L'intelligence est-elle la cause du malheur de l'homme ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
II.
L'intelligence peut néanmoins être considérée comme une cause première ou prochaine du malheur a.
L'intelligence, cause première du malheur de l'homme
Cependant, nous ne pouvons affirmer que l'intelligence est la cause du bonheur de l'homme, ce qui reviendrait àdénier au sujet toute pertinence.
Bien au contraire, nous pouvons nous demander si contrairement à ce que nousavons d'abord avancé, l'intelligence ne serait pas à l'inverse une cause du malheur de l'homme, une cause première.En effet, l'intelligence est cette faculté pratique de l'individu par laquelle il parvient, nous l'avons dit, à répondre àdes questions, à se rapporter aux êtres et aux choses qui l'entourent.
Nous pouvons considérer cette facultécomme une cause première du malheur de l'homme, dans la mesure où elle permet à ce dernier de s'apercevoir de sacondition, des finitudes de celle-ci.
C'est ainsi que Pascal rédige dans les Pensées des réflexions brillantes sur la condition humaine, conçu comme un « roseau pensant » : l'homme est cet individu misérable, dont l'intelligence estsuffisamment développée pour s'apercevoir de sa propre médiocrité, de son englobement par un univers infinimentvaste dont les lois sont vouées à échapper à son entendement limité.
Nous dirons donc que l'intelligence peut bel etbien être considérée comme une cause première du malheur de l'homme, dans la mesure où elle est à l'origine decette prise de conscience d'être une créature limitée susceptible d'engendrer chez lui un désespoir d'ordremétaphysique dont cette phrase de Pascal est la traduction : « le silence de ces espaces infinis m'effraie ».
b.
L'intelligence, cause prochaine du malheur de l'homme
Allant plus loin, nous pouvons également dire que l'intelligence est une cause prochaine du malheur de l'homme.
Eneffet, l'intelligence est cette faculté qui permet à l'individu de produire la vérité.
Par vérité, nous entendons lapropriété d'un discours qui prédique une propriété d'un sujet de prédication, de sorte que cette prédicationappartient réellement au sujet en question.
Cependant, le besoin de vérité est peut-être la cause du malheur del'homme.
Dans la première section de Par delà bien et mal, Nietzsche montre que le besoin de vérité fait partie desnombreux « préjugés des philosophes » :
« Qu'est-ce qui proprement en nous aspire à la « vérité » ? De fait, nous nous sommes longuement attardés ànous interroger sur la cause de ce vouloir- jusqu'à ce que finalement nous nous trouvions tout à fait en plandevant ne question encore plus fondamentale.
Nous nous interrogions sur la valeur de ce vouloir.
Etant admis quenous voulons le vrai, pourquoi pas plutôt le non-vrai ? Et l'incertitude ? Voire l'ignorance ? Le problème de la valeurde la vérité s'est dressé devant nous, - ou est-ce nous qui l'avons rencontré sur notre chemin ? ».
Le besoin de vérité n'est donc pas indispensable à notre existence : il se peut même que notre inconditionnellevalorisation de la vérité ne soit que le résultat d'un préjugé populaire, spiritualisé par la tradition philosophique.Prenons l'exemple d'Œdipe, dont le désir de vérité est la cause de son malheur, de sa découverte qu'il est l'assassinde son père et l'époux de sa mère.
Nous pouvons donc penser que le bonheur du roi de Thèbes eut été bien plusgrand s'il n'eut pas engagé son intelligence dans la recherche de la vérité, et ce fut contenté du pouvoir.
Parconséquent, nous dirons que l'intelligence peut être considérée comme une cause de malheur pour l'homme, dans lamesure où elle est l'instrument de découverte de la vérité dont le rôle est douteux dans l'obtention du bonheurhumain.
III. L'intelligence est le seul fondement stable du bonheur humain a.
Il n'y a pas de bonheur dans l'inconscience
Cependant, nous tiendrons dans ce dernier temps de notre travail que l'intelligence ne saurait être considéréecomme la cause du malheur, car une semblable thèse impliquerait que le bonheur consisterait dans l'inconscience, lerenoncement à la pensée.
« Si je pensais que le souverain bien fût la joie, je ne douterais point qu'on ne dût tâcher de se rendre joyeux, àquelque prix que ce pût être, et j'approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs dans le vain, ou lesétourdissent avec du pétun.
Mais je distingue entre le souverain bien qui consiste en l'exercice de la vertu, ou ce.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La liberté qu'a l'homme de penser avec sa raison cause-t-elle son bonheur ou son malheur ?
- L'homme est un être de désir, mais est ce vraiment la cause de son malheur?
- Dissertation : Le travail fait-il le malheur de l’Homme ?
- La conscience fait-elle le malheur de l'Homme
- La conscience et le malheur de l'homme