L'oeuvre artistique de Albrecht Dürer
Publié le 26/02/2010
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Fils d'une famille d'artisans, pieusement élevé, ses pensées n'avaient presque pas abandonné le domaine religieux ou celui du portrait ; mais à Venise, il fut transporté par la représentation des sujets antiques et des groupes composés en profondeur, il fut fasciné par la monumentalité des nus conçus d'une manière plastique par Mantegna et Pollaiolo ; Gentile Bellini devint pour lui un modèle pour la représentation des personnages habillés. Dans ce milieu d'individualisme artistique, la personnalité de Dürer s'affirma. Au printemps de 1495, il revint à Nuremberg et y installa un atelier. En 1496, conscient de sa valeur artistique, il créa de ses initiales un monogramme dont il signa ses oeuvres. Son activité après son retour d'Italie n'accusa pas tout d'abord un changement radical : il se sentait à un carrefour. C'est alors qu'il entreprit l'étude du nu humain selon la conception italienne et, pour le représenter, il emprunta ses sujets à la mythologie, ce qui était encore inconnu dans la peinture allemande. Ainsi sont nées diverses gravures telles que Hercule ou le Miracle de la mer, qui sont en réalité des études de corps nus transplantés dans le climat d'un paysage du Nord. Le sens de ces compositions n'est pas toujours très clair, car Dürer manquait d'une formation humaniste.
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voulait ainsi arracher l'art à la nature et c'est pourquoi, après l'année 1500, il a essayé d'en extraire les lois pouratteindre au canon de la beauté.
Jacopo de Barbari, peintre médiocre qui, en 1500, s'était établi à Nuremberg, luimontra un homme et une femme dessinés d'après un canon de proportions ; mais il agit avec Dürer d'une façon simystérieuse que celui-ci le soupçonna de ne pas vouloir lui révéler les lois de ces proportions.
Dürer eut alorsrecours à Vitruve, mais n'y trouvant pas une réponse satisfaisante, il commença à calculer et à mesurer lui-même.Quelques gravures sont le résultat de ses études mathématiques et géométriques du corps humain, qui l'occupèrentpendant des années.
Quand il eut ainsi rationalisé le corps, il ne lui resta plus qu'à rationaliser aussi l'espace.
Dürer avait jusque-là crééses paysages visuellement, mais ensuite, il prit connaissance du schéma d'une construction de l'espace d'inspirationitalienne, et il commença à étudier la perspective.
Le cycle intitulé la Vie de la Vierge en est le témoignage ; dansces gravures, l'espace est représenté à l'aide de motifs d'architecture de la Renaissance qui rappellent certainsmotifs de Venise.
La Vie de la Vierge est la plus lyrique et la plus émouvante des oeuvres de la première époque deDürer.
D'une façon semblable, dans son tableau l'Adoration des Mages (aux Offices de Florence), de l'année 1504, ila composé un groupe dans une perspective édifiée à l'aide d'éléments d'architecture et de montagnes dont lescontours soulignent le rythme des montagnes à l'aide d'éléments d'architecture.
L'oscillation entre ces tendances artistiques diverses montre que Dürer n'était pas certain de la voie qu'il devaitsuivre.
A trente-cinq ans, en 1505, il liquida son atelier pour tenter en Italie de développer sa personnalité et demûrir son art.
D'après ses lettres qui ont été conservées, Dürer se sentit à Venise un autre homme ; de plus grandespossibilités financières et des contacts avec la haute société lui donnèrent plus d'assurance et, comme il le dit lui-même, il devint un "gentilhomme".
Il ne voulut plus rentrer à Nuremberg, où le soleil lui aurait manqué.
Satransformation de peintre-artisan du Nord en artiste de la Renaissance italienne doué d'une conscience d'aristocrateétait achevée.
Dürer reçut en 1505 la commande d'un tableau de la Fête du Rosaire destiné à l'autel de la chapelle allemande del'église Saint-Bartholomé à Venise.
Dans un paysage nordique, la Vierge, de son trône, pose une couronne sur latête de l'empereur Maximilien agenouillé, pendant que Jésus essaie de son côté de couronner le pape Jules II.
