L’intérêt pour l’histoire est-il refus du présent ?
Publié le 11/02/2019
Extrait du document
Comme l’affirme Cioran, « ce qui le rend le passé intéressant, c’est que chaque génération le considère d’une façon différente. D’où la nouveauté intarissable de l’Histoire », et donc ses facultés d’adaptation aux besoins de chaque présent. On n’interroge le passé qu’à partir des préoccupations présentes : il existe, selon les périodes qui se succèdent dans l’histoire d’une nation, des sujets privilégiés. En France, le retour de De Gaulle au pouvoir a entraîné un regain d’intérêt, et les recherches subséquentes, pour l’histoire de la Résistance, de la Seconde Guerre mondiale, de la Collaboration, etc. Symétriquement, l’accession de François Mitterrand à la présidence a suscité des recherches
«
[1.
L'histoire est fondatrice]
Si le récit historique s'élabore initialement -du moins pour ce qui
concerne la culture occidentale -en Grèce, ce n'est certainement pas par
hasard : c'est au contraire en relation avec l'organisation politique de cette
dernière en cités diftërentes, toujours soucieuses d'affirmer leur supréma
tie ou leur indépendance.
Dans un tel contexte, chercher à connaître les
origines de la cité (même si elles restent encore en majeure partie
mythiques), c'est d'abord justifier l'existence de cette dernière; c'est
aussi renforcer son sentiment communautaire par référence à une origine
commune ; c'est enfin pouvoir s'enorgueillir d'un passé déjà long ou glo
rieux, qui donne en quelque sorte «Je droit » de s'imposer aux autres, par
la simple comparaison de ce qui fut accompli dans le passé de chaque
cité.
L'intérêt initial pour l'histoire paraît ainsi lié à un «civisme » parti
culier, préfiguration du patriotisme, ou même du nationalisme.
Mais il
concerne du même coup la recherche des valeurs communes, en souli
gnant leur ancienneté et en renforçant ainsi leur légitimité.
Lorsque Hegel affirme que «être, c'est avoir été», il lie inextricable
ment le présent à l'histoire, et prend acte des relations complexes qui les
unissent.
Ce faisant, il introduit dans la réflexion philosophique la néces
sité d'une connais san ce historique : pour comprendre ce qui est, il faut
commencer par analyser ce qui a été.
De ce point de vue, l'intérêt pour
J'histoire indique, non un refus du présent, mais tout au contraire le souci
de l'explorer et de l'interpréter plus justement, comme «conséquence»
ou «production» de l'histoire elle-même.
L'idéalisme hégélien pourra
être critiqué par Marx.
Tl n'en reste pas moins que ce dernier réaffirme,
dans son propre système, le primat de la connaissance historique, et consi
dère à son tour qu'en l'absence de cette dernière, toute analyse du présent
est vouée à l'incompréhension : il est impossible de comprendre les pro
blèmes de l'organisation moderne du travail si on ignore ses origines et
son évolution historique, tout comme il est impossible de comprendre ce
que peut être la liberté actuelle, ou ce que pourra être son futur, si l'on n'a
pas d'abord la connaissance historique de ses moments antérieurs, des
luttes qui en ont ponctué l'histoire, et de la façon dont son élargissement
partiel s'est toujours opéré pour résoudre des contradictions sociales.
·
[Il.
L'intérêt pour l'histoire agit sur le présent]
Ce n'est donc pas seulement d'un point de vue politique que l'histoire
fonde le présent.
c'est, peut-être plus fondamentalement, aussi d'un
point de vue philosophique.
Dans la philosophie elle-même, telle qu'elle
se pratique, il est d'ailleurs aisé de constater, malgré les reproches qui
peuvent lui être adressés un peu naïvement à ce propos, que l'intérêt pour
sa propre histoire, loin d'être un refus du présent, constitue la condition.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'intérêt pour l'histoire est-il refus du présent ?
- L’étude de l’histoire rend-elle notre présent compréhensible ? (dissertation)
- Suite de l'histoire la noisette dure A présent, les enfants, reprit le juge le lendemain soir, à présent vous savez pourquoi la reine faisait surveiller aussi étroitement la jolie princesse Pirlipat.
- HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE ROUMAINE DEPUIS LES ORIGINES JUSQU’A PRÉSENT Câlinescu
- Peut-il y avoir une histoire DU PRÉSENT?