« L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté » Rousseau
Publié le 18/01/2020
Extrait du document
D'abord, le maître doit soumettre son élève à
des règles fondées en raison, comme si, par cet
artifice, il le préparait à se soumettre à des lois,
que celui-ci se donnerait à lui-même en tant
qu'être raisonnable. On remarquera que les mots
prennent immédiatement tout leur sens. L'élève
n'est pas seulement un enfant ou un usager de
l'école. Il est une personne qui s'élève vers un
ailleurs, qui s'arrache d'un état pour se hisser
vers un autre état, de l'enfance à la liberté, de la
hiérarchie à l'égalité, du moi qui se fait centre de
tout à la fraternité. De son côté, le maître n'est
pas investi d'un pouvoir de domination cher-
À l'inverse, la deuxième thèse est exprimée
par les réformateurs qui, aujourd'hui, ont pris le
pouvoir. Ceux-ci ont mis au jour les rapports de
force qui traversent l'école. Ils revendiquent le
respect absolu de la liberté individuelle de l'enfant.
Or, si l'on suit cette logique, l'élève doit
sans cesse participer à tout. Se contente-t-il de
faire son travail d'élève? Il lui est alors reproché
d'être passif et consommateur. Devient-il actif?
S'il n'a pas compris les règles implicites de la
communication scolaire, alors évidemment il
dérange. Et lorsque son activité devient incontrôlable,
elle produit du désordre. Faut-il par
suite s'étonner de l'intrusion de la violence dans
le champ de l'école? Pour y remédier, nos réformateurs
sont contraints de se replier sur l'exigence
d'ordre. Ils sont amenés à considérer que
l'école doit socialiser, éduquer, et finalement
moraliser. La chasse aux incivilités est ouverte.
La citoyenneté se confond avec la civilité, et le
« politiquement correct » devient un véritable
La résolution de notre antinomie permet dès
lors d'articuler la paix et la liberté, la stabilité,
condition du bonheur, et l'indépendance, consé- .
quence de l'autonomie. En effet, parce que le
maître fait face à sa classe, s'établit entre elle et
lui une relation singulière, évitant de fait que ne
s'instaure entre les élèves eux-mêmes un face-àface,
source de concurrence directe, de rivalité
ouverte - un tel conflit permettant aux plus forts
d'imposer leur loi aux plus faibles. C'est finalement
parce que l'élève est face au maître, qu'il
est indépendant des autres élèves. En ce sens,
l'autorité garantit la paix. Cependant, celle-ci est
en ce domaine indissociable de la liberté. C'est
en travaillant à la liberté èle ·ses élèves, que le
maître accède à une autorité véritable. Où l'on
voit la liberté rencontrer la stabilité. On corn-
«
relle entre les hommes, à son antithèse qui fait
du rapport de force la composante fondamentale ·
de tout rapport humain, Rousseau affronte l'an
tinomie du bonheur et de la liberté sur le terrain
politique.·
D'abord, la thèse paternaliste cherche à justi
fier les inégalités de fait en se référant à l'auto
rité paternelle : si le roi est au peuple ce que le
père est à ses enfants, il existe alors une inégalité
naturelle garantissant la stabilité, la paix et donc
le bonheur de chacun.
Or, cette thèse bascule
dans son contraire.
Elle pose l'existence d'une
hiérarchie naturelle, mais ce n'est là qu'un voile.
Dans les faits, elle doit s'appuyer sur la force
pour instituer et faire respecter cet ordre.
Bref,
en cette voie, et au nom du bonheur, c'est seule
ment un pur rapport de force qui est justifié.
Cependant, le fort peut toujours déchoir dès
qu'il s'affaiblit, et, par conséquent, l'indépen
dance qu'il recherche au regard d'autrui le
conduit à une situation instable.
Aussi l'anti
thèse propose-t-elle de dépasser l'instabilité en
légitimant par la force la place acquise.
Mais il y
8.
»
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