L'essence même de l'opinion est-elle l'erreur ou peut-elle avoir raison ? Comment passer de l'opinion à la vérité ? Qu'en est-il de l'opinion publique ou politique ?

On optera ici pour un plan progressif, par approfondissement du terme d'opinion.

  • A) L'opinion comme absence de rationalité pure et simple.
  • B) L'opinion comme entre-deux métaphysique.
  • C) L'opinion, le vraisemblable, le probable, l'utile.

« Il est donc inutile de passer en revue toutes les opinions pour savoir si elles sont vraies ou fausses.

Dans sa formemême, c'est de toute pensée qu'on peut dire qu'elle est sans valeur de vérité aucune, en tant que c'est uneopinion. Seul a de la valeur le savoir, qui suppose un usage réfléchi, critique de la pensée, qui suppose aussi des principes etune méthode qui manquent à l'opinion. C'est donc en droit, et non seulement en fait, que l'opinion a toujours tort. Le réquisitoire contre l'opinion est tellement accablant qu'on voit mal, comment tempérer le verdict de nullité à sonégard. Assurément, la valeur de vérité de l'opinion est nulle et seul vaut, de ce point de vue, le savoir vrai, la science d'unechose. Par ailleurs, l'opinion est la pensée la plus facile et la plus rapide.

Celle par exemple qui explique le chômage par laseule immigration - et par conséquent, la pensée du plus grand nombre, celle qui est la cible de toutes lesmanipulations verbales des démagogues. Pour ces raisons, PLATON jugeait bon de ne pas donner droit de cité politiquement à l'opinion, et demandait que lepouvoir soit détenu par les seuls experts. La condamnation philosophique de l'opinion a, on le voit, une portée élitiste et anti-démocratique.

Le tort del'opinion publique est-il si grand que l'on justifie le tort majeur fait au peuple, en l'excluant de la vie politique ? Si le gouvernement ne doit pas aveuglément régler la conduite des affaires sur l'état de l'opinion et les indicesversatiles des sondages, on voit aussi le risque qu'il y a à éliminer de la vie politique l'opinion publique. Qu'elle soit soumise à des pressions ne l'empêche pas d'exprimer la volonté publique, celle du grand nombreanonyme, et un régime démocratique doit tenir compte de cette volonté. Surtout, il s'agit ici d'une volonté, et non d'un simple sous-savoir.

Concernant l'intérêt général, véritable objet de lapolitique, qui en a le savoir ? Les experts sauraient-ils mieux que les gens eux-mêmes ce qui est bien pour eux ? A ceux que l'argument ne convaincrait pas tout à fait, nous proposerons pour finir la pensée d'un autre grandphilosophe de l'Antiquité, ARISTOTE. Celui-ci, contrairement à son maître PLATON, se refusait à tracer une frontière infranchissable entre l'opinion et lesavoir, l'homme du commun et le savant. Il considérait qu'une foule réunie pouvait produire un jugement plus éclairé que l'avis du plus grand expert, attendantbeaucoup de la confrontation et de la composition des opinions. Il y aurait donc un travail de l'opinion qui tiendrait lieu de savoir, en tous cas dans tous les domaines où, commecelui de la politique, le savoir est oeuvre commune et non individuelle. V - DES RÉFÉRENCES POSSIBLES PLATON, Gorgias ARISTOTE, La Politique , Livre 3 DESCARTES, Discours de la méthode , Quatrième Partie VI - LES FAUSSES PISTES - Ne pas voir le présupposé : l'opinion a tort.- Ignorer le statut philosophique de l'opinion et ne considérer que l'opinion publique.Voilà qui pouvait faire passer à côté du sujet. VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles