L'obligation morale chez KANT et sa remise en cause ?
Publié le 08/01/2010
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OBLIGATION. nf. (lat. obligatio « action de lier «, « lien «, « chaîne «). • 1° À l'origine, lien juridique, par exemple entre le débiteur et son créancier. D'où le sens général d'exigence à laquelle nous sommes tenus de satisfaire, ce qui se présente au sujet comme devant être fait. L'obligation peut être de nature juridique (celle de la loi, celle d'un contrat), ou résulter d'usages sociaux plus ou moins conventionnels. • 2° Obligation morale. Connaissance que notre conscience nous donne des actes que nous sommes moralement tenus d'accomplir, sentiment du devoir, impératif catégorique de la morale kantienne. • 3° Devoir de reconnaissance envers des personnes qui nous ont rendu service. — L'obligation se distingue de la nécessité naturelle et de la contrainte en ce qu'elle implique la liberté. Le citoyen accepte la loi de son pays, un contrat est signé librement. On dit à tort « obliger « pour contraindre, « c'est obligatoire « pour c'est nécessaire. Le sentiment de contrainte que nous éprouvons à propos de l'exécution de nos obligations tient à des résistances intérieures qui ont été étudiées par les moralistes. Ils en rendent compte par l'insuffisance de notre amour du bien, des tendances personnelles fâcheuses comme l'égoïsme, la paresse, par l'écart qui existe entre le « moi empirique « et le « moi de valeur «.
«
catégorique : « Il faut parce qu'il faut.
» L'action n'est pas bonne en vertu de quelque fin possible, ce qui rendrait lamoralité problématique, ni de quelque fin réelle, ce qui ferait de la proposition impérative une propositionassertorique, désignant une existence, et rabattrait la moralité sur la nature.
Elle doit être objectivementnécessaire, sans rapport à un but quelconque, en vertu de la rationalité même de la maxime qui l'exprime ; sa valeurdoit pouvoir être déduite a priori, être d'une nécessité apodictique, c'est-à-dire purement logique.
Autrement dit,l'impératif catégorique ne tire pas seulement son nom de la proposition catégorique par laquelle il s'exprime : il fondelesjugements synthétiques qui relient le sujet comme volonté à l'action effective, mais il les fonde a priori : l'obligationainsi conçue est donc une catégorie, l'unique catégorie de la morale.
4° PASSAGE DE L'OBLIGATION AU DEVOIR - LES TROIS RÈGLES DE L'ÉTHIQUE KANTIENNE
Cette définition suscite une nouvelle difficulté.
On peut se demander comment une « proposition pratiquesynthétique a priori » est possible.
Autrement dit, comment passer de l'obligation au devoir.
a) La raison législatriceRemarquons d'abord que l'impératif catégorique, la loi pratique, le principe objectif du vouloir, ne contient que deuxchoses : d'une part, l'idée même de la loi ; d'autre part, la nécessité sous peine de faute, pour le principe subjectifdu vouloir, la maxime qui contient la singularité de l'action, de se plier à la loi.
Il ne reste donc rien que l'idée delégislation universelle.
De même que la connaissance institue dans la nature des lois universelles qui contiennent lavaleur théorique (la vérité), de même, toutes les fois que la volonté institue dans l'action une loi universelle, ellecontient la valeur morale.
D'où la première formule : « AGIS DE TELLE SORTE QUE LA MAXIME DE TON ACTIONPUISSE TOUJOURS ÊTRE ÉRIGÉE PAR TA VOLONTÉ EN LOI UNIVERSELLE DE LA NATURE.Il faut noter d'abord que si l'impératif catégorique est le fondement de jugements synthétiques a priori, il les fondecependant au moyen de la tautologie.
Si j'ai emprunté de l'argent, je dois rendre cet argent : cela est uneproposition synthétique.
Mais c'est parce qu'un prêt est un prêt, et non un don, en vertu du principe d'identité toutcru : je ne peux pas accepter un prêt et en même temps me déterminer à ne pas rendre l'argent sans contredirel'essence du prêt.
