Devoir de Philosophie

L'oeuvre oicturale de Paul Gauguin

Publié le 26/02/2010

Extrait du document

gauguin

Né à Paris, Gauguin vécut à Lima de 2 à 7 ans, où son père journaliste et sa mère, descendante d'une grande famille péruvienne, s'étaient installés. Revenu en France en 1855, il entretint écolier des rêves de voyages et s'engagea à 17 ans dans la marine marchande, où il passa six années à sillonner le monde. Il entama en 1871 une brillante carrière chez un agent de change et épousa deux ans plus tard sa fiancée danoise Mette. L'intérêt de Gauguin pour la peinture s'était éveillé au contact de son ancien tuteur, Arosa, un collectionneur averti qui possédait des oeuvres de Corot et Delacroix. Peintre autodidacte, Gauguin réalisa ses premiers dessins en 1873, en compagnie d'un collègue agent de change, Émile Schuffenecker. Il prit des cours de peinture, travailla quelque temps avec Pissarro et soumit avec succès en 1876, le Paysage de Viroflay au Salon de Paris. Gagné aux techniques impressionnistes, Gauguin acheta des toiles de Cézanne, de Monet et de Pissarro pour sa propre collection, et fut invité à exposer à leur salon. Cette première consécration de son talent, associée à la crise financière de 1883 l'incitèrent à quitter son poste à la banque, mais également sa femme et ses enfants, pour se consacrer exclusivement à sa carrière artistique. Deux événements marquants allaient influer le cours de sa vie : sa rencontre avec Van Gogh en 1886 et un voyage aux Antilles en 1887. En Van Gogh, il trouva un artiste passionné qui partageait ­ avant sa crise de folie et leur violente altercation ­ sa vision conceptuelle de l'art ; en Martinique, il découvrit le charme chromatique de la vie primitive. A la recherche d'un paradis sauvage, Gauguin s'éloigna des impressionnistes et des thèmes européens pour atteindre son idéal artistique, celui de la représentation "d'une idée", principe fondamental qui le consacrera chef de file du mouvement symboliste. Le peintre partagea la solitude de ses dernières années entre Pont-Aven, Tahiti et les Marquises où il mourut en 1903. Il échut à Gauguin de devenir le héros d'un mythe : celui d'un artiste romantique en révolte contre toute convention, ignorant de tous les sordides détails matériels, sacrifiant à la recherche de la beauté pure toute douceur humaine. En cette fin du XIXe siècle, si peu romantique, il apparaît sur la scène de l'histoire comme une incarnation anachronique de l'idéal romantique. Mais ne voir en Gauguin qu'un disciple attardé de Rousseau, c'est se tromper aussi bien sur Gauguin que sur le romantisme. Il apparaît comme la fleur dernière et la plus exotique de l'arbre planté par Rousseau et arrosé par Byron (sa défense à la Don Quichotte des indigènes des Marquises contre les gendarmes est une action typiquement byronienne), mais son journal âpre et amer nous montre un homme violent, ironique, irritable, suffisant, dont la nostalgie des tropiques était plus sensuelle qu'idéale. "La barbarie est pour moi un rajeunissement", disait-il.

gauguin

« Cette période se caractérise par une série d'évasions de plus en plus brutales.

Le mariage et la fortune furent lespremières victimes du sabordage de sa vie bourgeoise.

Sa femme retourna à Copenhague chez sa famille, etGauguin, abandonné, mais libre, se mit à peindre avec une rage nouvelle.

Il n'eut que peu de succès auprès dupublic, mais il fut cependant remarqué.

Quelques disciples le suivirent à Pont-Aven où il s'installa en 1886.

Mais laBretagne était encore trop civilisée.

En 87, il partit pour la Martinique : le sort en était jeté.

"L'expérience que j'aifaite à la Martinique est décisive", écrit-il.

Il avait été frappé par l'éclat des couleurs, par cette lumière plus claire etplus pure, et il avait été séduit par la vie sauvage.

La maladie le força à retourner en France.

Puis vint la tragiqueaventure du séjour à Arles avec Van Gogh. A ce moment, son art s'est pleinement réalisé, et, en dehors de ses relations avec les écrivains symbolistes qui sontimportantes pour l'histoire de son oeuvre, la France ne lui apporta plus rien que l'hostilité "imbécile" de la sociétébourgeoise. On ne sait quel atavisme primitif l'empêchait d'être heureux dans l'atmosphère hypercivilisée de l'Europe.

En 1891, ilfait voile pour Tahiti où il trouva le stimulant dont il avait besoin, mais ce qui semble paradoxal souhaitant toujoursêtre reconnu en Europe, il retourna à Paris en 1893.

Le monde occidental ne lui parut pas plus compréhensif qu'il nel'avait laissé, et, au début de 1895, Gauguin part de nouveau pour Tahiti, cette fois définitivement. Ses dernières années ne furent qu'une série de catastrophes : il était fréquemment malade et souffrait cruellement,il n'avait pas d'argent, il se disputait avec l'administration locale, il était exploité par les marchands de tableauxparisiens.

