Livre VII de La République: Ils nous ressemblent. Platon
Publié le 19/03/2020
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Or comment peut-on comprendre une chose qui n’est jamais égale à elle-même? Que peut-on dire de vrai d’un objet qui sans cesse change ? Le savoir porte toujours sur des essences, des choses ou des relations nécessaires ou stables, il est régi par le principe de non-contradiction. Comment pourrait-on appréhender ce monde du mouvant, du devenir autre?
Quand le sens commun se rit des philosophes perdus dans les nuages et qui se prennent les pieds dans le tapis, il oublie beaucoup trop de choses. Que cette attitude est librement choisie, que le philosophe sait qu’il prête à rire alors que les rieurs ne se savent pas dans l’illusion, et qu’enfin beaucoup ont appris à leurs dépens que le rire se transforme vite en une condamnation, qui est loin d’être allégorique, celle-là.
«
Caverne (mythe de la)/ 75
de théâtre d'ombres dont la source lumineuse est le
soleil.
Or,
les prisonniers, qui ignorent tout du monde exté
rieur, prennent nécessairement les ombres pour la réa
lité.
Ils se livrent entre eux à des sortes de luttes ou de
concours
pour repérer ces formes, la fréquence de leur
passage,
les liens qui unissent tel objet à tel autre.
Les
plus habiles reçoivent des récompenses, des honneurs.
Ces hommes sont donc plongés dans l'illusion (ils pren
nent
les ombres pour la réalité) et développent une
science illusoire (qui consiste
à repérer des ordres de
passage).
A propos de
ces étranges prisonniers, Socrate déclare :
« Ils nous ressemblent».
Ces prisonniers, c'est.nous;
leurs illusions sont
les nôtres.
Le monde de la caverne,
le monde non réel de l'illusion, de la compétition, des
récompenst;:s dérisoires, est
le nôtre.
Cette illusion est
d'autant plus dangereuse qu'elle s'ignore elle-même.
L'épisode dramatique que narre
par la suite Socrate le
révèle.
Il présente tout d'abord l'hypothèse où l'on
libérerait tout à trac un prisonnier et le traînerait
dehors.
Il souffrirait, ses yeux seraient brûlés par
le
soleil, il ne discernerait rien, ébloui, des objets réels du
monde extérieur.
Bref,
il subirait la pire des violences
en pure perte.
·
Mais
si on libérait ce prisonnier de façon progressive,
en l'accoutumant peu à peu à la lumière (en
le faisant
d'abord sortir la nuit, contempler les étoiles, puis les
reflets dans l'eau, jusqu'à ce qu'il supporte le plein jour
et même la vision du soleil), alors, il comprendrait que
le monde de la caverne n'ést qii'illusion, et que le
« monde extérieur» seul est réel, vrai et beau.
Cet itiné
raire progressif est, nous
y reviendrons, celui de la phi
losophie, qui convertit notre regard, nous faisant
passer de l'illusion au vrai..
»
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- Dès lors, s'ils pouvaient d'entretenir entre eux, ne penses-tu pas qu'ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes en nommant les ombres qu'ils verraient? Platon La République, début du Livre VII. Commentez cette citation.