L'invention technique relève-t-elle de la raison ou de l'imagination ?

« [1.

La technique est oeuvre de la raison] [2.

La technique est oeuvre de l'intelligence]D'autre part, elle requiert une inventivité et une capacité àcréer et à utiliser les outils en fonctions des différentessituations.

Ce qui constitue un autre aspect de l'activitérationnelle, que Bergson nomme « intelligence » :«L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être ladémarche originelle, est la faculté de fabriquer des objetsartificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'envarier indéfiniment la fabrication » (L'Évolution créatrice). Bergson parle dans « L'évolution créatrice », de l' « invention mécanique » comme « démarche essentielle », quitte à aller jusqu'à dire que l'histoire retiendra davantage la « machine à vapeur » que les « guerres et les révolutions ».

Ce propos conduit Bergson à définir l'intelligence humaine comme « faculté de fabriquer des objets artificiels », et ce, au détriment direct d'une autre compréhension de l'intelligence, celle qui la comprendrait comme facultéd'articuler des moyens avec des fins.

Une certaine formule de l' « Evolution créatrice » doit retenir notre attention : Bergson veut en effet substituer à l' « homo sapiens », l'homme qui pense, l' « homo faber », l'homme qui fabrique.

Cette formulation est lourde de conséquences : elle témoigne de la portée de cette question de latechnique sur l'identité humaine elle-même.

Si l'homme devient « homo faber », il n'est plus qu'un fabricateur d'outils, un être tourné vers l'efficacité avant tout autre souci ;alors que tant qu'il est encore un homo sapiens, il reste un être capable de juger de la qualité morale d'une finalité. La technique exprime donc la raison humaine en amont (le projet) et dans sa réalisation même (le savoir-faire).

Mais la faculté dediscerner le vrai du faux et le bien du mal vient-elle toujours borner les multiples usages possibles de la technique? Les inventionshumaines ne finissent-elles pas par se détacher de leur initiateur et par se retourner contre la raison elle-même ? L'invention technique met évidemment en jeu une démarche rationnelle mais cela exclut-il pour autant tout rôle de l'imagination ? 2.L'invention technique requiert l'imagination.

a) Que l'invention technique relève de l'imagination, cela est sans doute moins évident.

En effet, l'imagination peut être envisagée comme quelque chose qui n'a pas de règles, un processus imaginaire qui n'est pasancrée dans la réalité, qui est une évasion du point de vue de l'utile.

Mais, elle est aussi selon les termes de Pascal« cette maîtresse d'erreur et de fausseté ».

L'ennemi de la raison qui donne naissance aux religions, aux coutumes.L'imagination comme libératrice ne va pas de soi, elle peut nous faire croire à ce qui n'existe pas, produire desfantasmes et de fictions.

Il n'y a donc pas d'un côté l'homme prisonnier de la raison et une liberté par l'imagination. b) Mais, puisque l'imagination est ce qui permet à l'homme de se représenter ce qui n'existe pas encore, on ne voit pas comment l'invention pourrait se passer de cette capacité à dépasser un niveau technique . c) Puisque que toute invention consiste en un certain assemblage, une certaine recomposition il faut que l'homme se représente ce qu'il n'a pas devant les yeux, c'est-à-dire un assemblage d'objets et d'idées inédits.

Kant écrit : « Les égarements de l'imagination consistent dans des inventionssans frein, ou bien absolument sans règle » , or l'invention technique nécessitede respecter des règles Ainsi, l'invention technique en tant qu'invention relève aussi de l'imagination à condition de bien préciser sa relation avec les règles établies parla raison.

3.

L'invention technique : L'imagination au service de la raison.. »