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Livre I du traité de la nature humaine de David Hume

Publié le 06/02/2023

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« 1 Hume Ce texte est extrait du livre I du traité de la nature humaine de David Hume, consacré à l’entendement.

Hume s’y demande si la conscience de soi est quelque chose de permanent chez l'homme, comme le pensent les cartésiens, et donc s'il existe quelque chose comme un moi substantiel.

Or, pour Hume, « je ne parviens jamais, à aucun moment, à me saisir moi-même sans une perception » : la conscience de soi est une conscience seulement partielle, qui se limite à ce qu'on perçoit, et qui n'a aucune permanence dans le temps. Le texte s'ouvre sur un paragraphe délibérément critique : Hume s'y attaque à ces « philosophes », qui « imaginent » (le mot est bien entendu choisi) « que nous sommes à chaque instant intimement conscients de ce que nous appelons notre MOI.

» Il s'agit là bien évidemment d'une référence aux philosophes cartésiens, qui font du sentiment de notre existence (celui même qui s'exprime dans le cogito) une certitude absolue : le moi est donc la première chose dont nous pouvons affirmer l'existence et dont nous sommes certains de manière continue, puisqu'il suffit de penser pour en être certains et que nous ne pouvons jamais cesser de penser.

Cette certitude dépasse même celle d'une démonstration puisqu'il s'agit d'une intuition et non d'une déduction : je saisis de manière directe et immédiate mon moi à chaque fois que je pense et que j'ai conscience que je pense. Par opposition à ce pur et simple produit de l'imagination, Hume nous fait part de son expérience personnelle : il pratique l'introspection, c'est-à-dire qu'il analyse les données de sa conscience spontanée grâce à sa conscience réfléchie.

Or, que remarque-t-il lorsqu'il examine sa conscience spontanée ? Qu'il « tombe toujours sur une perception particu Ilière ou sur une autre ».

La perception désigne ici un acte de connaissance, une représentation d'un état interne ou externe.

Ce que veut donc dire ici Hume, c'est qu'il n'a jamais de conscience totale de lui-même, mais seulement une conscience partielle, qui dépend de ce qu'il se représente à tel ou tel moment.

Le soi n'est pas par conséquent une entité globale, mais il est limité à ce que l'esprit perçoit à tel instant ou à tel autre.

Cette perception peut être une sensation, qui nous met en rapport avec le monde extérieur (chaleur ou froid ; lumière ou ombre) ou un sentiment, qui nous met en rapport avec un état interne : c'est cette perception qui est l'objet de notre conscience, et jamais le « soi ». La suite du texte tire les conséquences de l'expérience introspective de Hume : je ne peux jamais « me saisir moi-même sans une perception ».

Hume peut donc énoncer sa thèse sur le moi : celui-ci n'est rien d'autre que l'acte de la conscience ou ce qui accompagne cet acte : quand j'ai une sensation de chaleur, je suis cette sensation de chaleur ; quand j'ai une sensation de froid, je suis cette sensation de froid.

Le moi n'est donc pas un principe extérieur aux perceptions, qui resterait identique à soi en dépit du changement de perceptions, mais il n'est rien d'autre qu'une succession de perceptions.

Il varie donc avec elles et n'a en rien la permanence d'une substance. Hume va démontrer cette thèse en donnant l'exemple de deux situations dans lesquelles nous n'avons aucune perception.

La première situation qu'il examine est celle du sommeil : Hume ne parle pas du sommeil léger, pendant lequel nous continuons à avoir des sensations du monde extérieur, mais du sommeil profond, au cours duquel nous n'avons aucune représentation de notre environnement ou de nos états internes (en tout cas c'est ce qu'il suppose).

L'auteur est ici extrêmement radical puisque d'après lui non seulement nous n'avons dans le sommeil profond aucune conscience de nous-mêmes mais « nous n'existons pas ».

En effet, si exister, pour le soi, c'est se manifester par un acte de la conscience, il n'y a dans le sommeil aucun acte perceptif : nous cessons donc d'être à partir du moment où nous cessons de percevoir. La seconde situation que Hume examine est encore plus radicale puisqu'il s'agit de la mort : comme il est impossible de décrire objectivement ce qu'elle est, puisque nous n'en faisons pas l'expérience (indice de l'empirisme humien), Hume parle au conditionnel.

