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L'oeuvre d'art est-elle une expression privilégiée de l'esprit ?

Publié le 04/12/2009

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Incipit : Questionner la relation de l’art à l’esprit est un topos de la réflexion philosophique, et ce depuis au moins la théorisation platonicienne du Beau dans le Banquet, mais également dans le Phèdre, etc. Aussi, que ce soit pour s’opposer l’idéalisme de la tradition platonicienne, en revendiquant les passions de l’art, sa matérialité irréductible et son lien à la subjectivité du génie romantique, ou au contraire pour absolutiser l’idéalisme en réduisant l’art à l’incarnation de l’esprit dans la matière (Hegel), ou encore en faire le moyen d’accès au règne idéal de la finalité pure (Kant), la valeur ou le privilège de l’art comme expression de l’esprit met en tension des définitions alternatives de l’art lui-même. Analysons d’abord en quel sens l’art est expression de l’esprit.

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« Introduction L'esprit est immatériel et invisible.

Il s'oppose donc logiquement à la matière.

L'artiste dépasse cependant cetteopposition en donnant à cette dernière une forme qui n'existe que pour le premier.

Sa création lui permet ainsi des'exprimer, en réalisant une oeuvre qui matérialise son idée et rend visible l'invisible.

L'art serait-il donc l'expressionprivilégiée de l'esprit? L'idée paraît belle et d'autant plus vraie que nous refusons.

l'art aux bêtes, qui sont dénuéesd'esprit.

Mais il ne faut pas se leurrer : les fins de l'art ne sont pas nécessairement celles de l'esprit et le premier sedonne plus souvent pour tâche d'impressionner le second que de l'exprimer.

Le trompe-l'oeil est là pour nous rappelerqu'il a moins pour objet l'être et la vérité que l'apparence et l'illusion ; qu'il cherche moins à nous élever et nousinstruire qu'à nous divertir et nous faire plaisir; qu'il s'adresse moins à la pensée et à la raison qu'aux sens et àl'imagination. L'art nous détourne ainsi du réel en produisant des factions : il subjugue, impressionne ou captive l'esprit au lieu delui permettre de s'exprimer librement.

Qu'en est-il donc du rapport de l'esprit à Fart ? En est-il le moyen d'expressionprivilégié, le seul moyen que l'on a de l'étudier, de le connaître au travers d'oeuvres qui en sont la manifestationvisible? Ou est-ce au contraire le plus sûr moyen de l'impressionner, de le leurrer, pour le détourner de ses finsnaturelles en lui en imposant d'autres qui leur sont directement opposées? Il s'agit de savoir si l'art et l'esprit ontune fin commune et peuvent oeuvrer ensemble, en mesurant les conséquences d'une telle association pour l'artisteet l'homme d'esprit.

Qu'en est-il donc de la vérité et de la liberté dans l'art, c'est-à-dire des fins qui sonttraditionnellement celles de l'esprit? Quelle place faut-il attribuer à l'artiste dans la société, si son oeuvre est denature spirituelle? I.

L'art n'est pas une expression de l'esprit, mais une imitation de la nature Ce n'est pas l'art qui est une expression privilégiée de l'esprit nous dit Platon, mais la science et la géométrie enparticulier, dont les schémas y renvoient directement, comme des signes.

Les arts, la peinture, la poésie ou lamusique, ne peuvent exprimer l'esprit qu'en les imitant et en se mettant au service du vrai et du bien.

C'est laconclusion de l'idéalisme platonicien, qui consiste à affirmer l'existence absolue de l'idée. I .

Il faut distinguer la chose et l'idée Qu'est-ce en effet qu'une idée? Eart peut-il en exprimer? Le fait est que les idées ne viennent pas des choses, nousdit Platon : ce sont à l'inverse les choses qui viennent des idées.

Il ne faut pas penser que nous fabriquons les idéesque nous avons des choses à partir des multiples impressions sensibles qu'elles nous font, en procédant parabstraction, c'est-à-dire en éliminant les différences individuelles qui existent entre elles pour ne, retenir que leurspoints communs.

Il faut à l'inverse comprendre que ce que nous appelons les choses, qui nous paraissent si réelles,ne sont en réalité que les multiples exemplaires d'un modèle unique, purement intelligible, dont elles sont les copiesmatérielles, sensibles, éphémères et différentes.

C'est le principe de l'idéalisme qui nous demande d'imaginer, pourmieux le comprendre, qu'il existe un artisan du monde, appelé démiurge, entretenant avec le monde sensible lemême rapport que l'artisan avec son oeuvre.

Comme ce dernier fabrique un objet en imprimant à la matière uneforme qu'il a préalablement conçue et qui n'existe d'abord que dans sa pensée, son homologue divin produit les êtresqui peuplent le monde en prenant pour modèle les idées éternelles qui existent indépendamment de la matière, àlaquelle il donne une forme.

La chose sensible n'est alors qu'une copie de l'idée, purement intelligible, qui en estl'original.

Il faut donc dire que les choses sont à l'image des idées, au sens où elles en sont des copies, desimitations, et qu'elles sont donc elles-mêmes des images.

Elles en sont les projections matérielles, analogues àl'impression sensible que laisserait un cachet appliqué sur une tablette de cire.

L'analogie est une identité derapport, non de terme, et l'empreinte peut être dite analogue au cachet, ou la chose à l'idée, car toutes les partiesde l'un se retrouvent aussi dans l'autre, sous le même rapport, bien qu'elles soient de nature différentes.

Si l'onadmet l'existence de deux mondes, celui des choses, sensibles et matérielles, et celui de l'esprit, des idéesintelligibles et immatérielles, il faut donc dire avec Platon que l'un imite l'autre, que le sensible est à l'image del'intelligible, ou qu'il lui est analogue.

On peut dire qu'il l'exprime, au sens strict du terme : il en est la représentationanalogique et l'idée y est comme projetée hors d'elle-même, dans la matière, où elle apparaît sous une formeparticulière et visible.

Le monde est l'expres sion de l'esprit.

C'est ainsi que son ordre et son sens s'expliquent : le sensible participe à l'intelligible, dont il porte l'empreinte. 2.

L'art a pour objet l'apparence Demandons-nous alors quelle place l'artiste peut occuper dans ce monde fabriqué par un démiurge ? La première,car son art sert de modèle pour en penser l'origine, ou la dernière, parce qu'il n'est justement que le reflet lointaind'un autre, divin, qui l'a précédé? Qu'est-ce ici que l'art?. »

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