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L'intérêt est-il fondement premier de la société ?

Publié le 22/01/2004

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Il vaut mieux répartir les travaux nécessaires entre un cultivateur, un maçon, un tisserand, un cordonnier que de confier à chacun l'ensemble des tâches nécessaires à son propre entretien. Avec le partage des tâches, ce sont à la fois une première forme de division du travail et un premier mode d'existence sociale qui voient le jour. À la suite de quoi, d'autres métiers s'avèrent nécessaires: il est dans l'intérêt de chacun qu'existent des forgerons et d'autres artisans pour fournir des outils aux autres travailleurs, et enfin il faut assurer l'administration de cette petite société en instituant des fonctions politiques. C'est seulement l'intérêt bien compris de tous qui donne naissance à cette communauté.B. Le maintien de la paix. Cette fonction politique ou administrative occupe une place particulière dans la société ainsi formée. Il est en effet de l'intérêt de chacun de vivre dans la tranquillité et la concorde afin de pouvoir réaliser son bonheur personnel. L'invention de charges politiques est en ce sens nécessaire: c'est grâce en effet au gouvernement que peut se maintenir la paix, tant civile qu'extérieure. Toute société a besoin de faire respecter en son sein la justice et l'équité, de résoudre sans violence inutile les conflits qui peuvent naître entre ses membres; aussi l'État doit-il se doter de lois qui règlent son fonctionnement, d'une administration qui garantisse l'ordre civil et d'une justice qui résolve les conflits et rétablisse l'entente entre les citoyens.

« Dans le Protagoras de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait le récit du mythe de la situationoriginelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu et sans défense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peuprodigue à son égard.

Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal, Prométhéeaccepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans son empressement, oublie l'homme.

Pour éviterque ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderie d'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et laconnaissance des arts à Athéna pour en faire présent à l'homme.

Mais les Dieux en sont irrités et punissentProméthée pour sa forfaiture.

Les leçons de ce mythe sont très nombreuses.

D'abord, on peut remarquer que sansles arts et le feu (c'est-à-dire sans la technique), l'homme est dans un état de dénuement total.

Comparativementaux animaux, il ne dispose en effet d'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin,pas d'agilité à la course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier la faiblesse de sacondition par l'usage d'outils et d'artifices divers.

La technique se donne par conséquent, d'abord, comme unenécessité vitale à laquelle nous devons notre survie et notre arrachement à la nature ainsi que notre spécificité.Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est pas seulement le vol qu'ilssanctionnent parce que celui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol : Prométhée a donné à l'homme lemoyen d'être une sorte de dieu lui-même, un rival inattendu.

Par le développement des arts et des techniques,l'homme dispose d'un pouvoir extraordinaire.

Alors, le cadeau est peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-ille maîtriser ? Ce à quoi il doit sa survie ne risque-t-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la techniqueest d'origine divine, elle procure un grand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contreceux qui ne sont pas conscients des dangers qu'elle engendre. B.

La violence. Obligés dès lors, par une contrainte naturelle, à vivre ensemble, les hommesne s'entendent pas pour autant: c'est selon l'expression de Hobbes, la«guerre de tous contre tous».

L'homme est farouche, insociable, et ce n'estqu'à contre coeur qu'il accepte de vivre avec ses semblables.

Il entendtoujours conserver par-devers lui une liberté qu'il refuse à ceux avec lesquelsil vit.

Une telle société, fondée sur des égoïsmes obligés bon gré mal gré à secôtoyer, à cohabiter les uns avec les autres, aboutit à la plus grandeinjustice possible, celle du prétendu droit du plus fort, critiquée par Rousseaudans le livre I du Contrat social: la communauté politique se réduit à ladomination des plus forts sur les plus faibles.

Il ne résulte aucun droit de toutcela, puisque cette société ne repose que sur des rapports de force et nonsur un pouvoir légitime.

Cette société mérite d'ailleurs à peine ce nom : ils'agit plutôt d'un agrégat de volontés disparates parvenant à demeurerassemblées tant bien que mal, unies par la crainte de maux encore plusgrands. Hobbes passe à juste titre pour l'inventeur du libéralisme politique et de l'idéemoderne de démocratie.

Il conçoit en effet la loi comme une règle extérieureaux actions individuelles, dont elle garantit simplement la sécurité, et fonde lepouvoir politique sur le droit de l'individu. 1.

L'état de nature A.

La guerre de tous contre tous Hobbes veut être le Galilée de la science politique, par l'application des principes de la physique à la société.

Il neconsidère que les forces en présence, portées par les individus.

L'état de nature – fiction théorique et nondescription historique – représente l'état des forces individuelles en l'absence de tout pouvoir politique.

Dans cet état, chaque individu poursuit sa conservation, poussé par trois passions fondamentales : la peur de lamort violente, la soif de pouvoir et la défiance à l'égard d'autrui (possible agresseur).

Pour assurer sa sécurité,chacun dispose d'un droit illimité sur toutes choses et tout homme.

C'est le droit de nature.

Tout est permis, jusqu'au meurtre.

L'état de nature, c'est la guerre.

Mais tous y sont égaux, car la force estinstable : celui qui domine aujourd'hui peut être surpassé demain par une alliance ou par une ruse.

Rien n'est sûr, lacrainte est générale. B.

Naissance de la raison et sortie de l'état de nature Mais l'homme, s'il est « un loup pour l'homme » (Léviathan), est un loup intelligent.

L'angoisse de la mort pousse leshommes à anticiper, à tout faire pour réduire le danger.

Elle est donc la racine de la raison : faculté de calculer,d'imaginer des moyens, de peser les risques, en vue d'une décision.

Cette rationalité pragmatique conduit l'homme à quitter l'insupportable état de guerre.

D'évidence, la cause en estle droit illimité de chacun.

Il faut donc y renoncer.

Mais cela n'est efficace que si tout le monde le fait.

Chacuns'engage donc par contrat avec chacun à renoncer à son droit naturel.

Pour garantir ce contrat (par la menace dela force), on désigne un tiers, le souverain, à qui l'exercice du droit est confié.

Ainsi le pouvoir politique, qui garantit la paix civile par la loi et le glaive, naît-il d'un acte volontaire, d'un contrat. »

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