L'intérêt général est-il le but de l'Etat ?
Publié le 01/08/2009
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L’intérêt général définit le bien commun, ce vers quoi doit tendre l’Etat. Dès lors l’intérêt général est le fruit de la volonté générale exprimée par les citoyens. En cela il diffère de l’intérêt particulier qui n’est le fruit que d’une personne qui ne vise qu’un seul bien. Il se peut que l’intérêt particulier vise aussi l’intérêt général, mais cela n’est pas toujours le cas. Le problème est alors que l’Etat, issu du pacte social doit être impartial et neutre. Pourtant est-ce toujours bien le cas ? Toute mesure prise par l’Etat ou ses représentants visent-elles l’intérêt de tous ou seulement une partie de ses citoyens ? Dans ce cas, les privilèges se feraient jour détruisant les fondements de l’Etat et violant le pacte social.
Ainsi l’Etat semble devoir viser l’intérêt général (1ère partie), pourtant, dans un climat de lutte des classes l’Etat n’est qu’un instrument de cette lutte (2nd partie), bien que l’Etat est par définition souci du bien commun en vertu du pacte (3ème partie).
I – Etat, communauté et volonté générale
II – L’Etat en conflit
III – La dichotomie du sujet et de la communauté
«
population en prolétaires, le mode de production capitaliste créé la puissance qui, sous peine de périr, est obligée d'accomplir ce bouleversement.[…] Le prolétariat s'empare du pouvoir d'État et transforme les moyens de production d'abord en propriété d'État .
Mais par là, il se supprime lui-même en tant que prolétariat, il supprime toutes les différences de classe et oppositions de classes et également l'État en tant qu'État.
Lasociété antérieure, évoluant dans des oppositions de classes, avait besoin de l'État, c'est-à-dire dans chaque cas, d'une organisation de la classeexploiteuse pour maintenir ses conditions de production extérieures, donc surtout pour maintenir par la force la classe exploitée dans lesconditions données par le mode de production existant (esclavage, servage, salariat).
L'État était le représentant officiel de toute la société, sasynthèse en un corps visible, mais cela il ne l'était que dans la mesure où il était l'État de la classe qui, pour son temps, représentait elle-mêmetoute la société […] Quand il finit par devenir effectivement le représentant de la société de toute la société, il se rend lui-même superflu.
[…] Lepremier acte dans lequel l'État apparaît réellement comme représentant de toute la société, – la prise de possession des moyens de production aunom de la société, – est en même temps son dernier acte propre en tant qu'État.
L'intervention d'un pouvoir d'État dans des rapports sociauxdevient superflue dans un domaine après l'autre, et entre alors naturellement en sommeil.
Le gouvernement des personnes fait place àl'administration des choses et à la direction des opérations de production.
L'État n'est pas « aboli », il s'éteint ». c) Dès lors qu'est-ce que l'Etat ? A ce question, Bakounine dans ses Œuvres répond simplement : L'État est une abstraction qui est destructrice des individus : « Qu'est-ce que l'État ? C'est, nous répondent les métaphysiciens et les docteurs en droit, c'est la chose publique ; les intérêts, le bien collectif et le droit de tout le monde, opposés à l'action dissolvante des intérêts et passions égoïstes de chacun.
C'est la justice et laréalisation de la morale et de la vertu sur terre.
Par conséquent, il n'est point d'acte plus sublime ni de plus grand devoir pour les individus que sedévouer, de se sacrifier, et au besoin de mourir pour le triomphe, pour la puissance de l'État […].
Voyons maintenant si cette théologie politique,de même que la théologie religieuse, ne cache pas, sous de très belles et de très poétiques apparences, des réalités très communes et très sales.Analysons d'abord, l'essence même de l'État, telle que nous la présentent ses prôneurs.
C'est le sacrifice de la liberté naturelle et des intérêts dechacun, individus aussi bien qu'unités collectives comparativement petites : associations ; communes et provinces – aux intérêts et à la liberté detout le monde, à la prospérité du grand ensemble.
Mais ce tout le monde, ce grand ensemble, qu'est-il en réalité ? C'est l'agglomération de tous lesindividus et de toutes les collectivités humaines plus restreintes qui le composent.