Je peux vouloir que rendre l'argent prêté soit une loi universelle de la nature parce qu'il estconforme à l'essence du prêt qu'il soit rendu, mais non le contraire.Nous porterons notre attention en second lieu sur le point que l'impératif catégorique, s'il comporte l'universalité, nesouffre pas d'exception.
Une exception, dit Kant, ne serait que pour nous, ne serait qu'une flatterie envers nosinclinations.
Par suite, si l'obligation est ce que dit Kant, comme nous le croyons, il faut ou bien entrer dans lemoralisme, qui est le fanatisme de la morale ; ou bien, si nous voulons restaurer la casuistique, poser des limites à lamorale, c'est-à-dire admettre que le jeu de la contradiction se renouvelle et se poursuit au-delà de la morale, entrela morale et les autres fonctions, science, art, religion, de l'esprit.
Mais il n'y a pas de place pour un assouplissementinterne de la morale.
b) La volonté raisonnable se prend pour fin elle-même - L'humanité finC'est que l'impératif catégorique est une forme pure, sans rapport empirique.
Seulement, cela introduit un nouveauproblème : toute action comporte une fin et l'obligation enfermant dans son concept l'idée d'une action nécessaire,doit en même temps contenir l'idée d'une fin nécessaire.
Or, cette fin ne peut, sans contradiction, être un but situédans l'expérience, elle doit être une fin en soi.
Il n'existe qu'un seul objet qui soit digne par lui-même de respect etsusceptible en soi d'être pris pour fin : c'est le principe pratique lui-même, le principe objectif de la bonne volonté,c'est-à-dire sa nature raisonnable.
Il se présente comme fin dans une nouvelle formule : « AGIS DE TELLE SORTEQUE TU TRAITES ILA PERSONNE HUMAINE, EN TOI ET EN AUTRUI, TOUJOURS EN QUELQUE MANIÈRE COMME UNE FINET JAMAIS EXCLUSIVEMENT COMME UN MOYEN.
»On a reproché à Kant d'avoir réintroduit, en se contredisant, la personne humaine comme sensibilité et comme sujetde besoins, c'est-à-dire comme matière.
Il n'en est rien.
Sans doute, cette formule fonde-t-elle le respect de lapersonne humaine en général et conduit-elle à la servir dans son existence physique, mais seulement en tant quecelle-ci est le support de la volonté morale, de la raison législatrice.
Les commentaires que Kant ajoute, montrentbien, d'ailleurs, que si nous découvrions un être raisonnable qui ne fût pas un homme, nous devrions, pour la mêmeraison, le traiter comme fin.
Cependant, il est clair que cette seconde formule, qui sert bizarrement aujourd'hui decheval de bataille politique — et elle est tout aussi formelle que la première ! — est comme le sourire de l'éthiquekantienne, parce qu'elle rappelle le droit en énonçant le devoir.
c) L'autonomie de la volontéMaintenant, puisque la volonté rationnelle est respectable en soi, il importe de montrer qu'elle n'est pas subordonnéeà quelque autre puissance ou principe et que, si elle est soumise à des lois, ce sont les lois qu'elle-même a posées.Morale implique législation et contredit anarchie.
Mais la législation dont le vouloir est sujet doit être instituée par levouloir lui-même.
S'il en était autrement, la volonté serait hétéronome, c'est-à-dire gouvernée de l'extérieur ; elledevrait alors trouver une référence hors d'elle-même, dans l'expérience où elle rencontrerait le législateur et nousaurions affaire à une volonté pathologique, influencée, sans valeur morale.
La volonté doit donc être autonome,c'est-à-dire se donner à elle-même sa règle.
Et, puisque les volontés rationnelles sont des fins et qu'elles sontlégislatrices, reines, l'univers moral peut donc être considéré comme le royaume des fins.
D'où la troisième etdernière formule : « AGIS DE TELLE SORTE QUE TU PUISSES CONSIDÉRER TA VOLONTÉ A LA FOIS COMMELÉGISLATRICE ET COMME SUJETTE DANS LE ROYAUME DES FINS.
C'est là le principe suprême de la moralité.
5° LA POLÉMIQUE ANTI-KANTIENNE.
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