l'intérêt est-il l'unique lien social ?
Publié le 28/11/2005
Extrait du document
L'existence sociale est un fait assez banal dans la nature, comme si la vie avait fait de ce mode d'existence une stratégie préférentielle. Devant les difficultés de la survie, la vie fut bien avisée de regrouper les faibles animaux que nous sommes. Ainsi on pourrait croire qu'une manne providentielle tombant du ciel nous libèrerait de cette vie commune, contraignante par bien des aspects. Le sauvage heureux que dépeint ROUSSEAU, insoucieux des autres, ignorant toute loi et tout devoir, est en effet enviable à certains égards. Mais il n'en reste pas moins que notre être aspire à la présence de l'autre, à son affection et à son respect ; la présence en nous de notre capacité à dialoguer, de notre désir de justice ne marque-t-elle pas une nature profondément et nécessairement vouée à l'existence communautaire ?
L'homme est en effet, dit Aristote, «animal politique«, c'est-à-dire être vivant destiné à vivre dans une cité. Cette sociabilité n'exclut d'ailleurs nullement une insociabilité de l'homme. Cette thèse que l'on retrouve sous la plume de Kant signifie que l'homme ne peut être membre de la communauté politique comme l'abeille de la ruche. Si c'était le cas, l'homme vivrait simplement en communauté sans qu'aucune politique fût nécessaire. C'est cette conjonction de la sociabilité et de l'insociabilité qui produit la nécessité de l'État et des lois, pour assurer la justice dans les relations entre les membres de la société. L'homme est toujours disposé à vivre avec ses semblables, mais son égoïsme ou leurs intérêts privés en contradiction avec le sien l'empêche d'y mener une existence paisible. Vivre dans une communauté politique, c'est toujours être engagé dans des conflits sociaux reposant sur l'opposition des intérêts particuliers, et rechercher en même temps la réalisation de l'intérêt général qui est le bien de la cité.
«
travaille dans le même bureau.
Si notre vie vient à changer, nous oublions rapidement nos anciens «amis».
Demême, la vie de couple et de famille obéit aussi, au fond, à une exigence de confort et de sécurité.
Lemariage ne permet-il pas aux deux partenaires d'avoir des rapports sexuels aussi souvent qu'ils le désirent ?!
ill: Une société d'êtres humains, si on excepte la relation de maître à esclave, est manifestement impossible si elle ne repose pas sur le principe que les intérêts de tous seront consultés.
Une sociétéd'égaux ne peut exister s'il n'est pas bien entendu que les intérêts de tous doivent être également prisen considération.
Et puisque, dans tous les états de civilisation, chaque personne, à l'exception dumonarque absolu, a des égaux, chacun est obligé de vivre sur le pied d'égalité avec quelqu'un ; etchaque époque marque un progrès vers la réalisation d'un état de choses dans lequel il sera impossiblede vivre autrement, de façon permanente, avec qui que ce soit.
De la sorte, les hommes en arrivent àêtre incapables de concevoir comme possible pour eux un état de choses où l'on négligerait totalementles intérêts d'autrui.
Ils sont dans la nécessité de se concevoir eux-mêmes comme s'abstenant tout aumoins des actes les plus nuisibles et (ne fût-ce que pour leur protection personnelle) comme ne cessantde protester contre de tels actes.
[...].
Aussi longtemps qu'ils sont en train de coopérer, leurs fins sontidentifiées avec les fins d'autrui ; ils ont, au moins pendant quelque temps, le sentiment que les intérêtsd'autrui sont leurs propres intérêts.
Non seulement tout renforcement des liens sociaux, toutdéveloppement normal de la société, donne à chaque individu un intérêt personnel plus grand à tenircompte pratiquement du bien-être des autres, mais aussi l'individu sera amené à donner de plus en pluscomme objet à ses sentiments le bien des autres, ou tout au moins à le prendre de plus en plus enconsidération dans la pratique.
Il en arrive, comme instinctivement, à se considérer lui-même comme unêtre qui se préoccupe naturellement des autres.
Le bien d'autrui devient pour lui une chose dont il estnaturel et nécessaire qu'il s'occupe, comme nous nous occupons des conditions physiques de notreexistence.
Avez-vous compris l'essentiel ?
1 La poursuite de l'intérêt nuit-elle à l'égalité sociale ?2 Peut-on viser principalement son propre intérêt sans être égoïste ?3 Le froid calcul de l'intérêt n'est-il pas un obstacle au sentiment social, à la sociabilité ?
Réponses:
1 - Non, car l'égalité, en société, ne signifie rien d'autre que l'égale prise en considération des intérêtsde tous les membres de cette société.2 - On le peut, car dans la société, le calcul le plus égoïste conduit justement, par prudence, às'occuper aussi des intérêts d'autrui.3 - Bien au contraire, de l'intérêt, de l'utilité, naît un sentiment social que chacun intègre à sapersonnalité, de sorte que nous nous soucions spontanément du bien d'autrui.
[L'amour et l'affection, le désir de vivre ensemble sont les bases du lien social.
Les hommes vivent en société parce qu'ils partagent une histoire, une culture, des valeurs, une identité communes.].
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