Il fait l'hypothèse selon laquelle la mort coïnciderait avec la suppression définitive de toutes mes perceptions.

Or, là aussi, un être qui cesserait d'agir cesserait par là même d'être, il serait une « parfaite non-entité ».

L'être dépendant de la conscience de soi, un être sans conscience serait un non-être.

Hume confirme ainsi ce qu'il avait posé au début de son raisonnement, à savoir qu'il n'y a aucune permanence de la conscience de soi et que celle-ci peut même s'abolir si la perception cesse. Ce texte, comme on le voit, soulève le problème de la permanence du sujet : Hume montre qu'une telle permanence n'est rien d'autre qu'une illusion, et que le sujet ne cesse de varier en fonction de ses perceptions.

Il n'y a donc pas d'unité du moi : au sens propre (celui d'une substance, de quelque chose qui demeure, malgré les modifications), il n'y a pas de sujet mais seulement des états de conscience qui se succèdent, sans rien qui fasse le lien entre ces différents états. Une telle conception du moi est extrêmement originale : elle permet de faire une critique radicale de la philosophie cartésienne du sujet.

Descartes affirme en effet que nous ne pouvons jamais cesser de penser le sujet étant une « substance dont toute l'essence est de penser » (Discours de la méthode), il ne peut pas ne pas être conscient de lui-même.

Même lorsqu'il semble avoir perdu conscience, il y a encore en lui une activité de la conscience spontanée. Hume réfute cette position par un certain nombre d'exemples : il ne recourt pas au raisonnement mais à l'expérience, ce qui s'inscrit dans sa démarche empiriste (appliquer la méthode expérimentale à la psychologie).

Or, l'expérience du sommeil profond et les hypothèses que l'on peut faire à propos de la mort nous mettent irréfutablement en face de situa tions où nous n'avons aucune conscience de nous-mêmes.

Le sujet ne peut donc être une substance pensante, il n'est rien d'autre qu'un ensemble de perceptions discontinues. On peut cependant se demander si une telle conception du sujet peut être soutenue : si le « moi » n'est rien d'autre que la perception, qu'est-ce qui fait l'unité de toutes mes perceptions ? Comment expliquer que je les rat tache toutes à un seul « moi » que je pose comme permanent en dépit des changements ? En effet, si le moi s'identifiait avec chacune de ses sensations, chacun de ses sentiments, il y aurait autant de moi qu'il y aurait de sensations et de sentiments ! Et plus rien ne permettrait d'en faire les perceptions d'un sujet.

Or, c'est bien ce que je fais : je fais bien l'expérience d'être un seul moi, même si je ne peux saisir ce moi indépendamment de toute perception . 2 Expliquez le texte suivant « Il est des philosophes qui imaginent que nous sommes à chaque instant intimement conscients de ce que nous appelons notre MOI, que nous en sentons l'existence et la continuité d'existence, et que nous sommes certains, avec une évidence qui dépasse celle d'une démonstration, de son identité et de sa simplicité parfaite.

[..] Pour moi, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi-même, je tombe toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaleur ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir.

Je ne parviens jamais, à aucun moment, à me saisir moi-même sans une perception et je ne peux jamais rien observer d'autre que la perception.

Quand mes perceptions sont absentes pour quelque temps, quand je dors profondément, par exemple, je suis, pendant tout ce temps, sans conscience de moimême et on peut dire à juste titre que je n'existe pas.

Et si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort, si je ne pouvais plus penser, ni éprouver, ni voir, aimer ou haïr après la destruction de mon corps, je serais entièrement anéanti et je ne conçois pas du tout ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi une parfaite nonentité.

» David Hume, Traité de la nature humaine, livre l, IVe partie, Gamier-Flammarion, 1995, p.

342-344.

DR 3 Dans ce texte à caractère polémique Hume s’en prend aux philosophes, notamment Descartes, qui imaginent l’existence d’un moi concu comme permanent.

Il commence brièvement par exposer le point de vue de ces philosophes puis lui oppose ce que nous dit notre expérience.Il va s’agit ici pour Hume de prendre ces philosophes à leurs.... »

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