Letableau sacré, conçu selon le principe vénitien d'une conversation, est devenu un tableau de groupes dans lequel,mêlés aux saints, on peut voir non seulement des personnages aux têtes ointes et couronnées, mais encore desimples bourgeois et des marchands ; dans le fond, Dürer lui-même tient à la main une feuille sur laquelle il est écritqu'en l'année 1506, en cinq mois, il avait achevé son oeuvre.
Le succès de ce tableau qui, aujourd'hui endommagé, se trouve à la Galerie nationale de Prague, fut extraordinaire.Toutefois, sa volonté d'apprendre conduisit Dürer à d'autres expériences.
Il connut le tableau de demi-corps du nordde l'Italie, et l'étude naturaliste des types et des gestes humains de Léonard de Vinci.
Après de longs tâtonnements,il peignit en cinq jours le tableau du Christ à douze ans parmi les docteurs, dans lequel les têtes et les mainsaccusent les contrastes extrêmes d'une interprétation personnelle.
Il ne se voyait pas encore au but de ses recherches, et c'est pourquoi il partit en 1506 pour Bologne, où il devaitapprendre le secret des proportions et de la perspective mais, insatisfait, il rentra à Nuremberg en 1507.
Le résultat de ses études des proportions et de l'influence italienne fut le tableau d'Adam et Eve, qu'il peignit àNuremberg en 1507 (aujourd'hui au Prado), dans lequel il représente des corps élancés dans une position toute enélasticité, aux contours modelés par la couleur et baignés de lumière.
De même inspiration fut le tableau aujourd'huidétruit de l'Ascension de la Vierge, commandé pour l'église dominicaine de Francfort.
Pour le tableau de la Toussaint(aujourd'hui à Vienne), de composition encore raphaélesque, il avait de nouveau abandonné le chromatisme qu'ilavait fait sien en Italie.
De son propre aveu, la peinture n'était pas assez lucrative et il revint à la gravure.
De 1509 à 1510, par intérêtcommercial, il crée un cycle de gravures sur bois, la Petite Passion, et en 1512, un autre cycle, la Passion gravéesur cuivre.
La gravure la Mort, le chevalier et le diable est en réalité le résultat d'études des proportions du corps ducheval en mouvement, selon l'exemple italien, mais le sens de cette gravure n'est pas assez clair.
Par contre, laMélancolie, de l'année 1514, est compréhensible : une femme aux grandes ailes, assise, regarde au loin et ne faitrien tandis que le temps passe, bien qu'à portée de sa main elle ait un livre et d'autres objets.
La mélancolie, selonDürer, signifie le dégoût du travail.
C'est de cette manière qu'il faut comprendre cette gravure qui était l'image deson état d'âme : il a tant pensé à la beauté, à ce qu'elle était, à ce qu'étaient ses lois, il l'a tant mesurée à la règlequ'à la fin, épuisé, il reconnut qu'il "ne savait pas ce qu'elle était".
La gravure Saint Jérôme dans la chambrereprésente l'état d'esprit contraire : le saint savant ne regarde que son travail.
A partir de l'année 1512, Dürer exécuta pour l'empereur Maximilien quelques travaux de décoration.
A la mort del'empereur, sa rente supprimée, il partit pour les Pays-Bas (1520) rejoindre Charles-Quint et s'assurer un revenurégulier.
Ce fut également son dernier voyage d'études.
Quoiqu'il eût vite obtenu satisfaction, il n'eut aucun désir derentrer chez lui et n'y revint que l'année suivante.
L'art des Pays-Bas de ce temps-là ne lui apporta pas grand-chose, bien qu'il eût rencontré beaucoup d'artistes, mais l'art des primitifs flamands entraîna son oeil à uneobservation réaliste des détails, accroissant sa connaissance de l'individu et aiguisant sa disposition à saisir nonseulement l'aspect physique d'un être, mais encore sa personnalité intime.
C'est ainsi que mûrit enfin sa personnalité artistique.
A son retour, il se consacra surtout aux portraits peints et.
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