Mais, du moment que pour le composer et s'y coordonner tousles intérêts individuels et locaux doivent être sacrifiés, le tout, qui est censé les représenter, qu'est-il en effet ? Ce n'est pas l'ensemble vivant,laissant respirer chacun à son aise et devenant d'autant plus fécond, plus puissant et plus libre que plus largement se développent en son sein lapleine liberté et la prospérité de chacun ; ce n'est point la société humaine naturelle qui confirme et augmente la vie de chacun par la vie de tous – ;c'est, au contraire, l'immolation de chaque individu comme de toutes les associations locales, l'abstraction destructive de la société vivante, lalimitation, ou, pour mieux dire, la complète négation de la vie et du droit de toutes les parties qui composent tout le monde, pour le soi-disant biende tout le monde : c'est l'État, c'est l'autel de la religion politique sur lequel la société naturelle est toujours immolée : une universalité dévorante,vivant de sacrifices humains ».
Transition : Ainsi contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'Etat semble être l'instrument d'une lutte des classes qui nerendrait pas compte de l'intérêt de tous mais plutôt de l'intérêt de certains.
D'un intérêt particulier.
Cependant,intérêt particulier et intérêt général ne sont pas toujours opposés.
III – La dichotomie du sujet et de la communauté a) Il n'y a pas nécessairement d'usurpation de volonté des individus dans l'intérêt général que poursuit l'Etat.
Plus exactement, le citoyen est aussiun individu.
Ainsi, il a une volonté particulière, reflet de ses désirs et une volonté de s'accorder avec l'intérêt général de tous.
Une seule et mêmepersonne peut donc avoir une difficulté de choix rendant compte de sa dichotomie au sein de l'Etat : « Chaque individu peut comme homme avoir une volonté particulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen.
Sonintérêt particulier peut lui parler tout autrement que l'intérêt commun ; son existence absolue et naturellementindépendante peut lui faire envisager ce qu'il doit à la cause commune comme une contribution gratuite, dont laperte sera moins nuisible aux autres que le payement n'en est onéreux pour lui, et regardant la personne morale quiconstitue l'Etat comme un être de raison parce que ce n'est pas un homme, il jouira des droits du citoyen sansvouloir remplir les devoirs du sujet ; injustice dont le progrès causerait la ruine du corps politique.Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement qui seul peutdonner de la force aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout lecorps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera d'être libre ; car telle est la condition qui, donnantchaque citoyen à la patrie, le garantit de toute dépendance personnelle ; condition qui fait l'artifice et le jeu de lamachine politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels sans cela seraient absurdes,tyranniques et sujets aux plus énormes abus ».
( Rousseau , Du Contrat social, II, chapitre 6). b) Or ce dépassement se comprend à l'aune du pacte social.
Son principe volontaire est, pour Rousseau , effectivement directement issue de la formule du Contrat social qui au chapitre VI s'énonce de la manière suivante : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute da puissance sous la suprême direction de la volonté générale (passomme des volontés particulières) ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout.
»Autrement dit, par le jeu démocratique, l'obéissance est liberté dans la mesure où la loi est un effet de la volontégénérale à laquelle j'ai adhéré par le contrat.
On obéit volontairement mais il ne s'agit pas d'une soumission.
Ne pasobéir à la loi ce serait remettre en cause le fondement de la société civile, donc mettre en péril ma propre liberté :« A l'instant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte d'association produit un corps moral et collectif, composé d'autantde membres que l'assemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte son unité, son moi commun, sa vie et sa volonté.
Cette personne publique,qui se forme ainsi par l'union de toutes les autres, prenait autrefois le nom de cité (a), et prend maintenant celui de république ou de corps politique,, lequel est appelé par ses membres État quand il est passif, souverain quand il est actif, puissance en le comparant à ses semblables.
À l'égard des associés, ils prennent collectivement le nom de peuple, et s'appellent en particulier citoyens, comme participant à l'autorité souveraine, et sujets, comme soumis aux lois de l'État ». c) Bien plus, comme le précise Rousseau dans son Discours d'économie politique , même l'intérêt général ne pourrait pas aller à l'encontre absolument de l'intérêt particulier, ou plus exactement en sacrifiant l'individuel au profit du général.
Si l'on peut contrevenir à l'intérêt particulier, ilne s'agit en aucun cas de l'annihiler : « En effet, l'engagement du corps de la nation est-il pas de pourvoir à la conservation du dernier de ses.
»
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