Tahiti était gâtée par les missionnaires et l'hypocrisie européenne.

Aussi, en un dernier effort pouréchapper à la civilisation, il se transporte aux Marquises, où il espérait trouver la vie sauvage encore intacte.

Làencore il arrivait trop tard, mais il put jouir cependant de quelques instants de vraie beauté et d'inspiration.

C'est làqu'il mourut le 8 mai 1903.

Il avait continué à peindre jusqu'à la fin et, fait émouvant, sa dernière toile s'intitule :Village breton sous la neige. Gauguin fit montre, dès ses débuts, de dons extraordinaires, dont le moindre aurait suffi à faire la fortune d'unartiste doué d'un tempérament moins démoniaque.

Il avait un sentiment de la couleur aussi rare qu'original.

Sesfigures décoratives étaient fraîches et attrayantes, il créait une atmosphère particulière, il était travailleur etapprenait facilement, il était intelligent, avait un bon métier et savait ce qu'il voulait.

Malgré les quelques conseilsqu'il reçut de Pissarro, on peut dire qu'il n'avait aucune connaissance technique, et, cependant, il parvient en peud'années à peindre des toiles impressionnistes tout à fait correctes. Ses débuts ne sont marqués par aucune sotte révolte.

Il exposa au Salon de 1876 une toile qui lui valut lesencouragements de Manet, et, en 81, Huysmans écrivait : "Parmi les peintres contemporains qui ont travaillé le nu,aucun n'a encore donné une note aussi véhémente dans le réel".

Il paraissait avoir les promesses d'un brillant avenir,et l'on ne s'étonna pas qu'il eût abandonné son premier métier avec un tel optimisme.

Puis vient le tournant décisifde sa carrière : la rupture avec les impressionnistes ; il avait découvert qu'il n'avait rien de commun avec eux.

Nonseulement il méprisait leur vie bourgeoise et sans fantaisie, mais encore sa vision aventureuse repoussait ce qui luiparaissait être un esclavage : leur soumission au sujet tel qu'ils le voyaient.

Ces peintres aimaient à travaillerd'après nature, tandis que le dessin de Gauguin devint chaque jour plus schématique et plus abstrait.

L'art était plusque de la photographie.

"Nous, disait-il, en parlant de son groupe de Pont-Aven, nous cherchions au centremystérieux de la pensée." La pensée, ce dangereux concept, était inconnue des impressionnistes dont les réactions visuelles passaientdirectement de l'oeil à la main.

Mais Gauguin, bien que n'ayant pas bénéficié d'une éducation bien remarquable, étaitun intellectuel.

Ses écrits et ses théories sur l'art et sur la vie sont en réalité une expression plus complète de lui-même que ses toiles.

Mais, malheureusement, il était intellectuel à une époque où le réalisme reléguait l'intelligencedans une tour d'ivoire.

Et ce qui est plus grave encore, Gauguin était un homme d'action.

Il réagit au mysticismeesthétique des symbolistes avec tout l'élan secret de son instinct, et alors que Villiers de l'Isle Adam n'avait nulleintention d'aller vivre dans le château d'Axel, Gauguin, lui partit tout droit pour son paradis tropical. Dans une lettre écrite à la fin de sa vie, il dénonce le symbolisme comme n'étant qu'une autre forme desentimentalité.

Mais, pendant les années qui précédèrent son premier voyage à Tahiti, alors qu'il était en pleinepossession de lui-même, Gauguin subit l'emprise des doctrines symbolistes, et, particulièrement, celle de lasaisissante personnalité du grand-prêtre de l'école : Stéphane Mallarmé. Il est naturel que Gauguin ait été attiré par le culte d'une beauté idéale, accessible seulement par l'art.

Comme lessymbolistes, il pensait que la tâche essentielle de l'artiste est de donner corps à une idée.

Et quant à lui, son idéedominante était celle de la joie réelle ou imaginaire qui résulterait de l'évasion de la civilisation.

"Je ne puis êtreridicule, disait-il volontiers à ses amis.

Car je suis deux choses qui ne peuvent être ridicules : un enfant et unsauvage." Pareille remarque contient évidemment une part d'affectation, mais elle révèle aussi l'opinion sincère etprofonde qu'il avait de lui-même. Du fait de cet idéalisme incertain, les toiles tahitiennes de Gauguin ne doivent pas être interprétées d'une façon troplittérale.

En donnant à ces sombres jeunes filles et à ces rutilants paysages des titres hermétiques et ambigus,Gauguin met l'accent sur leur signification symbolique.

Il émane de ses toiles une impression de mystère, de bonheurintemporel qui était précisément celle que Gauguin était venu chercher à Tahiti.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles